Melechesh

Le 1er décembre dernier, Le Ferrailleur accueillait Melechesh pour l'unique date française du groupe en province, un évènement incontournable pour la nantaise et surtout l'amoureuse de Melechesh que je suis. Résultat : une double claque, entre un concert transcendant et un après-midi très instructif avec les membres du quartet. Talent, réalisme, simplicité, réflexion, recul, autant de caractéristiques qui font de nos hommes LE groupe incontournable de ces dernières années, et si vous ne me croyez pas, jetez donc une oreille sur Emissaries et Epigenesis.

interview MelecheshUne petite présentation pour commencer?
Bien sûr, je suis Ashmedi, chanteur, fondateur, compositeur et guitariste de Melechesh.





Melechesh qui donc, a sorti tout récemment un nouvel album, Epigenesis. Comment a-t-il été reçu ?
Très bien, d’ailleurs je vais commencer par parler de la presse. Les critiques ont été très bonnes un peu partout, on a été bien suivi avec des chroniques très positives, des premières places dans les playlists, donc c’était vraiment bien pour nous. Concernant le public, les auditeurs ayant une approche disons mature de Melechesh, ceux qui nous connaissent bien, ont tout de suite accroché à Epigenesis, même si c’est un album qui nécessite quelques écoutes pour bien le digérer. Les autres ont eu besoin d’un peu plus de temps du fait de sa complexité mais globalement la réaction a été bonne.

Et au niveau de la composition, tu t’en occupes seul ? ça se passe comment ?


Je suis tout le temps en recherche si je puis dire, et dès que j’ai un riff qui me vient en tête je fonce au studio pour l’expérimenter. La qualité des riffs est extrêmement importante pour moi, je ne veux que des très bons riffs pour nos morceaux. Et donc pour Epigenesis ça a commencé comme ça, après j’ai fait une sorte de démo avec la batterie en plus. Pour l’écriture on s’organise des petites sessions avec Moloch qui est aux Etats-Unis, parce qu’on s’inspire beaucoup mutuellement. Donc j’écris la majorité des textes, il en invente d’autres, mais pour la chanson « Epigenesis » par exemple, il fallait que tout le groupe soit ensemble parce que c’est impossible de faire une démo pour une chanson pareille, il nous faut un flux, quelque chose de vraiment intense.





Mais peut-on lire une continuité dans l’album, un fil rouge?


En fait, Melechesh a plusieurs grands themes, mais qui sont tous lies les uns aux autres. Déjà, il y a la mythologie mésopotamienne/sumérienne, mais en réalité nous ne répétons pas les textes tels qu’ils sont, il s’agit plutôt de mon interprétation, de mes croyances personnelles que je mêle à cette mythologie. Tout ceci combiné avec la théorie pseudo-scientifique des Anciens, c’est-à-dire le fait que les divinités antiques ne seraient en fait pas des dieux mais des êtres venant d’une autre planète. C’est une idée qui me plait beaucoup. Enfin, tous nos textes comportent une part de visions, d’hallucinations, et tout ceci mélangé donne Epigenesis. Ce n’est pas un concept-album mais il tourne quand même autour de grand thèmes.

Et que signifie “Epigenesis”?
C’est un mot qui a plusieurs interprétations, à la base il est utilisé en sciences, notamment en biologie, ça correspond au moment où la cellule se développe. On le retrouve aussi en géologie, dans la formation des rochers (ndr : rock en anglais), j’aime le double sens. Mais ce qui nous intéresse surtout dans « epigenesis », c’est sa signification de croissance constante et d’évolution de l’esprit pour atteindre l’apogée spirituelle, et en cela ça peut représenter aussi le groupe, même si nous n’avons pas encore atteint notre pic spirituel.

