Hellfest 2025 - Samedi

the Saturday 21 June 2025, Clisson

Je me sens bien en forme ce matin, ce qui me conforte dans les bénéfices de savoir gérer ses efforts et les temps faibles dans le marathon qu'est une journée de Hellfest, et comme d'habitude, celle du samedi est la plus consistante du festival. Le ciel est un peu menaçant, et je décide de troquer, on est jamais trop prudent, mes confortables baskets contre des chaussures de rando à l'épreuve de la pluie, de la boue, ou d'une pinte de bière... [JeanEdernDesecrator]  

Enfin des nuages. Quelques degrés en moins et une journée sous le signe du prog de mon côté. Si l’atmosphère reste étouffante, je profite également de cette journée pour faire le tour de l’Extreme Market et des petites emplettes en tous genres (des livres, vinyles, cds etc …).

S’il y a bien une infrastructure qui n’a pas changé avec les années, ce sont bien les tentes du merch qui sont irrespirables avec cette chaleur (respect éternel pour les exposants qui bossent ici de 10h à 23h) et toujours aucun moyen d’améliorer leur confort (à part quelques ventilateurs inutiles). A l’instar des tentes presse, sans aucun système pour ventiler l’air, le Hellfest préfère annuler des conférences de presse pour cause de chaleur que changer ces tentes géantes qui de toute façon piègent la chaleur. Maintenant que de nombreuses installations sont pérennes, il s’agit, à mon sens, du prochain gros chantier du festival.  En attendant, place à la musique ! [Eternalis]



Vestige (FRA-2)

Il fallait se lever de bonne heure pour aller voir les français sous la Altar ce samedi mais le public massé était déjà bien dense, malgré l’heure très précoce. 

Déjà vu il y a quelques mois à Poitiers en ouverture de Klone, c’est désormais en connaissant le groupe que je les vois et la claque n’en est que plus grande. Que ce soit sur le magnifique “Automne”, le technique et syncopé “Océan” ou encore le nouveau morceau “Envy” qui défonce littéralement tout, le metal progressif entre extrême et passage éthéré façon shoegaze, à la Hypno5e rencontrant Alcest, fait mouche à tous les niveaux. 

Le son est propre, les musiciens sont concernés, l’intensité émotionnelle est impressionnante et on sent un potentiel de dingue couler dans les veines du quatuor. 

Un parfait show introducteur et une probable découverte pour de nombreux festivaliers. Une sublime porte d’entrée.

[Eternalis]

 

LUCIE SUE

A onze heures du samedi matin sur la Mainstage 1, Lucie Sue à ouvert le bal avec la Flying V en bandoulière. La bordelaise, qui avait déjà foulé la grande scène avec Steel Panther pour un morceau il y a trois ans, revient ici en son nom, et en quatuor, avec un rock/hard entre disons Garbage et Aerosmith qui a le bon goût d'être extrêmement accrocheur. Lucie a une voix vorace et gouialleuse, et envoie du steak sans complexe. Je la connaissais plus rock sur son album "To Sing in French", dont je n'ai reconnu que le titre éponyme, ici, et il y a bien trois morceaux inconnus au bataillon,... à venir sur un prochain LP ? Les singles "Battlestation", "Reckless", "Bachat Bouloud", et surtout le très enlevé "Ride the Wired Wild Tiger" ont une tonalité bien plus métallique que par le passé, en dépit d'un titre ou deux empreints de mélancolie au milieu du set, avant de repartir de plus belle.

Ajoutez à cela un sens de l'humour qui tâche pour faire rigoler un peu entre les morceaux, et ça donne un set compact et jouissif parfait pour se remettre en forme après une nuit trop courte.

Après avoir fait les photos de Majestica pour mon binôme Eternalis, et constatant que mon hermétisme au power metal n'a pas eu d'exception, je me dirige d'emblée vers la Valley pour le prochain concert : Mars Red Sky. Je profite de quelques minutes de répit pour finaliser mes questions pour les interviews de demain. Mais le temps passe vite, et il est déjà l'heure de se poster au Pit Photo en attendant le top départ, appareil prêt à faire feu.

