logo Mayhem (NOR)

Biographie : Mayhem (NOR)

S'il existe des groupes cultes, Mayhem est, lui, une formation maudite. Toutes les facettes de la mort ont servi de miroir à ses musiciens; ils ont touché les lames de toutes les faux. Tout n'est que poussière, il ne reste que cendres...

Mayhem, à ses débuts, en 1984, est un simple trio (Euronymous aux guitares, Necro Butcher à la basse, Manheim à la batterie, peut-être aussi au piano) parfois rejoint par un chanteur de session, Messiah. Influencés par les grands ancêtres du black metal, Venom et Bathory, les Norvégiens donnent leur premier concert en 1985. L'année suivante, ils sortent "Pure Fucking Armageddon", démo tirée à 100 exemplaires. Rythme effréné, vocaux particulièrement monstrueux, si ce n'est inaudibles, assurés par on ne sait qui (Messiah, Euronymous, Necro Butcher ?) cette oeuvre connaît un certain succès et révèle une tribu hostile à tout compromis. Le parcours de Mayhem reste pour l'instant classique.

Sa route se poursuit selon la même logique avec la parution à l'hiver 1987 de "Deathcrush", mini album qui montre la même intransigeance musicale. La production est certes horrible, les morceaux mal joués, mais cette étrange mixture de heavy metal dégénéré et d'une certaine forme d'industriel dégage des vapeurs de vitriol. La colère et la haine jaillissent d'un riff ou d'un hurlement de Maniac, le nouveau chanteur. La vitesse d'exécution terrasse l'auditeur, le laisse à genoux, pantelant.

Mayhem traverse alors ses derniers mois de quiétude. Une personnalité morbide s'empare en effet du micro pour créer de son sang un mythe des ténèbres. L'arrivée de Dead élève la musique des Norvégiens vers la violence absolue et donne au groupe une aura, une âme. Dead, ancien chanteur de Morbid, un groupe suédois de black, est un être étrange, obsédé par la mort. D'après sa légende, il hantait les cimetières et enterrait ses vêtements près des cadavres pour les imprégner de l'esprit des défunts. S'il s'intéressait au satanisme et à l'occultisme, il appréciait particulièrement les contes de l'Europe de l'Est. Dans une interview inédite, accordée à Evil de Marduk pour Slayer Mag, il confiait "ces récits ne sont pas connus ici, mais là-bas les gens continuent d'y croire. Chaque château a sa propre histoire avec un passé sanglant... C'est ce qui m'obsède le plus. C'est dans les pays balkaniques que j'aimerais vivre". Dans "Funeral Fog", il décrit ainsi un lieu marécageux, entouré de superstitions, au coeur des Carpates. Un épais brouillard se lève alors, sous la pleine lune, et s'empare de l'âme des autochtones pour la livrer à Satan...

Sous l'impulsion de Dead, les concerts de Mayhem deviennent des explosions de folie fiévreuse, des éclats de rage rouge. Le chanteur, maquillé de noir et de blanc comme ses comparses, se lacère les bras au couteau ou avec des tessons de bouteille pour, parfois, asperger le public de son sang. Des têtes de cochon initialement empalées sur les pieds de micro finissent le concert parmi les spectateurs. Parangons d'un black metal pur et authentique, le chanteur et Euronymous rejettent les "death metallers en Adidas de merde, au look totalement normal". Cette guerre déclarée aux poseurs explique sans doute, en partie, l'extrèmisme dont Mayhem fait preuve. Leur style musical est presque devenu une religion, un mode de vie. La scène et la vie courante semblent ne faire qu'un pour Dead et ses acolytes.

À l'automne 1990, le groupe enregistre deux chansons pour une compilation puis se rend en Turquie et en Allemagne de l'Est, dans des conditions difficiles. "Cette tournée fut un grand gâchis", déclara Euronymous. Le show du 26 novembre à Leipzig a été publié en 1996 par le label italien Avantgarde Music. Ce "Live in Leipzig", au son plus que médiocre, dégage une ambiance suprêmement malsaine. Les riffs se font hypnotiques, tournoient dans l'espace déchiré par les hurlements de Dead. Les apostrophes du chanteur sonnent comme des agressions, des injures, des cris de haine. Une brume nauséabonde coule de cette voix, de cette gorge qui doit communiquer avec l'enfer...

