Qui est
Bossk ? Un quintet anglais de post-metal/sludge/atmospheric/rouleurs de joints originaire d'Ashford et visiblement fan de la saga Star Wars. Le groupe, formé en 2005, s'est forgé une certaine réputation outre-manche par l'intermédiaire de deux EP remarqués et de représentations live hypnotisantes, avant de splitter en 2008. Une tragédie pour beaucoup de jeunes lurons comme moi qui voyaient à travers
Bossk bien plus qu'un énième groupe lambda perdu dans les nuées du post-hardcore. Mais l'heure est venue de sécher ses larmes et de descendre les pintes de bière :
Bossk est de retour. Depuis février
2012, les gars d'Ashford se sont remis en selle. En attendant le nouvel opus en cours d'écriture, un morceau inédit a d'ores et déjà été distribué gratuitement sur le net et le groupe se prépare à enchaîner les tournées en 2013. L'occasion pour nous de revenir sur les anciennes sorties de la formation.
Le premier EP de
Bossk, intitulé .1, a vu le jour en 2006. Pour son entrée en matière, le groupe envoie du bois avec une superbe jaquette à la thématique végétale et deux titres (I et II) pour une durée totale d'environ 35 minutes. Premier constat : même pour un groupe du genre, les morceaux sont particulièrement longs. Dites vous que le titre "II" dépasse les 19 minutes à lui seul, ce qui est énorme. Mais passons sur les questions de durée et d'artwork, et plongeons sans plus attendre dans la mystérieuse mélopée que renferme ce disque.
On entre ici dans la partie délicate car il est toujours difficile d'exprimer clairement les émotions ressenties dans ce type de morceaux. Certains reprocheront à
Bossk une trop grande sobriété, mais pour ma part je trouve que cet aspect brut, simple, originel, fait en partie la force du groupe. Certaines compositions de post-hardcore et autres sous-genres atmosphériques ont tendance à me sortir par les yeux car les émotions y sont forcées, les mélodies surchargées. Ici ce n'est pas le cas, on est dans le vrai.
Bossk nous transmet une émotion pure, sans faux-semblant.
Les deux titres du disque, s'ils sont composés dans le même esprit, demeurent néanmoins très différents. Sur le premier, une longue complainte instrumentale, le quintet prend tout son temps pour développer une atmosphère douce et mélancolique sur laquelle va déferler tantôt des riffs à l'énergie brutale et primaire, tantôt des moments d'ataraxie générale où le groupe s'évade et adopte une dimension onirique. La forme en elle-même n'est peut être pas révolutionnaire mais "I" est une pièce unique, car l'émotion que le groupe y transmet est unique. Certains passages sont tellement beaux qu'on a l'impression de recevoir du chamallow dans les tympans. Parfois, au beau milieu d'un démêlé de distorsions, une mélodie nébuleuse et éphémère va ainsi éclore subtilement et venir bercer l'auditeur le temps d'un instant. Le tout gardant une cohérence et un équilibre indéniable.
Le second morceau, plus sombre, s'ouvre de manière lancinante, hypnotisante, à la limite de l'aliénation. "II" est en effet un titre magnétique, qui ne cesse de jouer sur les échos et la confusion avant d'évoluer irrémédiablement vers un riff puissant et infernal. Le groupe offre alors un répit, une sorte d'exaltation reposante, qui n'est là que pour entraîner, accompagner l'auditeur vers un nouveau déluge. Les guitares se laissent soudain aller à un flot spirituel, une saturation envoûtante, inébranlable, qui rappelle fortement un groupe comme
Tool. Et c'est sur ce riff sans fin que la partie vocale va s'immiscer pour la première et dernière fois. Un chant caverneux, bestial, mais aussi étrangement reposant. Ce schéma semble se poursuivre indéfiniment, jusqu'à ce que la musique s'éteigne progressivement dans un épilogue bruitiste, planant, qui laisse l'auditeur dans un état d'apaisement voire de somnolence.
Que dire donc de cet EP ? On a ici une oeuvre authentique. Les influences ne sont pas dissimulées, le groupe ne cherche pas à donner dans le surprenant, le révolutionnaire. Mais qu'importe, là n'est pas la clef. Chercher l'originalité dans la nouveauté est une preuve d'absence d'originalité. Mon sentiment à l'écoute de cet EP est d'être face à une oeuvre d'une sincérité bluffante.
Pas de mièvrerie, la formation d'Ashford nous balance une force brute, une nuée de notes immersive qui transporte l'auditeur et le renvoie à terre. Car l'une des forces de
Bossk est de garder une musique résolument organique, ce qui lui confère une authenticité remarquable.
17/20
SH4RK
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