[JeanEdernDesecrator]

Majestica

Comme tous les ans, le power metal n’étant pas énormément représenté, et souvent aligné en début de journée, c’est presque naturellement qu’une petite foule enthousiaste s’entasse devant la Mainstage même s’il n’est pas encore midi (les allergiques restent encore au bar ahah). 

La bande de l’ancien Sabaton Tommy Johansson a une jolie popularité même si on ne peut nier que le groupe sonne beaucoup trop comme ce que ne fera plus jamais Sonata Arctica ou Stratovarius. C’est évident dès “Power Train”, où Tommy joue comme Tolkki et chante comme un Kakko de la grande heure. 

Le son est un peu brouillon pour une musique si fine mais les musiciens sont concernés et satisfait d’être là. Le groupe joue paradoxalement plus de titres de son premier excellent “Above the Sky” que du dernier même si je reproche néanmoins un trop grand manque de personnalité. Tommy semble souvent sur la corde vocalement, notamment quand il pousse dans les aigues, et son jeu de guitare très fluide est aussi exigent pour assurer les deux avec une totale maitrise. 

Un moment sympa, qui ne changera pas le petit monde du power metal. 

[Eternalis]

Setlist

  1. Power Train

  2. Night Call Girl

  3. Rising Tide

  4. No Pain, No Gain

  5. Above the Sky

  6. Metal United 

Mars Red Sky

Le trio arrive sur scène presque sur la pointe des pieds, sous les applaudissements. Son stoner contemplatif et éthéré dans un brouillard de basses et de fuzz fait tournoyer ses riffs gras comme de lentes météorites à l'orbite chaotique, à l'image du superbe "Maps of Inferno", dont le cycle irrégulier crée des décalages qui le rendent encore plus hypnotique. Julien Pras, l'homme à la casquette , pose sur ses parties de guitare une voix frêle, presque dépassée par le grondement magmatique de la guitare et de la basse. La lourdeur des rythmiques et d'une basse qui me rappelle celle de feu Cliff Burton de Metallica, surtout quand il fait un solo barré de gliclées de wah wah sur "Collector".

 

 

Il y a un contraste entre la profonde mélancolie des compositions de Mars Red Sky, et les petites phrases lâchées par le bassiste Jimmy Kinast avec un sourire entre les morceaux : "Nous sommes les messagers de l'enfer, une pluie de météorites va s'abattre sur Clisson demain ", "On est contents de jouer enfin aux Vieilles Charrues".

Les ambiances sont tissées avec une douceur intense, dans les notes imprévisibles de guitare crunch ou claire de Julien, et cela n'empêche pas le groupe d'aplatir le chaland  lorsqu'il s'intensifie brutalement.

 

On approche bientôt de la fin, et sur "The Final Round", Mathieu Gazeau cueille les endormis à la batterie en passant une brusque démultipliée pour un d-beat appuyé.

Avec un son qui à vite été très bon et rempli à souhait, Mars Red Sky a envoûté la Valley tout en douceur avec son stoner planant, … et écrasant.

 

Setlist 

-Collector

-Alien Grounds/Apex III

-The Light Beyond

-Maps of Inferno

-The Final Round

-Into the Mars Red Sound

En repartant de la Valley, ayant un trou jusqu'à Freak Kitchen, je pense d'abord aller côté Hellcity faire un tour... sauf que je m'aperçois que le Sanctuary, d'habitude doté de queues de cent cinquante mètres, a des files d'attente absolument ridicules. Je saute sur l'occasion ! Moi qui avait fait une croix sur le merch officiel, je change de plans et préviens Eternalis de l'aubaine. A l'intérieur, ça ressemble à un musée avec des vitrines où sont exposés les articles, avec à l'entrée une feuille où sont mises à jour les tailles restantes pour les t-shirts, bien vu ! Ce qui laisse le temps de faire son choix, pendant le dernier quart d'heure de queue. Mission réussie, j'ai enfin mes t-shirts officiels du Hellfest !