Et quand tu penses à tes débuts avec Melechesh, comment analyses-tu votre évolution? Quelle a été votre epigenesis en quelque sorte ?
Tu vois, on peut vraiment jouer avec cette idée d’epigenesis ! (rires) Nous sommes exactement là où nous voulons être, voilà une chose certaine. Le groupe n’a peut-être pas commencé avec les meilleurs musiciens, nous étions jeunes, très jeunes même, et nous voulions jouer du black metal mais déjà teinté de sonorités orientales. Nous avons depuis essayé de faire évoluer notre
interview Melechesh propre son, de réinventer ou d’inventer même ce que je pourrais appeler du black metal oriental moderne. Bien que ce ne soit pas non plus du black metal à proprement parler, ni même vraiment du metal extrême. Bref, ce que nous voulions avec cet album, c’est exprimer notre liberté et notre confiance, chaque morceau de l’album est très solide, il repose sur lui-même à l’image d’un pilier. Je crois également qu’émotionnellement, et surtout personnellement en tant qu’individus, du moins pour ma part, nous recherchons notre propre épanouissement, et le groupe tout entier suit cette dynamique.




Très bon esprit! A propos de la tournée “Awakening the Giants” maintenant, vous avez commencé hier soir à Paris, c’était comment ?

Oh c’était pas mal, on va dire que le public était diversifié, entre les fans de Tiamat, les nôtres, les autres. Mais on a pris du bon temps, surtout que c’était la première fois que nous jouions les nouvelles chansons. Enfin, pas exactement puisqu’on avait déjà interprété un des nouveaux titres avant la sortie de l’album, ou plutôt j’ai chanté « Ghouls of Nineveh » une fois au cours d’un festival en Suisse, mais pour nous c’était la première fois qu’on jouait vraiment les morceaux d’Epigenesis et c’était très intéressant pour un premier essai. D’autant plus que nous faisons cette petite tournée pour célébrer la sortie de l’album, donc ça nous permet de tester un peu les nouveaux titres avant la grosse tournée qui commence en janvier.

Et les nouveaux morceaux passent bien en live?


Le truc genial c’est qu’il y avait déjà des fans qui connaissaient les paroles, j’ai vraiment apprécié, c’était une bonne surprise! Et globalement la réaction était très positive, très enthousiaste.

Vous allez prévu la même setlist pour ce soir ?
Non, nous allons jouer plus de titres.

Du nouvel album ?
Nous en ferons deux de plus, et notamment « Epigenesis ». Nous voulons vraiment la tenter sur scène, même si ça va être très difficile, mais nous devons en profiter ce soir parce que nous aurons un maximum de temps en temps que tête d’affiche, donc c’est un morceau que nous ne jouerons que sur cette tournée. Je ne sais même pas encore ce que ça va donner, ce sera vraiment le premier essai ce soir. Je pense qu’on la jouera en milieu de set, pas à la fin puisqu’on terminera avec « Rebirth of the Nemesis », c’est vraiment une chanson parfaite pour clore le concert !

On a donc droit à une exclu ce soir! D’ailleurs vous ne faites que deux dates en France, vous avez prévu de revenir avec Nile début 2011 ?
Non, honnêtement je n’ai vu aucune date française, j’étais surpris aussi, surtout que nous adorons venir en France. Nous reviendrons peut-être pour les festivals.

Au Hellfest oui, ça serait bien !

Evidemment, jouer au Hellfest serait génial. Qu’ils nous appellent et on vient, c’est sûr !

Vous partez aux Etats-Unis et au Canada après les dates européennes, vous avez un bon public là-bas ?
C’est un marché différent, mais oui on est très populaire là-bas alors qu’on n’y a pas joué très souvent. Donc les quelques dates qu’on va y faire en mars vont être une bonne expérience pour nous. On a joué au Maryland Deathfest fin mai et notre musique a été très appréciée là-bas, on a été surpris par le nombre de spectateurs qui nous connaissaient. On avait choisi cette date comme un break pendant la période d’enregistrement d’Epigenesis.

