WASP
THE CRIMSON IDOL (Album)
1992, Capitol Records


Re-Issue in 1997 with a bonus track and a second CD

DISC 1

1. The Titanic Overture
2. The Invisible Boy
3. Arena of Pleasure
4. Chainsaw Charlie (Murders in the New Morgue)
5. The Gypsy Meets the Boy
6. Doctor Rockter
7. I Am One
8. The Idol
9. Hold on to My Heart
10. The Great Misconception of Me

Bonustrack
11. The Story of Jonathan

DISC 2 (Bonustracks)

1. Phantoms in the Mirror
2. The Eulogy
3. When the Levee Breaks (Led Zeppelin Cover)
4. The Idol (Live Acoustic)
5. Hold on to My Heart (Live Acoustic)
6. I Am One (Live Donington 1992)
7. Wild Child (Live Donington 1992)
8. Chainsaw Charlie (Murders in the New Morgue) (Live Donington 1992)
9. I Wanna Be Somebody (Live Donington 1992)
10. The Invisible Boy (Live Donington 1992)
11. The Real Me (Live Donington 1992)
12. The Great Misconceptions of Me (Live Donington 1992)


vehau
W.A.S.P., Groupe de Heavy-Metal créé par Blackie Lawless alias Steve Duren de son vrai patronyme. Blackie a commencé dans le groupe glam, les New York Dolls puis a décidé qu'il était un rebelle pour de vrai et crée son propre groupe, Les W.A.S.P dont l'album éponyme sortira en 1984. W.A.S.P, pour les férus de linguistique est un terme désignant à l'origine les premiers colons américains, les vrais soit les White Anglo Saxon Protestant. Blackie, qui a beaucoup d'humour récupère les initiales mais en offre une traduction fort différente, We Are Sexual Perverts, tout un programme non ? Le premier titre de W.A.S.P ne fait pas non plus dans la fine poésie, Animal (Fuck Like A Beast), est leur premier hit, c'est frais et printanier. Le groupe use et abuse d'une imagerie trash, gore, en n'hésitant pas à singer des séances de torture sur des nanas à moitié nues et à balancer de la viande crue sur le public, ce qui provoquera d'ailleurs un accident fort délicieux puisque le batteur se fera assommer par sa propre barbaque qu'un spectateur en transe lui renverra dans la gueule, de grands moments que l'on regrette de n'avoir pas vécu. Blackie Lawless se trimballe avec une combinaison ornée de lames de scie circulaire ainsi que sa fameuse coquille surmontée du même type d'appendice. Pour Chris Holmes, combinaison aussi mais décorée de pots d'échappements de Cadillac... Je passe les détails, on verra ça une autre fois. Toujours est-il qu'après des années fort mouvementées, Blackie décide de calmer ses ardeurs et se pond son concept album à lui tout seul, un opéra rock largement influencé par Les WHO, (Tommy ou même Quadrophenia). Après des années très mouvementées ponctuées par de fréquents changements de line-up, et les menaces voire les attentats contre le groupe fomentés par des groupuscules catho intégristes, W.A.S.P peut se vanter pourtant d'une discographie plutôt intéressante mais la musique est engluée dans l'imagerie gore et les menaces des culs-bénits. En 1989, le dernier fidèle, Chris holmes a décidé de lui aussi se tirer du navire, Lawless reste donc seul à travailler sur son oeuvre, ça lui demandera trois ans, trois ans où il démontrera ses talents de claviériste, de guitariste, et de bassiste. Enfin, en 1992, "The Crimson Idol" est dans les bacs et c'est une baffe dans la gueule de tout le monde, fini le côté gore gratuit, on a droit ici à un album très travaillé, aux mélodies incroyables, à la richesse musicale inespérée pour ce groupe, et le chant de Lawless n'a jamais été aussi bon. Blackie tient là le chef d'oeuvre de sa vie et peut-être l'un des plus grands albums de métal de ces trente dernières années, rien que ça.