[JeanEdernDesecrator]

Freak Kitchen

Ça fait longtemps que j'entends parler de Freak Kitchen, et ce n'est que récemment que je me suis penché sur leur cas.  Leur dernier album "Everyone Gets Bloody" est sorti il y a peu, et après avoir écumé quelques fiefs hexagonaux début mars, Freak Kitchen revient mettre le coup de grâce sur la Mainstage 2 ! Le trio autrefois expérimental perverti de funk et de jazz, a simplifié grandement son metal, et pourrait être décrit comme un Pantera rigolard et positif mais avec une guitare huit cordes bien lourde.

On commence par du gros riff simple, groovy et rentre dedans avec "Everyone Gets Bloody", et en fait ça va se poursuivre comme ça sur la plupart des titres. Une recette simple et efficace, mais bien loin de ce qu'ils faisaient à leurs débuts : la preuve avec le déjanté et jouissif "Porn Daddy", rare exception à la règle aujourd'hui.

Sur l'écran géant, on a pu avoir de gros zooms sur les frettes non rectilignes de la guitare 8 cordes Freak Guitar Labs de Mathias (c'est sa propre marque), une curiosité. Mathias IA Ekhlundh (guitare, chant)a un sacré bagage technique, mais n'en fait pas étalage, sinon sur quelques soli courts et quelques breaks accidentés.

Puisqu'on est là pour rigoler, on a droit à une petite leçon de suédois pour les Nuls lorsque Matthias fait patiemment répéter "Så Kan Det Gå När Inte Haspen Här Pa", avant d'entonner le morceau. Le bassiste Christer Örtefors a pris le micro sur la chanson "Razor Flowers" et a pu lui aussi faire participer le public qui avait spontanément repris le refrain. Finalement, le crédo de Freak Kitchen c'est ça : trio. suédois. Fun. groove. Metal.

 

Freak Kitchen :

-Everyone Gets Bloody

-Morons

-Speak When Spoken To

-Porno Daddy

-Så Kan Det Gå När Inte Haspen Här Pa

-Troll

-Freak Of the Week
-Razor Flowers

-Propaganda Pie

[JeanEdernDesecrator]

Visions Of Atlantis

Hésitation entre VOA et Persefone (que j’ai déjà vu une précédente) édition donc je me laisse tenter par le groupe autrichien mené par un italien et la française Clémentine Delaunay. 

Grosse ambiance, gros décors (bateau pirate évidemment), chapeau tricorne, pyrotechnie … le groupe se donne les moyens de faire forte impression et il faut bien avouer que son metal symphonique, plutôt passe-partout sur album, prend une dimension beaucoup plus puissante et imposante en live. Les deux vocalistes se partagent parfaitement la scène en jouant avec le public (ce moment énorme où Michele, le chanteur, fait s'asseoir une foule immense pour les faire “ramer” comme les galériens et qu’elle répond en le faisant) et les titres font mouche. Mention spéciale à “Hellfire” et ses flammes millimétrées sur le “Fire” du refrain pour donner un énorme coup de chaud à ceux étant proche de la scène. “Armada”, du dernier album, clôture dans une belle émotion un concert très sympathique, pleine d’envie et de fougue, d’un groupe sans cesse remodelé et aux multiples vies, qui semble avoir trouvé sa meilleure formule. C’est tout ce qu’on leur souhaite !

 

Setlist

  1. Master the Hurricane

  2. Clocks

  3. Legion of the Seas

  4. Tonight I’m Alive

  5. Hellfire

  6. Pirates Will Return

  7. Melancholy Angel

  8. Armada

[Eternalis]

Beyond The Black

Après VOA, un autre groupe à chanteuse foule les planches avec les allemands de Beyond the Black. Moins symphonique, plus moderne, sans être du metalcore, BTB s’inscrit néanmoins dans une mouvance beaucoup plus actuelle et ça se ressent dans ces riffs bien plus lourds et une section rythmique assez rigide. 