En avril 1991, Dead se suicide d'un coup de fusil dans la tête, après s'être tranché les veines et avoir laissé un petit mot : "Désolé pour le sang". Les membres de Mayhem découvrent le cadavre et, avant de prévenir la police, se livre à d'étranges rituels. Des morceaux de la cervelle du chanteur auraient ainsi été mangés par les musiciens, pour reproduire une cérémonie viking, des bouts de son crâne utilisés pour fabriquer des colliers... Euronymous, lui, prend des photos de son ami avant de prévenir les autorités. Plus tard, ces photos seront récupérées par Hellhammer et ornent la pochette de "Dawn of the Black Heart". Après ces évènements qui, d'après les dires de Hellhammer, n'ont étonné ni choqué personne, le groupe entre dans l'Inner Circle: il s'agissait d'un groupe terroriste satanniste ayant pour but de contrôler l'underground norvégien. Ce groupe, restreint aux quelqes membres de Mayhem, Darkthrone, Emperor (en gros) et Varg Vikernes, fut à l'origine d'une vague d'incendies d'églises qui submergea la Norvège durant les années 1990. Suivirent incarcérations, meurtres et vandalismes. Puis, suite à des luttes entre deux personnages charismatiques, Euronymous et Varg Vikernes, ce dernier assassina Euronymous: il se rendit chez lui une nuit et, prétextant la légitime défense, le poignarda à plusieurs reprises. Il est aujourd’hui sorti de prison.
Peu après cette événement Hellhammer fait sortir le premier album du groupe culte au possible : De Mysteriis Dom Sathanas, avec au chant le hongrois Attila Csihar et Varg Vikernes à la basse, Necrobutcher ayant quitté le groupe au moment de l´enregistrement. Il est à noté que Hellhammer a gardé les morceaux de basse de Varg bien que la famille d’Euronymous lui ai demandé de les retirer

Mayhem connait alors une descente aux enfers. Le groupe disparait de la circulation et les activités de l'Inner Black Circle sont stoppées. Hellhammer décide seulement en 1997 de reformer Mayhem en reprenant Maniac au chant, Necrobutcher à la basse et un nouveau guitariste, du nom de Blasphemer. La reformation de Mayhem en 1997 n'empêchera pas la sortie de lives, de compilations ou de tribute: "In Memorium", "A Tribute to Euronymous", "From the Darkest Past" et le fameux "Live in Leipzig".

En 1997, Mayhem sort un mini album intitulé "Wolf's Air Abyss" dans lequel on trouve 5 morceaux. Ce mini album connait un grand succès et ces morceaux deviennent des classiques de Mayhem. Là, le son est très clair; ce n'est plus du tout le même niveau du Mayhem de l'époque de Euronymous. Cependant, le son a beau être de très bonne qualité, l'ambiance n'en reste pas moins aussi morbide. La voix de Maniac est toujours aussi dérangeante et torturée. Visiblement on n'y comprendra jamais rien...

Mayhem sort un nouveau live en 1999: "Mediolanum Capta Est". Puis, en 2000, c'est l'album épique "A Grand Declaration of War". Cet album ne va faire qu'une chose: couper les fans en deux. Certains diront que c'est très bien, que Mayhem a su évoluer dans son style tout en gardant cet esprit underground, malsain, sans justement tomber dans le commercial. L'album est très particulier en lui-même, car le chant est fait d'une façon spéciale. En effet, Maniac chante de sa voix black metal qu'on lui connaît si bien, mais emprunte aussi une voix claire. Quand Maniac use de celle-ci, il "passe des annonces" dans le sens où c'est la chanson qui passe des annonces. Comme pendant la Seconde Guerre mondiale.

Suivent deux lives: le "Live in Marseille" pour la tournée European Legion et le "U.S. Legion". La tracklist est assez légère pour des lives de Mayhem: sur ces lives seulement 2 chansons du dernier album qui embêtent une moitié de fans, alors qu'une autre moitié sera ravie.

Après la tournée et un repos bien mérité Mayhem reprend du poil de la bête en sortant son nouvel album "Chimera", un album intense. Mayhem est de retour. Les compos sont intenses et géniales, l'esprit de mort et malsain est conservé à la perfection. Cet album ne vaut pas "Die Mysteriis Doom Satanas", mais il est tout de même excellent. Maniac a retrouvé son chant grandiose, Hellhammer est toujours aussi précis sur son instrument et tape toujours aussi fort. Blasphemer, qui va fêter sa 10ème année dans Mayhem en 2007, aligne également des parties guitare excellentes. Et de même pour la basse...

Mayhem a justement finit sa tournée pour l'album Chimera et est entré en studio pour son nouvel album, qui devrait s'appeller "Ordo Ab Chaos".