1. Comment vous est venue l'idée de donner une suite à Addictions en restant dans le thème de la psychiatrie ?Renaud Hantson : Ha ça c’est sa question !
Laurent Karila : En fait j’avais envie de donner une suite à Addictions. J’avais l’idée et les textes que j’ai soumis à Renaud et voilà. J’aimais l’idée de traiter les maladies mentales de cette manière, ce qui me paraissait intéressant et qui n’avait jamais été fait avant.
2. N'est-ce pas difficile de chanter ces textes techniques d'un point de vue médical ?
Renaud : C’était pour moi le gros défi de cet album, faire sonner les textes de Laurent et tous ces termes médicaux pointus, ce charabia médical (rires). C’est aussi pour ça que je me suis permis certaines largesses en retouchant quelques passages comme sur « Obsession » avec le gimmick « mes tics et mes tocs » notamment. En plus de trouver la musique qui collait aux textes, ça a vraiment été quelque chose de complexe.
3. Justement, la musique de Psychiatric est plus complexe et dense, plus technique. Etait-ce volontaire en rapport avec ces textes et ce thème ?
Renaud : Je suis content que tu me fasses la remarque car oui complètement. On a de supers musiciens dans le groupe et on a vraiment essayé de composer une musique qui s’adaptait aux textes et à ce qu’ils racontaient. Donc inévitablement c’est tout de suite devenu plus technique, il y a plus de « fougue ».
4. Là où Addictions était autobiographique et thérapeutique, et donc introspectif, Psychiatric s’apparente plus à un manuel des maladies complexes de l’esprit. Pourquoi ce choix ?
Renaud : Tu veux dire pour moi, oui Addictions était thérapeutique. J’ai fini l’album en chialant. C’était ma vie dans les textes de Laurent. Alors que sur Psychiatric il n’y a rien qui me concerne personnellement. On a tous nos petites névroses bien sûr, tous quelques tocs, mais comme tu l’as dit l’album a vraiment été vu comme un manuel, une description de toutes ces maladies mentales.
5. Pour rester dans le thème de l'album, il y a une chanson qui s’appelle « Schizophrenic ». Toi-même tu es chanteur, batteur, tu joues de la pop en solo et du heavy metal avec tes groupes, tu chantes aussi bien en français qu'en anglais, tu as monté un festival et en plus tu écris.
Renaud : Ha tu veux savoir si je suis schizophrène (rires) ?! Non encore une fois rien de personnel dans ces textes. Et ni Pascal, ni Michaël, ni Olivier ne le sont non plus d’ailleurs. D’ailleurs tu te doutes bien que rien ne nous concerne dans ces textes, il n’y a au sein du groupe ni schizophrène, ni serial killer ou autre !
Laurent : Je ne suis pas schizophrène non plus d’ailleurs. Mais je trouvais intéressant de traiter de la schizophrénie. Ça n’a jamais vraiment été abordé dans le métal. James Hetfield (Metallica, ndlr) a traité le
sujet mais pas de la manière dont je l’ai fait.6. Tu vas fêter tes 50 ans fin mars lors de deux concerts exceptionnels. Est-ce que Satan Jokers sera de la partie ?
Renaud : Alors déjà je t’emmerde (rires) ! Non plus sérieusement, s’il y a bien quelque chose contre lequel on ne peut pas lutter c’est le vieillissement, malheureusement. Donc oui je vais atteindre le demi-siècle, ce qui est un bel exploit compte tenu de mes excès. Et pour fêter ça je vais donner deux concerts les 29 et 30 mars au Pacific Rock à Cergy. Alors les gens peuvent se dire que j’aurais pu choisir une salle parisienne de standing mais je m’en fous, je voulais faire ça en famille, entre amis, et les gens du Pacific sont mes amis. Et j’ai la salle pour moi, j’en fais ce que j’en veux. Il y aura tout un tas de stands qui me ressemblent, notamment un stand de tatouages, plein de trucs un peu barrés. Et à cette occasion, je ferai de gros sets revisitant toute ma carrière et donc oui Satan Jokers sera de la partie pour 3 chansons, tout comme Furious Zoo.
7. Tu émets de vives critiques sur tes pages internet et tu sembles vouloir t’éloigner du milieu hard rock et mettre Satan Jokers en sommeil.