La vocaliste possède une belle voix, très mélodique (le guitariste assurant quelques growls) mais l’ensemble ne décolle pas vraiment et, une fois de plus, je me demande l’avenir de cette scène quand je vois tous ces groupes interchangeables qui permettent difficilement de se différencier les uns des autres. Les morceaux s'enchaînent, sans grande émotion, et ne justifient pas à mon sens l’essor qu’a pris le groupe sur ces derniers disques. Déçu dans l’ensemble. 

[Eternalis]

Black Country Communion

18h30 un peu avant l'apéro doit être l'heure du vieux hard à la papa sur la Mainstage 1. Hier c'était The Cult et aujourd'hui on a Black Country Communion, une réunion, c'est le cas de le dire, de grosses pointures des années 80-90, plus le "jeune" guitariste de haut vol, Joe Bonamassa. On pourrait être circonspect, les supergroupes étant souvent malheureusement inférieurs à la somme de leurs parties, mais il y en a un qui ferait bien exception à la règle, à savoir les anglo-américains de Black Country Communion. Rassemblant quatre grands noms tels que Joe Bonamassa, Glenn Hugues (Trapeze, Deep Purple), Jason Bonham (Reformation de Led Zeppelin) et Derek Sherinian (Dream Theater, Sons Of Appolo), le combo tient la baraque d'un hard rock racé et richement millésimé à la sauce seventies/nineties. C'est on ne peut plus classique et Zeppelinien, et parfois lourd comme du Soundgarden.

Je trouve que la force de ce groupe réside dans ses compositions chiadées, et coup de pot, ils ont joué celles que je préférais (Aaah "The Outsider", son riff moteur irrésistible et ses joutes de soli endiablés, et ce "Red Sun" qui sonne lourd comme du Audioslave). C'est peu de dire qu'elles sont magnifiquement interprétées, si ce n'est que Glenn Hugues ressemble un peu à ma Tata Odette au réveil (paix à son âme), et qu'il m'a semblé un peu court lorsqu'il pousse vocalement. Et même lorsqu'il ne pousse pas, il n'est plus tout jeune. Je confesse m'être surtout concentré sur les instruments, en mettant mentalement le chant en arrière, et ça l'a fait gentiment. Si le groupe a eu un peu de mal à emporter la foule au début -les slammers ont dû aller faire une sieste-  ça joue tellement bien (oh le solo de claviers de Sheridan à la fin de "Wanderlust" !) que l'ambiance est montée graduellement.

Jason Bonham ne joue pas comme son terrible et légendaire père, même s'il y a quelques similitudes, parfois. Il fait aussi quelques chœurs avec son micro casque, parfois un peu fort quand il part en free style sur "Stay Free". Joe Bonamassa, qui a ajouté une nouvelle casquette à sa collection (Hellfest!), fait toujours dans la sobriété coté expression(s), mais c'est quand on regarde ce qu'il fait avec ses doigts sur un manche qu'on hallucine (j'ai bloqué littéralement alors que je le prenais en photo dans le pit, m'écartant du viseur pour regarder). 

Un concert d'un classicisme vintage pour Black Country Communion, un peu gentillet au début et pâtissant de la voix d'un Glenn Hugues en délicatesse avec ses si exigeantes lignes de chant, mais qui, avec un son montant en puissance faisait vraiment plaisir à entendre, en hochant franchement la tête. Plus que The Cult la veille, par exemple.

 

Setlist 

Sway

One Last Soul

Wanderlust

The Outsider

Red Sun

Save Me

The Crow

Stay Free
Black Country

[JeanEdernDesecrator]

 

SatchVai

Impossible de rater ça, de voir ces deux monstres de la guitare sur une même scène pour moi qui n’avait jamais vu ni l’un ni l’autre. 

