Trepalium

Vendredi 15 juin 2012, premier jour du Hellfest à Clisson où nous avons retrouvé Trepalium après leur concert d’ouverture. Le groupe vient de sortir son 4ème album (sortie le 8 juin 2012) intitulé « HNP ». Ce groupe Poitevin suit le chemin de ses grands frères, Hacride et Klone (Yann Ligner étant invité sur le morceau « Sick Boogie Murder »). Dans la région, la musique est une histoire de famille puisque l’album est sorti via Klonosphère [ndlr : label de Guillaume Bernard, guitariste de Klone]. C’est Harun, guitariste du groupe et membre de Step In Fluid, qui nous accueille accompagné par Nicolas, second guitariste de Trepalium (rejoints en plein milieu par le bassiste Ludovic un brin farceur).

[Par Eternalis , retranscrit par GloryHoll]

interview Trepalium1 - Salut, tout d’abord comment s’est passé le concert, votre ressenti ?
Harun : C’était fun. On a fait l’ouverture du festival donc il y avait un petit stress. On avait aussi peur qu’il manque du monde dû aux problèmes d’entrée ; finalement c’était très plein direct. C’était loin d’être notre meilleur concert mais c’était l’événement à faire.



Nico : Il y a eu beaucoup de monde. On ne s’attendait pas spécialement à ça. Super accueil et très content d’avoir joué. Très bonne impression ! Très fier d’avoir ouvert pour le Hellfest.



2 -Quel bilan faites-vous de la période « XIII » ?
Harun : Avec du recul, je trouve ça très positif avec un petit bémol, on n’a pas réussi à s’exporter, en terme de tournée ; Ça c’est dommage. Sinon, l’accueil pour « XIII » a été excellent. J’ai dû relever une cinquantaine de chroniques, dont 90% étaient très enthousiastes. Notre fan base a vraiment évolué à partir de cet album. On a fait de supers concerts dont la tournée avec Gojira, 20 dates pour la sortie de l’album. C’est un beau bilan, très positif. On n’a pas eu l’occasion de faire de tournée à l’étranger, j’espère que la donne va changer avec « HNP », on verra bien.

3 - Comment avez-vous appréhendé la composition de « HNP » ? Quand avez-vous commencé à travailler dessus ?
Harun : A chaque fois que je finis un album, je pense déjà à une suite ; pas en terme de riffs concrets mais d’émotion. Du coup, ça s’est fait moins instinctivement que « XIII », composé en l’espace de deux mois brut où j’avais apporté environ 90% des compos. Là, c’était différent, on s’est vachement étalé. Je faisais part à mes collègues qu’il serait bien de faire un truc différent, pas que cette recette qu’on avait établi pour faire muter l’entité de Trepalium vers quelque chose de plus violent. Finalement, c’est une sorte de mix entre les émotions du premier album, du deuxième et du troisième. C’est une sorte de synthèse. Du coup, j’apporte le gros des idées mais Nico a apporté plus de riffs qu’avant. On a réussi à travailler différemment, plus en équipe. Et, Sylvain a aussi su apporter beaucoup plus d’éléments qu’avant, une manière de joué plus en nuance et tribal.



On a laissé faire le chant comme d’habitude. Kéké écrit ces textes, il arrive un mois avant le studio. On discute du concept, on essaye de voir les détails et en studio ça se finalise. On a été agréablement surpris du travail qu’il a fourni pour cet album. Pour Kéké, c’est assez surprenant, notamment au niveau de son grain de voix qui est plus ouvert et agressif, plus de nuances et de mélodies dans sa voix. La conception de l’album s’est pas mal étalée mais c’est un mal pour un bien. On a su prendre du recul et travailler en équipe. On n’a pas fait quelque chose que tout le monde attend, on n’a jamais fait du Trepalium pour ça. On espère que le prochain déroutera encore plus.



Nico : On a un peu plus intellectualisé le concept. Ça fait du bien aussi, c’est une autre façon de voir la musique.



Harun : Quand tu rentres dans les concepts déjà établi des albums précédents, tu te poses moins de questions, tu as déjà des recettes et des outils qui reviennent. Là, sur « HNP », comme dit Nico, c’est un peu plus intellectualisé et plus noir dans les idées, dans les paroles et dans les harmonies.



Nico : Sur les arrangements et la production, comme on a plus de temps pour les faire, on s’est plus pris la tête. Du coup, on a eu quasiment six mois pour poser les choses, au lieu d’un ou deux mois pour poser le visuel et la production.