Comme expliqué plus haut, cet album est en fait une histoire, celle de Jonathan, jeune blanc-bec désoeuvré qui va découvrir le "bonheur" de la starisation, et tous les à-cotés crades (drogues notamment), puis subira la descente encore plus brutale et enfin la remise en cause, les doutes, on est pas loin de la biographie, même si Lawless s'est toujours défendu d'avoir voulu raconter sa propre histoire. Histoire d'ailleurs pas forcément très originale, là n'est pas l'essentiel, si cet album n'a jamais pu être égalé depuis, c'est par la musique qui là a mis tout le monde d'accord, elle est fantastique. Je ne peux me résoudre à a faire une critique piste par piste, car ce monument est à prendre dans son entier, rien n'est à jeter ici, tout est parfait, soutenu par une batterie ahurissante, la rythmique est un point fort ici, car Banali (le batteur) a un jeu original et efficace. Alternance de passages calmes et surpuissants, au gré des aventures de Jonathan, des grands moments on pourrait tout de même citer...oh merde mais non il n' y a rien à jeter que je vous dis, impossible de le tronçonner, c'est ce que j'appellerai un album de chevet, celui que j'écoute quand l'Humanité me gave trop, celui qui va vous sortir de vos idées noires et vous donner la folle impression de voler au dessus de ce monde abruti rempli de vide, The Crimson Idol est un de ces rares disques où je ne vois rien qui vaille la peine d'être relégué au second plan, W.A.S.P., enfin Lawless a ici atteint un niveau de génie qu'il ne pourra jamais plus atteindre et que peu de gens égaleront par la suite, c'est une référence du Métal, incontournable et surtout qui ne vieillit pas ou si peu. Le plus épatant est que c'est l'album d'un seul homme ou presque, Lawless a quasiment tout fait sur ce disque, il en est le créateur absolu, d'où le respect immense que je voue à ce type même si contrairement à son oeuvre, le bonhomme ne vieillit pas très bien... Les albums suivants, j'avoue ne pas encore bien les connaître mais ils sont de toute façon bien inférieurs à "The Crimson Idol", ce disque est indispensable. Dans trente ans je l'écouterai encore, aucun doute là-dessus.

2007-04-09 00:00:00


Eternalis : 18/20
Jonathan…une mélodie qui retentit…une douce ritournelle…qui se répète…encore et encore…infiniment…Lorsque WASP sort "The Crimson Idol", il n’est plus un groupe au sens propre du terme. Au sommet d’une gloire que Blackie Lawless avait fondée de sa sueur et son talent, suite à des albums aujourd’hui cultes comme le premier éponyme ou le monstrueux "The Headless Children", les musiciens autour de Blackie quittent le navire. Le chanteur à la voix si caractéristique se retrouve seul face à son destin, face à sa guitare et au néant artistique. Il écrit donc, seul et sans aucune aide annexe, sans répétitions également, un concept étrangement familier, mettant en scène Jonathan, sorte de fils bâtard d’une famille qui ne l’a jamais accepté. Le jour où son frère meurt, Jonathan ne devient plus qu’une ombre fantomatique et décharnée au vu de ses parents, il décide donc de devenir quelqu’un, une célébrité. Ce chemin initiatique, cette souffrance interne et déchirante est retranscrite à merveille dans la première partie de l’album. Plus sophistiquée, plus classieuse, possédant plus de chœurs qu’elle n’en avait jamais eue, la musique devient le miroir de la vie même de Blackie, qui, un jour, se battit pour devenir ce personnage qu’il était.Très cohérent, "The Crimson Idol" est un opus qui s’écoute dans son intégralité ou ne s’écoute pas. Une mélodie, celle qui ouvre le disque sur le splendide "The Titanic Ouverture", se retrouve partout, principale ou discrète derrière des riffs plus heavy que jamais, mais toujours là, même en filigranes. Le chant de Lawless est pur, chaud, à vif, d’une émotion incroyable et universel, métaphore d’une jeunesse si douloureuse et pleine d’épreuves. "Arena of Pleasure" lance définitivement l’album, et dévoile une autre particularité de ce disque : la batterie. Frankie Banali use et abuse de descentes de toms et de roulements absolument succulents et impressionnants, comme une image de la complexité dans laquelle se retrouve Jonathan, constamment en proie à ses démons. Cette affirmation devient constat sur le culte "Chainsaw Charlie (Murders in the New Morgue)", explosant après une reprise de la mélodie principale à la guitare acoustique. Ce morceau, véritable bijou de heavy métal à une époque où la presse et les fans en général crachaient sur le style au profit de genre plus revendicatifs, ne laissa personne indifférent.