Quand le professeur de nombreux guitar hero (Mister Satriani) s’associe à son ami et meilleur élève (grandiose Vai), on sait qu’on va passer un moment entre feeling, folie technique mais aussi une sensation d’accessibilité qui manque à tous ces jeunes groupes instrumentaux qui se révèlent trop souvent ennuyeux et scolaires (qui a dit Polyphia ?). 

Outre les trois morceaux qu’ils ont écrit ensemble pour ce projet (dont le très beau “The Sea of Emotions”), les deux compères jouent chacun leur tour des titres de leur répertoire, seul ou à deux, en se lançant mutuellement des fleurs et en prenant un évident plaisir à intervenir sur les titres de l’autre. 

Joe pète la classe avec son Ibanez doré et son ensemble jean/Doc comme s’il avait 30 ans de moins (l’homme qui n’avait pas d’âge) pendant que Vai, plus spectaculaire, joue aussi sur ses Universe 7 cordes, son cable (oui, Mr joue en filaire) vert fluo et surtout, surtout … la fameuse “Hydra” pour le démentiel “Teeth of the Hydra” qu’il reproduit exactement comme dans le clip. Même un monstre comme Vai semble concentré à l’extrême sur ce titre, le guitariste jouant quand même simultanément de quatre instruments en même temps ! (!!). A côté de cela, le Satch va enchaîner des classiques comme “Surfing with the Alien”, “Satch Boogie” ou “Always with Me, Always with You”. Le récent “Sahara” de son dernier disque passe également très bien, magnifique moment très mélodique. Vai jouera de son côté le récent “Zeus in Chains” mais surtout le fabuleux et culte “For the Love of God”, où un frisson parcourt l’assistance dès la première note, reconnaissable entre mille. 

Si les autres musiciens ne sont pas aussi spectaculaires que dans certains G3 ou n’auront jamais le charisme du groupe de la grande époque de Vai (avec Billy Sheehan, Jeremy Colson ou Tony MacAlpine), ils font le job. Une cover de “Born to be Wild” donne fin à un très bon concert, un peu court, mais qui a permis à un auditoire moins habitué probablement de voir ces deux monstres sacrés. Parfait. 

[Eternalis]

Setlist

  1. I Wanna Play my Guitar

  2. The Sea of Emotion

  3. Zeus in Chains (Steve Vai song)

  4. Ice 9 / The Crying Machine

  5. Surfing with Alien (Joe Satriani song)

  6. Sahara (Joe Satriani song)

  7. Teeth of the Hydra (Steve Vai song)

  8. Satch Boogie (Joe Satrinia song)

  9. If I could Fly (Joe Satriani song)

  10. For the Love of God (Steve Vai Song)

  11. Always with Me, Always with You (Joe Satriani Song)

  12. Born to be Wild (cover Mars Bonfire)

The Ocean

Après la fin de Black Country Communion, j'ai juste eu le temps de monter jusqu'à une Altar déjà bien remplie pour la dernier concert de The Ocean. En effet, la foule devient ultra dense partout, et je n'ai du mon salut qu'à prendre le train derrière un petit groupe qui allait dans la même direction…

 

 

Le moins qu'on puisse dire, c'est que je suis partagé quand à The Ocean : cela fait longtemps que je trépigne de voir les allemands en concert, mais leur dernier LP "Holocene" délaissant les guitares pour laisser une place non négligeable aux synthés m'a laissé froid comme l'océan Arctique. Et sachant que le groupe a basé sa setlist sur celui-ci ces derniers temps, j'espère ne pas trouver le temps trop long. Cette nouvelle direction a peut être eu un rôle dans les changements de line up récents. Depuis le mois de février Paul Seidel n'est plus batteur de The Ocean : il a été remplacé par Jordi Farré. Et voilà qu'il y a une semaine, c'est le guitariste David Ramis Åhfeldt qui a annoncé qu'il quittait le groupe... puis le  chanteur Loïc Rossetti, ces deux derniers jouent leur dernier concert avec The Ocean ce soir.