4 - « HNP » signifie « Voici la paix » ou quelque chose de proche. Quel est le concept derrière ce nom d’album.
Harun : Non, ça veut dire « there is no peace » [ndlr : Ceci n’est pas la paix], c’est le contraire de « rest in peace ». Dans les paroles, c’est la fin d’un triptyque autour d’un personnage créé par Kéké depuis le deuxième album. Sur cet album, il est déjà mort. Ça traite de ce qu’il a laissé en termes d’idéologie et pas en tant que personne. Cet album est plus philosophique autour de ce que l’homme fait d’une idéologie. Ce n’est pas quelque chose de clair, comme en relig
interview Trepaliumion et en politique. L’un dit quelque chose mais l’autre l’interprète autrement. C’est la manière d’être de l’homme, c’est plus profond. C’est ce que l’homme fait d’une idéologie. Sur HNP, l’univers est chaotique, un monde à la « Mad Max », un mal être, une société en perdition. Ça ne serait surement pas les termes employés par Kéké mais c’est comme ça que moi je l’exprime.

5 - L’album a été produit par Thibault Chaumont. Comment s’est passé l’enregistrement pour aboutir à ce résultat ?
Nico : Déjà, c’est la première fois qu’on joue avec un métronome pour que cela soit plus propre. On a voulu faciliter le travail de l’ingénieur du son après la prise de son. Du coup, ça se ressent dans le son qui est plus tranchant. C’est ce qu’on voulait. On a aussi mis moins de guitare pour mieux entendre les notes et que ça soit plus claire, gros, éclatant



Harun : En fait, on a enregistré la reprise de Pantera en premier [Bonus track de HNP], quelques mois avant, avec Thibault Chaumont [ndrl : ingénieur du son live]. Le but était pour lui de voir comment il allait aborder la production. Et pour nous, c’était l’occasion de nous conforter dans notre choix de travail. Etant donné qu’il nous a suivi en live sur toute la tournée de « XIII », on a vu le boulot qu’il a fourni et c’était donc la personne qu’il nous fallait pour cet album. Il nous connait, il voit nos défauts et nos qualités. Son approche très moderne nous faisait quand même peur et on se disait que ça ne nous correspondrait peut-être pas, donc on a fait un titre d’essaie. Il a su nous faire un son super chaud, des riffs claquants, tout ce qu’il faut tout en étant moderne.



C’est effectivement organique mais il y a en même temps ce côté paradoxal, moderne et claquant, avec des côtés un peu aseptisés. Mais lui, il l’a fait avec un côté vivant et organique. [ndrl : soufflé par Nico] C’est la modernité dont on avait besoin pour ce quatrième album. Le reste s’est étalé sur quelques mois, avec un mois et demi de boulot effectif. Tout c’est bien passé. On a fait les batteries dans un théâtre à Chauvigny, pour l’acoustique de la salle, au clic. Le reste a été fait au studio de Thibaut, directement sur PC. Ensuite, il a fait le mixe et le mastering. Il s’est occupé de toute la production. On est vraiment content du résultat et si c’était à refaire, moi, je saute le pas. Il a aussi travaillé en tant que producteur, il a apporté des idées, notamment au niveau de la voix. Il a réussi à cerner Kéké, à le conseiller et à le pousser au meilleur de lui même. Pour les prises de voix, ils ont essayé quelque chose de nouveau ; ils se sont mis devant les enceintes de la table, là où Thibaut mixe, et Kéké a chanté le micro dans la main. Kéké pensait que le son ne serait pas propre et, finalement, on était étonné car ça a donné de la vie à l’ensemble (rires car il y a beaucoup de bruit autour de nous). Thibault a su apporter une vision nouvelle aux yeux de Kéké qui a su s’exprimer comme en live. Il hurle vraiment, c’est hardcore. Et ça, on en avait besoin, Thibaut a su le faire.



6 - Le côté boogie de votre musique est assez unique dans le metal. D’où viennent ces influences ?
Harun : Moi, dans le groupe, j’apporte le gros des thèmes. Pour répondre à ta question, j’écoute plus trop de son. Je fonctionne plus sur des clichés d’émotion. Genre un truc méchant, ça fait : TATA ta TA [ndlr : Harun fronce les sourcils pour avoir un air méchant]. Les codes du métal, on les a depuis des années. On n’a pas à y passer dix ans pour cerner une musique. Les riffs y sont comme ça. [ndlr : Ludo entre dans la salle d’interview] J’essaie plus de me fixer sur des émotions. Je vais chercher mes influences n’importent où, une musique qui va m’obséder ou autres, un riff que je vais transcender d’une autre manière.