Probablement ces tronçonneuses que jamais personne n’oubliera, et ce refrain hymnique mais pourtant tellement violent dans ses paroles. Blackie atteint une perfection rare dans son domaine, mariant la puissance à l’incision, tandis que des solos farouches et tranchants parsèment, tels des lames de rasoir parfaitement taillées, le titre et ses plus de sept minutes. Banali s’y monstre colossal et intègre une patte unique à ce disque, tout en gardant la cohérence propice au concept. Rarement un album aura tant collé à son concept, tant l’évolution du personnage se ressent dans la musique, tant les riffs nous prennent aux tripes et cette voix nous emmène au septième ciel.Le septième ciel ! Etre quelqu’un ! Etre le meilleur !Jonathan y parvient enfin, devient célèbre et riche, sombrant dans la débauche la plus totale. Retranscrivant sa vie scénique, le génial "I Am One" assène riffs et puissance dantesque dont seul WASP avait le secret en ces années maudites. La mélodie principale de l’album est utilisée dans sa forme la plus heavy, et enfin électrique. Emplie de passion, le chant de Blackie et ses envolées sur le refrain, ainsi que les chœurs le parsemant, respirent une authenticité et un caractère intemporel poignant d’émotions. Véritablement déchainé, le batteur fait de ce morceau sa pierre angulaire, alors que ce refrain retentit dans nos têtes, sans jamais que nous l’oublions. Tu es quelqu’un…et alors ? Tu n’as jamais existé…Si WASP a toujours été u maitre dans l’art des ballades, il écrira ses clés de voute en la matière avec la présence des deux immenses "The Idol" et "Hold on to My Heart". Sans comparaison possible dans la beauté et l’émotion intense qui les parcourent, ses deux compositions, évoquant le second échec de Jonathan face à ses parents et sa longue chute dans la dépression, ne sont que recueillement et pureté incarnée. "The Idol", entièrement acoustique pendant de longues minutes avant de voir arriver les guitares, est magnifique. Presque féminin et gorgé d’émotions, le chant de Blackie atteint une dimension qu’il ne reproduira jamais par la suite (nous sommes très loin de l’imagerie gore des débuts). Nous touchant directement en plein cœur, la mélodie superbe et très pure renvoie au chant éraillé et parfois dur, créant un antinomisme quasi divin. Et que dire de ce solo ? Rien si ce n’est qu’il est superbe et poignant au possible, emplie de désespoir et de mélancolie.

L’intensité monte de plusieurs crans tout au long des huit minutes, jusqu’au final éblouissant de sensibilité, les pistes de chant se croisant et s’entremêlant dans une complainte sourde dont on connait malheureusement la finalité. Ces cordes…la mort…la scène…"The Great Misconceptions of Me". Sur plus de neuf minutes, WASP nous conte la mort d’un jeune homme incompris et rejeté par son sang, une montée en puissance douloureuse et émouvante, presque déchirante. La mélodie si reconnaissable se décante rapidement, et laisse entrevoir le spectre carnassier de la mort, de cette mort qui prendre Jonathan, pendu sur scène avec ses cordes de guitare. Comme une chanson comprenant l’intégralité des corps des autres compositions, cet ultime titre tire la révérence d’un mythe humain et tragique. Agressif, technique et puissant, la musique se retrouve face à elle-même, comme à son propre reflet débattu à travers le reste du disque, se combattant elle-même. Blackie s’y arrache une dernière fois les cordes vocales magnifiquement bien, hurlant comme un damné (ses envolées uniques très violentes pour le disque). Quelques subtils claviers surenchérissent encore un peu plus le caractère grandiose de la musique et son aspect tragique et terminal. Mais toujours cette douce ritournelle…qui se répète…encore et encore…infiniment…

2009-07-26 00:00:00


dark_omens : 17/20
Dernier rescapé errant au cœur d’un empire désolé, Blackie Lawless demeure immuablement assis sur son trône. Les acclamations unanimes d’une foule conquise ont fini par se taire après un mémorable The Headless Children aux propos matures, maîtrisés et inspirés. Le temps a passé, l’éloignant des splendeurs et des fastes de palais où partout son génie aura séduit un peuple délicieusement hagard. Désormais l’artiste est seul face à ses envies créatives. Il songe a abandonné le nom de WASP puisque dorénavant il en est l’unique et dernier dépositaire. Il finira toutefois par conserver ce patronyme. Il se remet alors à songer à son vieux rêve d’album conceptuel. Il se remet à composer.

Si sur sa précédente œuvre, Blackie avait su faire évoluer son univers adolescent, crû et subversif, en un autre plus adulte, les desseins fondamentaux caractéristiques qui furent ceux qui définirent autrefois l’âme rebelle de l’artiste, et donc de son groupe, n’ont guères changé. Cette mutation, bâtis sur l’héritage de ce legs passé, va bientôt donner vie, après trois ans de dur labeur, à un projet très intrigant.

