Les plus anciens métalleux qui lisent ces pages (ça va, c’est pas écrit trop petit !) se souviendront aisément de la glorieuse époque du heavy-metal made in France. Les années 80 où Adx, Blasphème, Sortilège, Warning, High Power, H-Bomb, Killers (j’en passe et des meilleurs, la liste serait trop longue) déversaient des flots de décibels à en féler des générations de tympans, s’attirant les faveurs d’un public qui dévorait tous les mois des mags tels Enfer ou Metal Attack. Bon j’arrête ma crise de vieux con nostalgique car cette noble flamme est loin d’être éteinte. Et même s’ils se défendent de reprendre le flambeau de leurs glorieux ainés, les picards Malédiction perpétuent cette tradition grace à notamment deux excellents albums dont je vous recommande expressément le petit dernier, le sublime "Esclave du Vice". Voici d’ailleurs une interview avec leur guitariste Mathieu Poulain en juin 2004.
>Salut, tu pourrais nous présenter Malediction grâce
à un historique du groupe ?
Ok, alors Malédiction est un groupe de heavy-metal qui existe depuis
1997, il se compose à cette période de : Sylvain Mollard au chant
et à la guitare, Mathieu Poulain (moi-même) à la guitare,
Olivier Messaoui à la basse et de Nicolas Mollard à la batterie.
On peut qualifier notre musique comme étant du heavy-metal chanté
en français. Notre premier album "Condamnés" est sorti
en juin 2001 (distribué par Brennus) et nous a permis de nous faire un
petit nom sur la scène metal nationale. Nous avons réalisé
les premières parties de Saxon, Edguy et avons participé à
plusieurs festivals comme celui de Vouziers, Hirson, Beast in Bresse et d’autres
encore. Nous venons de sortir notre deuxième album "Esclave du Vice"
en janvier 2004, cette fois, distribué par Wagram et signé chez
Nts. En février 2004, nous sommes partis en tournée française
avec Adagio et Manigance pour défendre cet album et montrer qui est Malédiction.
A l’heure d’aujourd’hui, nous avons encore d’autres
projets pour le groupe comme continuer les concerts, ressortir le premier album
et travailler sur un troisième.
>Vous qui n’avez pas connu la vague heavy-metal française
des années 80, qu’est qui vous a motivé à suivre
les traces d’Adx, Blasphème et Sortilège ?
Tu ne te trompes pas, nous n’avons pas vécu l’époque
des Adx, Warning et Trust, même si nous connaissons leurs albums et respectons
leur carrière. Le choix de chanter en français est venu par hasard.
Il nous semblait, à nos débuts, qu’il serait intéressant
de sonner différent en choisissant cette langue. Après, tout le
monde nous a comparé à Sortilège et Blasphême, alors
que nos influences sont purement anglo-saxonnes comme Judas Priest, Megadeth
ou Crimson Glory. Si nous devions suivre les traces de certains groupes , ce
serait ceux-là !
>Quel que soit le style de métal, on assiste à un
retour timide de la langue française chantée. Personnellement,
qu’est ce qui vous a poussé à utiliser le français
plutôt que l’anglais ?
Comme je te le disais, on trouvait ça intéressant pour le côté
original du français. C’est un choix difficile car cela nous ferme
certainement beaucoup de portes pour toucher un public plus large, mais nous
faisons ce que nous voulons, et ce que nous souhaitons, c’est sonner différent
de tous ces groupes actuels qui se pompent les uns sur les autres. En plus,
le français t’oblige à soigner tes paroles et ne pas prendre
le public pour des débiles avec des conneries dissimulées par
l’anglais.
>Peut-on y voir une visée en terme de reconnaissance uniquement
hexagonale ?
Non, nous ne cherchons à jouer pour un certain public. Apparemment, notre
musique est appréci&eac
>Comment s’est déroulé la prise de contact avec
Nts ?
Très progressive. Nous savions que notre parcours intéressait
Nts et qu’ils voulaient écouter les nouveaux morceaux. Nous leur
avons donc proposé une maquette de 4 titres comme à d’autres
labels français d’ailleurs afin d’avoir le plus de choix
possible C’est après maintes négociations, que nous avons
décidé de signer chez eux, pour les moyens promotionnels qu’ils
nous proposaient. Pour le moment, ça se passe bien, cela nous a permis
de toucher un plus grand nombre de fans de metal avec ce deuxième album
et nous projetons de ressortir le premier album chez eux.
>Tu peux nous parler de la conception du dernier album "Esclave
du Vice" ? Comment avez-vous procédé lorsqu’il a fallu
composer le nouveau matériel ?
Comme pour le premier album, nous avons pris notre temps ! Sylvain est le principal
compositeur dans le groupe, il écrit presque toute la musique et les
lignes de chant, et moi, de mon côté, je m’occupe des paroles.
Après un gros travail personnel, nous travaillons les morceaux en répétition
et dans notre studio où nous pouvons améliorer les structures
et peaufiner les arrangements. Depuis "Condamnés", nous souhaitions
durcir notre musique, aborder des thèmes plus personnels et plus torturés,
nous nous sommes davantage tourner vers nos plus grosses influences metal telles
Judas Priest et Megadeth.