 

 

Il y a définitivement un petit quelque chose dans l'air, notamment du côté de Loïc Rossetti, lorsque le public ovationne l'arrivée du groupe sur scène. Pour cette dernière, spécialement au Hellfest, il était possible que le Collectif change un peu sa setlist de celle de la tournée. Et c'est le cas dès le démarrage, avec les surpuissants "Cambrian II: Eternal Recurrence" et "Permian : the Great Dying" extraits de "Phanerozoic I : Palaeozoic".  Le groupe joue sans retenue, particulièrement Loïc,  qui semble bien décidé à profiter de chaque instant de cette dernière fois.

 

Je réalise que le concert que je n'osais espérer est bien en train de se jouer, avec la facette la plus intense et puissante de The Ocean, et les guitares vraiment en avant. Le dernier titre arrive déjà, l'imposante pièce de plus de treize minutes "Jurassic I Cretaceous" fait monter l'ambiance, le public claquant des mains sur ses magnifiques passages arabisants. A la toute fin, les deux partants David Ramis Åhfeldt et Loïc Rossetti se sont rejoints pour saluer le public, et tout les membres de The Ocean se sont réunis pour une ultime photo devant une forêt de cornes du diable brandies. Le leader du groupe, Robin Staps a semblé en retrait tout le concert, et à l'opposé, Loic était en mode "au revoir, Président"… et même un peu trop relâché, avec un laisser-aller inhabituel (et fait exprès?) coté justesse sur "Atlantic" par exemple. Dommage de ne pas tout faire pour livrer une prestation parfaite…

 

The Ocean, avec cette dernière au Hellfest avant une nouvelle ère, à marqué l'événement en mettant à l'honneur le metal progressif lourd, minéral et viscéral qui l'a fait connaître ; un concert intense, le VRAI The Ocean.

[JeanEdernDesecrator]

Setlist 

Cambrian II: Eternal Récurrence

Permian : the Great Dying

Atlantic

Subboreal

Pleistocene

Triassic

Jurassic I Cretaceous

 

DEAFHEAVEN

Juste après The Ocean, sur la Temple, le groupe de post-black Deafheaven prend possession de la scène. Pas de barnum, la sobriété est de mise, avec pour accoutrement des chemises, t-shirts et marcel, noirs évidemment ! Le groupe a sorti son superbe dernier LP "Lonely People With Power" au début de l'année, et des extraits de celui-ci en première et dernière partie du concert, précédés des intros "Incidental I" et "Incidental II" encadrent de plus anciens titres.

Alors que sur "Doberman", George Clarke, tournant comme un lion en cage, rugit ses premiers screams, ceux-ci s'étranglent : problème de son ! Un changement de micro et quelques minutes plus tard, tout rentre dans l'ordre et il peut enfin lâcher les démons. L'intensité monte vite dans le rouge : le groupe dépense sans compter son énergie, avec en chien de meute un George Clarke absolument déchaîné. Difficile de savoir où il est, si on l'a lâché du regard un instant, il arpente la scène comme un possédé. Ses cris sont absolument inhumains, déchirants, impression renforcée par ses expressions faciales.

La beauté n'est pourtant jamais absente, c'est parfois juste un accord limpide surnageant dans un océan de flammes. Le calme peut devenir des plus contemplatifs, les notes tombant comme des pétales de fleurs, et tout à coup déchaîner une tornade qui arrache tout sur son passage (le terrifiant blast de fin de "Revelator"). La plupart des morceaux ont aussi un passage presque thrash bien lourd tout indiqué pour déclencher un moshpit. Cependant, ce soir Deafheaven était beaucoup moins post que black, avec de nombreux moments de pure violence.

 

Lorsque George annonce le dernier morceau d'une voix calme, mais imposante, et qu'il nous dit qu'il a besoin de nous une dernière fois, on dit oui. Deafheaven a livré une des prestations les plus mémorables de ce Hellfest 2025, électrisante, à l'image de son chanteur George Clarke, littéralement possédé. Une débauche d'énergie, un ouragan de black viscéral entrecoupé d'accalmies d'une grâce touchante.