7 - Vous préparez une tournée française Klonosphère (Hacride, Klone, Trepalium). Comment avez-vous réussi à mettre ça sur pied ?
Harun : Alors, nous on a rien fait. C’était une idée qui trainait depuis un petit bout de temps. On en parlait entre nous, au sein de la Klonosphère. Guillaume s’est vraiment penché sur la question lorsqu’il s’est proposé d’être notre manager. Il trouvait bien de synchroniser les sorties d’album et les 10 ans de la
interview Trepalium Klonosphère. A partir de là, Guillaume a travaillé avec son tourneur et le notre. Il a proposé des plateaux dans différentes salles. On est à 10 dates dans toute la France pour l’instant.

8 - Pourquoi avez-vous décidé de bosser avec Klonosphère pour HNP plutôt qu’avec Season of Mist ?
Harun : Au bout de quatre albums, tu vois les choses différemment, tu t’investis beaucoup et les labels à qui ont doit beaucoup s’investissent aussi. On n’aurait rien pu faire sans eux. Mais, on arrivait à un moment où on avait besoin de se gérer nous même dans notre fonctionnement. C’est important de pouvoir contrôler de A à Z. Quand tu vends un CD, c’est frustrant de savoir que plus des 3/4 des tunes reviennent au label. Donc, tu te dis que pour continuer, il faut fonctionner avec les labels en terme de distribution et le reste, on le fait parce qu’on sait faire. Du coup, Guillaume (Petite pause, gros bruit et fou-rire) nous a proposé un planning de travail qui nous a convaincu. Ça s’est fait assez naturellement.

9 - Au niveau de la sortie de l’album « HNP », vous avez prévu plusieurs packs, éditions avec live + album, tee-shirt, sweat, etc… Est-ce que vous pensez que faire ce genre de packs est important pour vendre des CD ?
Harun : Ça a toujours été important. Avant, on avait juste jamais eu cette démarche là.



Nico : C’est aussi, une sorte de souscription …



Harun : En effet, les gens qui s’investissent dans la production, qui soutiennent le groupe, ont des avantages que n’auront pas les personnes qui iront vers le groupe après. [ndlr : Nico dit des bêtises, Ludo veut échanger les rôles et nous interroger]



10 - Pour retourner dans le sujet, mise à part la tournée Klonosphère, est-ce que vous avez d’autres concerts de prévu ?
Harun : On ne fait que des festivals. On vient de faire le Hellfest. La semaine prochaine, on fait le festiv’été de Moutiers (Les Moutiers Sous Chantemerle, Deux-Sèvres), dont les genres sont assez variés, entre Rap, metal, punk, variété, rock, etc... On fait le Motocultor fest en août (Theix, Bretagne), le Rumble festival (Bordeaux, Gironde) en septembre, le Hell’Oween fest fin octobre (Saintes, Charente-Maritime). Sinon, on attend des réponses pour une tournée européenne mais je ne peux pas en dire plus. On espère tourner à l’étranger dans la période novembre-décembre-janvier. Ça sera l’occasion d’une nouvelle interview.

11- La production est plus organique et chaude sur « HNP » à l’inverse des atmosphères modernes qui se font aujourd’hui chez les groupes …
Ludo : On a voulu prendre les gens à contre pied (Rires). C’est notre « Black Album ».



Nico : Il a tout dit.



Harun : On a déjà plusieurs chroniques. Les retours sont très différents selon les médias. Certains m’ont dit le contraire de toi. Tout ce que je sais, c’est qu’on a su s’entourer pour la production et passer à autre chose. On a réussi à faire quelque chose de moderne, l’air de rien. Le son est particulièrement bien mixé sur cet album.



12 - Il n’y a pas le côté aseptisé de cette scène.
Harun : En fait, Thibault Chaumont, notre ingénieur du son en live, nous connait par cœur. Il sait comment on sonne même si on est passé par d’autres méthodes d’enregistrement, notamment avec le click ajouté à la batterie pour être plus rentre dedans. L’idée était de retranscrire ce qu’il vivait en live avec nous, ce côté chaud et vivant du groupe. On n’aurait pas obtenu le même résultat avec un autre producteur. C’est lui qu’il nous fallait et il a su nous le prouver.

13 - Qu’est-ce que vous faites, en dehors du groupe, quand vous ne faites pas de la musique ?
Nico : Des cours de guitare en école de musique, en association et chez les particuliers, souvent avec des jeunes.



Ludo : Je file des heures de colles dans un lycée agricole où je suis pion.



Harun : Moi, je donne des cours dans différentes structures. Sylvain, le batteur, a sa boîte d’élagage, il travaille dans le bucheronage. Et, Kéké fait divers missions d’intérim. On travaille à côté, on n’a pas le choix pour l’instant … (Soupir)



Interview done by Eternalis

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