>La production, à la fois puissante et limpide, est vraiment
excellente. Qui s’en est chargée ? Où l’avez-vous
enregistré ?
Contrairement à la première fois, nous avons décidé
de segmenter la réalisation de ce nouvel album, pour des raisons financières
et artistiques. Avec les ventes du premier album, nous avons investi dans du
matériel de qualité, et avons construit notre propre studio à
Laon. Cela allait nous permettre d’enregistrer les guitares, le chant
et les arrangements du futur album. Nous avons, donc, réalisé
un basse/batterie en studio car nous n’avions pas encore l’expérience
et le matériel suffisant pour le faire nous-mêmes. Puis, nous avons
fait le reste des prises de son chez nous pour, finalement, allez mixer chez
Fred Rochette (de Fifty Ones). Cette méthode, bien que plus complexe,
nous a permis d’obtenir un super résultat et de nous coûter
moins cher que pour le premier album (où nous avions enregistré
en studio pendant 14 jours non stop !). Malédiction reste producteur
de ses albums, depuis le début, Nts ne s’occupe que de la commercialisation
et de la promotion.
>"Esclave du Vice" est sorti depuis quelques mois déjà.
Avec le recul nécessaire, y a-t-il des choses que tu aurais aimé
avoir modifiées ?
Non, nous sommes pleinement satisfaits de la production et de la composition
de ce nouvel album. S’il y avait, une seule erreur à ne pas refaire,
c’est le choix du studio chargé de l’enregistrement du basse-batterie,
c’est tout. Le reste, nous sommes heureux d’avoir travaillé
avec Fred Rochette avec qui nous allons continuer l’aventure et Thierry
Demarez pour sa superbe pochette. Je pense que nous allons gardé cette
méthode d’enregistrement tout en cherchant à l’améliorer.
>Comme Adx, vous semblez intéressés par les thèmes
qui touchent à l’histoire et au sexe. Comment écrivez-vous
ces textes ? Etes-vous passionnés d’histoire ? D’où
vous viennent les idées?
Sur "Condamnés", les paroles étaient écrites
par Maud, une proche du groupe. Depuis, nous nous sommes u
>La pochette de votre premier album était bien pourrie, contrairement
à la nouvelle qui est plus réussie (c’était pas difficile,
ahah). Qui s’en est chargé ? Quelle est l’idée derrière
ce titre "Esclave du Vice" ?
C’est Thierry Demarez qui nous a réalisé cette superbe peinture,
il s’agit d’ailleurs d’une œuvre originale. Il a notamment,
conçu la pochette du dernier Yyrkoon (Dying Sun). Nous cherchions quelque
chose de plus abstrait que notre première pochette qui, finalement, ne
laissait pas vraiment libre cours à l’imagination de chacun. Celle-ci
est atemporel et symbolise bien le titre "Esclave du Vice". Son côté
torturé nous plait beaucoup.
>Il est clair que jouer du pur heavy-metal et chanter en français
n’est pas le plus court chemin pour connaître la reconnaissance
en 2004, et le confort financier qui peut en découler. Que faîtes-vous
à coté de Malediction pour subvenir à vos besoins ?
Pour le moment, les ventes d’albums et les concerts ne nous permettent
pas de vivre correctement avec Malédiction. Donc, nous cherchons à
multiplier les activités en faisant de petits boulots, en bossant en
studio avec d’autres groupes ou encore en montant un groupe de reprises
seventies acoustiques.
>Vous êtes, je crois, originaires de Picardie. Quels sont
vos rapports avec vos voisins immédiats Carnival In Coal, Yyrkoon, Dsk…
etc ?
Nous avons eu, récemment, l’occasion de bosser avec Arnaud, le
chanteur de Carnival In Coal pour l’enregistrement du prochain Burgul
Torkhain, très sympa. Nous connaissons Yyrkoon depuis quelques temps,
déjà. Nous avons eu l’occasion de partager l’affiche
une paire de fois ensemble et de boire des bières. Généralement,
nous entretenons de bonnes relations avec nos voisins comme Thorgen, Kryzalid
et d’autres. On a toujours été cool avec ceux qui sont cool
avec nous ! (mêmes avec les autres d’ailleurs).
>Au niveau des concerts, quels sont vos projets pour les mois qui
suivent ?
Nous avons trois festivals sympas à la rentrée 2004 : le festival
de Raismes (12 septembre), le festival Beast in Bresse (9 octobre) et le festival
de Vouziers (30 octobre) .Nous cherchons également des opportunités
de concert à l’étranger, en ce moment, mais rien n’est
confirmé.
>Merci à toi, je te laisse le mot de la fin.
Merci à toi et à ton équipe, cette interview nous permet
de nous exprimer après la sortie du nouvel album et de notre récente
tournée française. Pour plus d’infos, le site de Malédiction
vous est grand ouvert : les photos et les critiques de notre tournée
française y sont disponibles ! N’hésitez pas à nous
laisser vos impressions sur "Esclave du Vice", en espérant
qu’elles seront bonnes ! A très bientôt en live. Salut.
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