[JeanEdernDesecrator]

Setlist 

Incidental I

Doberman

Magnolia

Brought to the Water

Sunbather

Incidental II

Revelator

Dream House

Winona

Vola

La Altar se sera beaucoup teinté de prog ce samedi, et le duo final Vola / Leprous en furent le firmament. 

Les danois, auteur de quatre opus de grande classe et de deux derniers opus phénoménaux, venaient au Hellfest pour la première fois et m’a simplement collé une claque totale. 

Le prog moderne, plein de finesse, technique (quel batteur) mais jamais démonstratif, a enchanté une teinte pleine avec un magnifique jeu de lights et un Asger Mygind au charisme naturel sans jamais trop en faire. Quasi uniquement centré autour des deux derniers opus, le quatuor prouve aussi qu’on peut avoir un son de guitare monumental sans être accordé 3 tons en dessous ou jouer avec 8 cordes (certains groupes de metalcore devraient en prendre de la graine). D’une ouverture tout en nuances sur “We Will Not Disband” aux morceaux bien plus véloces et énergiques que sont “Paper Wolf’, l’énorme “These Black Claws”, le puissant “24 Light Years” ou encore l’imposant “Cannibal” qui a vu débarquer Einar Solberg en lieu et place de Anders Friden pour des growls qu’il ne pratique presque plus dans Leprous. Un grand moment de liesse, comme une préparation de ce qui allait arriver une heure plus tard. 

“Straight Lines” termine le show avec une puissance phénoménale mais toujours cette classe et cette finesse qui fait le charme du combo. Comme l’a JeanEdern après le show, “Muse avec le son de VOLA et on avait le show parfait”. Une parfaite conclusion. 

[Eternalis]

Setlist

  1. We Will Not Disband

  2. Stone Leader Falling Down

  3. Paper Wolf

  4. Head Mounted Sideways

  5. I Don’t Know How We Got Here

  6. These Black Claws

  7. Stray the Skies

  8. Cannibal

  9. 24 Years Light

  10. Inside your Fur

  11. Bleed Out

  12. Straight Lines

 

LEPROUS

Entre quelques titres d’un Scorpions à l’agonie (je les adore, je les ai vu 5 ou 6 fois mais désormais, il faut savoir dire stop avec un infini respect), je me place au mieux pour voir Leprous, que j’ai dû déjà voir dans toutes les configurations (petite salle, grande salle, Mainstage, ouverture de journée et désormais tête d’affiche). 

Que dire ce soir ? Si ce n’est qu’Einar était dans une forme vocale olympique, que le son était dantesque, que les morceaux du dernier disque (les meilleurs il faut le dire) comme “Silently Walking Alone” ou “Like a Sunken Ship” passe parfaitement le cap de la scène. Les guitares de Tor étaient d’une lourdeur jouissive sur “The Price” ou “Below” tandis que les norvégiens nous ont ressorti un “Illuminate” de derrière les fagots qui faisait plaisir à entendre. “From the Flame”, comme d’habitude, fut le grand moment de ferveur avec le public. Il est assez impressionnant de remarquer à quel point cette composition fait mouche et comment le refrain est repris par tous. Puis “Slave” retentit avec ce riff d’ouverture si grave et unique, pour l’un des rares passages hurlés du concert (tout comme le final du très prog “Nighttime Disguise”).

On regrettera simplement cette épaisse fumée qui n’a quasiment jamais quitté la scène, avec des thèmes de couleur très primaire (rouge, bleu ou vert), rendant quasiment impossible d’avoir des photos exploitables et surtout ayant laissé dans l’ombre Baard quasiment tout le show ! Quelle frustration d’avoir l’un des meilleurs batteurs de la planète pour ne presque jamais voir son jeu si impressionnant. Je rate le dernier morceau pour traverser le site et être en pole position devant Dream Theater, que je n’ai encore jamais vu de mon côté. Un petit sacrifice pour le dernier frisson de la journée. 