Renaud : Il faut relativiser tout ce que je peux écrire. Il y a beaucoup de second degré et ce sont surtout des billets d’humeur plus que de vives critiques. C’est aussi un peu thérapeutique de sortir tout ça. Et je provoque volontairement pour faire réagir. Alors oui je m’en prends à certains « journalistes » ou autres mais c’est surtout parce que mon but a toujours été de servir la cause métal et je trouve que certains la desservent par leurs critiques. J’ai envie de leur dire : « mais les mecs vous bossez dans le milieu que vous êtes censés aimer et au lieu de ça vous le descendez par vos critiques ». Le milieu n’a malheureusement pas beaucoup évolué depuis les années 80 et c’est bien dommage. Moi je suis du genre « Peace & United » tu vois, utopique certainement. J’ai envie de montrer aux gens que le métal c’est un genre très bien. Et ces gens bas du front m’agacent au plus haut point et me désespèrent… Mais il y a un avenir pour Satan Jokers, en grande partie grâce à Laurent (Karila, ndlr) qui est vraiment le cinquième membre du groupe et qui nous pousse à continuer et il travaille déjà sur un Sex Opéra justement !
8. Renaud, tu viens de nous faire un superbe cadeau en réenregistrant des titres de Sortilège ainsi qu’en exhumant 2 titres totalement inédits. Quand est née cette idée ?
Renaud : Et bien il faut remonter à 2009. A ce moment-là nous avons enregistré 8 titres démos afin de démarcher des promoteurs. Cela nous a permis de donner 3 concerts dont le Keep It True en Allemagne. Et comme je n’aime pas que les choses trainent et restent comme ça, je me suis dit pourquoi ne pas les sortir. Au début je voulais le faire avec Christian mais tu sais il ne roule pas forcément sur l’or et en plus il est coach sportif et plus
vraiment dans le trip. Du coup j’ai voulu lui offrir la sortie qu’il méritait et j’ai produit cet album tout seul. Pas pour l’argent, pour Christian. Moi j’ai vendu assez de disque comme ça (rires). Je ne fais pas comme le fils de Goldman qui se fait des couilles en or avec les chansons de son père et des chanteurs qui ne savent pas chanter. Ils ont vendu 550 000 exemplaires de cette merde… Bref, pour en revenir à ta question ce fût vraiment cool de faire ce disque pour Christian.9. Tu as dit dans le Rock Hard de Janvier que le Hellfest vous avait fait une offre pour vous produire cette année. Pourquoi ça a capoté ?
Renaud : J’en veux tellement à Christian sur ce coup. Attention je l’aime comme un frangin mais là sur ce coup il m’en doit une. Effectivement le Hellfest nous a fait une superbe offre. Nous devions jouer à 18h et c’était génial. Avec Satan Jokers nous avions joué vers 14h tu vois le truc. Mais non Christian ne voulait pas. Surtout que je ne veux plus faire de batterie, ça aurait vraiment été la dernière fois que l’on m’aurait vu live en faire. Déjà sur l’album j’ai fait mon « Cozy Powell » en rentrant mes prises en 3h de temps. Mais même pour moi il n’a pas voulu, c’est vraiment fini, fini…
10. Pourquoi avoir choisi de remettre les mêmes titres live et studio ?
Renaud : Ahah bonne question. En fait le jour du Keep It True, Christian est allé s’échauffer dans un champ juste à côté et quand il est revenu il était tout irrité. Une putain d’allergie. Du coup nous avons choisi de ne prendre que les morceaux où il chantait bien. Sur les autres on le sentait à la peine dans les aigues ce qui ne serait pas arrivé sans cette putain d’allergie. Il se trouve que ce sont les mêmes titres que les démos mais dans un sens c’est normal. Par contre sur les deux autres concerts Christian a été impérial, je tiens à le préciser. Mais le plus drôle sur cette date, c’est que ma femme nous a filmés tout le long et qu’il y a plein d’anecdotes excellentes. Mais bon le budget étant ce qu’il est je ne pouvais pas non plus tout mettre dedans.
11. Sur cet album l’on découvre également deux titres d’un projet totalement inconnu, peux-tu nous en parler un peu.
Renaud : Comme je te le disais Christian est vraiment comme un frangin. Oui ces deux titres inédits au son serbo-croate sont l’unique témoignage de ce projet éphémère. A cette époque j’ai été contacté pour tenir le rôle phare dans « La Légende de Jimmy ». Difficile de dire non surtout que je sortais de « Starmania » et que c’était un timing parfait pour moi. Du coup ce n’est pas allé plus loin. Mais j’en garde un excellent souvenir. C’est comme ces deux titres de Furious Zoo que j’ai écrit en pensant à Christian. J’adore vraiment ce mec.
12. Un dernier mot
Renaud : Merci les gars pour vos questions, ça fait plaisir de voir des gens passionnés comme vous. Merci !!!!!
>
Interview done by Julien & Geoffrey











Tienes que ser miembro para poder añadir un comentario