D’accord. Maintenant à propos du groupe, la spiritualité dans vos textes et votre musique est
interview Melechesh-elle une référence ou un sentiment vrai ? (ndr : merci mosieur)
Tout est vrai, nous ressentons toutes ces choses, et si ce n’était pas le cas, nous ne pourrions pas composer comme nous le faisons. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que je n’ai pas de réponses absolues, personne ne devrait en avoir d’ailleurs puisque personne ne sait rien finalement. Donc j’ai beaucoup plus de questions que de réponses et toutes ces idées éclatent au travers de la musique.

Vous êtes également un groupe cosmopolite, considères-tu cela comme une force pour Melechesh ?
Je ne sais pas, disons que rien de ce que Melechesh a fait s’est révélé vraiment pratique jusqu’ici. Le groupe était éclaté entre Jérusalem et Bethléem, avant de partir pour les Pays-Bas, notre batteur était aux Etats-Unis, notre guitariste en France, nous répétions en Hollande, faisions l’enregistrement en Suède, et c’était comme ça tout le temps ! Des fois nous avons fait des répets au Canada, ou encore en France, ou aux Etats-Unis. Bref, c’est fou, et pourtant nous avons établi notre propre style, nous sommes le premier groupe de Jérusalem à avoir été signé, et même le premier groupe du Moyen-Orient excepté les Israéliens. Donc rien n’est pratique avec nous, je ne sais pas si c’est une force ou une faiblesse, je sais juste que c’est fou et que ça nous montre une chose : que le monde est petit et qu’il est notre terrain de jeu.

Et tu penses que vous inspirez les groupes de vos pays d’origine?

Je crois, oui je le pense vraiment, mais c’est sans compter sur la mauvaise communication qu’il y a là-bas à propos de qui nous sommes et ce que nous faisons. Des confusions du genre beaucoup de groupes arabes pensent que nous sommes Israéliens, et vice-versa, et évidemment tout ce petit monde s’arrête à notre supposée nationalité sans chercher plus loin, c’est tellement stupide ! D’autant plus que ce sont des gens qui s’autoproclament metalleux et rebelles et qui finalement sont juste conformistes, comme leurs grands-parents ou des hommes politiques. Parenthèse à part, oui je pense que nous inspirons des groupes, que plusieurs d’entre eux cherchent véritablement à sonner comme nous, c’est plutôt flatteur en fait.





Donc vous avez globalement des bons retours dans ces pays-là ?


Oui, bien sûr, mais nos plus gros marchés restent quand même l’Europe et les Etats-Unis, et de loin. Tout ce passe sur ces deux scènes, c’est là que se développent la majorité des groupes, tout simplement.

Et tu penses quoi de ces scènes aujourd’hui, surtout concernant le metal extrême ?


Je ne sais pas, je n’écoute pas vraiment ce genre de groupes en profondeur. J’aime tellement de styles de musique, du rock psyché des 70’s à la musique indienne en passant par le hard rock, le trash, le jazz, le blues… Mais, j’adore aussi écouter du metal extrême, à la condition qu’il soit très bon et surtout pas une copie, c’est devenu tellement courant de recopier la formule magique d’un groupe qui a marché, moi j’aime les groupes qui créent leur propre musique.

Tout à fait d’accord. C’est la fin de l’interview, peux-tu juste me dire ce que signifie pour toi « Spirit of Metal » ?
C’est la jeunesse éternelle, l’énergie et le non-conformisme. Malheureusement ce n’est pas le cas dans la vraie vie parce que dans le metal il y a tellement de conformistes, « Nous sommes spéciaux, nous jouons du metal », finalement tous ces conservateurs n’ont rien de spécial et se coulent dans le moule. Mais dans l’idéal, le metal c’est une grande réunion que rejoignent les gens de toutes les tailles, formes, professions, sans distinction, au nom de la musique.

Interview done by Gyroscope

2 Commntarios

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Fonghuet - 08 Diciembre 2010: Très bonne interview, bien enrichissante. C'est plaisant de voir que c'est pas un groupe neuneu qui se contente du minimum. Et ouais, leurs riffs sont puissants!
Silent_Flight - 12 Diciembre 2010: Vraiment sympathique cette approche de ce groupe génial, il faut dire.
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