[Eternalis]

 

Setlist

  1. Silently Walking Alone

  2. The Price

  3. Illuminate

  4. Like a Sunken Ship

  5. Below

  6. NIghttime Disguise

  7. From the Slave

  8. Slave

  9. Atonement

  10. The Sky is Red (outro Only)

Dream Theater

En allant me mettre en place pour les photos de Dream Theater, j'ai pu voir la fin du concert de Scorpions, au moment où apparaissait justement un scorpion géant, claquant lentement ses grosses pinces autour des musiciens, annoncé par des, euh... girophares et des sirènes de police. Le moment what the f... de la journée ! Cependant, je dois avouer que "Hurricane" m'a vraiment fait plaisir, avec l'inusable paire de guitaristes Michael Schenker et Matthias Jabs, malgré un Klaus Meine amoindri par l'âge, réduit à chantonner péniblement  cette chanson culte des années 80...

[JeanEdernDesecrator]

 

Je dois avouer que j’avais peur de ce que j’allais trouver sur cette tournée “40eme anniversaire”. Entre le retour de Portnoy qui me remplit de joie mais un Labrie toujours plus à la ramasse, j’étais entre deux feux. 

Dès l’intro, les doutes se levent pour une grande partie des éléments. “Night Terror” va mettre tout le monde d’accord déjà sur le son, monstrueux de puissance (et toujours ce rappel de la veille avec Muse et ces guitares inaudibles), avec des riffs surpuissants de Petrucci, un son de batterie impeccable et même les claviers de Rudess étaient parfaitement équilibrés. Même Labrie fait illusion sur les premiers instants, paraissant en forme, avant que l’incroyable break instrumental et le solo de Petrucci n’assomme littéralement une Mainstage 2 encore courageuse. 

Mais le vocaliste va vite sembler en souffrance. Entre le fait qu’il boit toutes les deux minutes, qu’on l’a vu courir à un moment en appelant du staff derrière la scène (pour lui apporter un médicament ?) ou qu’il semble mâcher quelque chose entre ses parties vocales : l’état de santé du chanteur semble préoccupant. Il assure le minimum et ne s’en tire finalement pas trop mal, mais son absence à chaque partie instrumentale reste troublante (il est même partie après avoir présenté “Midnight Messiah”). 

En mettant de côté ce (gros mais désormais consommé) détail, le reste du concert fut une vraie réussite. “Strange Deja Vu” et “Fatal Tragedy” ont rapidement mis les fans dans la poche avant un monstrueux “Panic Attack” (puissance démentielle) et un “The Enemy Inside” qui a vu Portnoy pivoter sur son énorme batterie (3 grosses caisses, excusez du peu), comme s’il avait façonné son nouvel instrument entre le passé et les compositions de Mangini. J’aurais préféré (quand on s’appelle Dream Theater et qu’on a qu’une heure de show notamment) avoir autre chose que ce medley redondant de luxe basé sur “Perivian Skies”, surtout que “As I Am” qui a été joué juste derrière était incroyable. Le culte “Pull Me Under” termine le concert, difficile à chanter pour Labrie, mais bien aidé par toute une fosse reprenant le refrain malgré un groupe plus autant impérial que dans ses meilleures années. 

Ce fut néanmoins un gros show, un gros son, technique à l’extrême et dévoilant parfois les limites de la technique ultime (quand Rudess et Petrucci partent en délire, sans pour autant montrer la moindre difficulté) pour le feeling et l’émotion partagée avec le public. Une belle façon de terminer la journée par une nouvelle dose de prog.
Il est 2h10 du matin. Il est temps de rentrer. 

[Eternalis]

 

Setlist

  1. Prelude

  2. Night Terror

  3. Act I : Scene Two : Strange Deja Vu

  4. Act I : Scene Three : Fatal Tragedy

  5. Panic Attack

  6. The Enemy Inside

  7. Midnight Messiah

  8. Peruvian Skies

  9. As I Am

  10. Pull Me Under


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