Baptisé The Crimson Idol, l’œuvre nous propose, en un concept album ambitieux, de narrer les déboires de Jonathan Aaron Steele. Cet adolescent, fils de William et Elizabeth Steel et frère de Michael Steel, est rejeté par des parents dont la vie est vouée à la glorification de leur fils Michael. Jonathan finis par quitter le domicile familial après la mort de son frère. Errant dans une existence de débauche où la drogue et l’alcool deviennent son quotidien, il finira, après certaines péripéties, par devenir un célèbre chanteur de Rock. Ce combat initiatique de la recherche de sa personnalité, cette volonté d’affirmation de soi, prendra tragiquement fin lorsque devenu, enfin, quelqu’un il tentera d’obtenir la seule chose dont il eut toujours rêvé : l’amour et l’attention de ses parents. Cette ultime expérience, sur laquelle les siens cracheront ces cinq mots en un dernier ‘‘nous n’avons pas de fils’’, le conduiront à se suicider.

Le pamphlet contre l’industrie musicale développé dans le récit de cette œuvre, est d’une exactitude cruellement délicieuse et ne pas y voir de similitudes entre le destin imaginé de Jonathan et celui vécu de Blackie, serait, selon votre humble serviteur, une erreur. Etablir d’autres analogies serait des spéculations sans doute fondées, mais qui n’ont, à vrai dire, que peu d’intérêt.

Concernant l’aspect musical notons d’emblée, que cet album est, une fois encore, exceptionnel. Ce constat évident écrit, évitons de tomber dans l’énoncé litanique louangeur où il nous faudra, inévitablement, usés de termes tels que ‘‘remarquable’’, ‘‘admirable’’, ‘‘superbe ’’ et de tant d’autres encore dont l’emploi ne serait, à vrai dire, que justifié. Car, en effet, ce nouveau manifeste est empreint de toutes ces qualités qui le confinent, sans doute possible, aux sphères enviables de l’excellence. Dès lors l’exercice de la chronique ne peut être que subjectif. En effet que peut-on critiquer lorsqu’une œuvre demeure aussi irréprochable ? Attachons-nous donc déjà à évoquer objectivement ce que quiconque ne pourra démentir.

S’appuyant sur les fondations solides établis par The Headless Children, The Crimson Idol nous propose les délices d’un Heavy Metal intelligemment composé. Ses titres, dans lesquelles diverses constructions s’entremêlent, laissant le génie créatif de Blackie pleinement s’exprimer, sont incroyablement captivants. Maitrisant chacune des émotions qu’il nous livre, le virtuose nous offre, tour à tour, des moments intenses où la rage contenue dans sa voix si singulièrement écorchée est, essentiellement, soutenu, par cette batterie fougueuse et par ces riffs acérés, ou encore des instants intimistes où son chant se combine aux guitares sèches et aux claviers.

Difficile d’extraire un titre plutôt qu’un autre afin d’illustrer cette étonnante expérience que constitue The Crimson Idol. L’œuvre demeure, en effet, d’une délicieuse homogénéité tant, évidemment, par son concept que par ses vertus. Seul des titres tels que Chainsaw Charlie (Murders In The Rue Morgue) et The Great Misconceptions Of Me semble se détacher de cette excellence ambiante au milieu des superbes The Titanic Overture (titre exhumé des abysses de l’histoire de WASP alors que le groupe s’appelait encore Sister, et le morceau Don’t Know What I Am. Preuve en est, s’il en fallait une, que ce désir d’album conceptuel est ancien chez Blackie.), Arena of Pleasure, Doctor Rockter ou encore, par exemple I Am One. Si le premier s’en démarque par des valeurs musicales plus remarquables encore que celles qui hantent cet opus, le second, quant à lui, y parvient de par une conception étonnement subtile. Ce dernier, en effet, se propose en un plaidoyer de plus de neuf minutes de faire la synthèse mélodique de l’ensemble de l’œuvre. L’idée est habile ; et le morceau venant clore le récit, une réussite.

Durant toutes ces années qui conduisirent WASP à cet album, le groupe fut avare de ces titres langoureux aux romances intimistes (Forever Free, Sleeping (In The Fire)…). C’est éminemment regrettable à l’écoute des admirables ballades telles que The Gypsy Meets The Boy, The Idol et Hold on to My Heart qui viennent somptueusement enrichir cet opus d’une superbe émotion poignante.

Seule ombre semblant assombrir, subrepticement, le paysage de cette œuvre, la densité d’une démarche musicale et conceptuelle plus complexe et moins immédiate que celle qui anima le groupe autrefois pourrait, de prime abord, refroidir les ardeurs d’un auditoire plus aguerris à la simplicité. Même si, soyons franc, il ne s’agit pas là d’une difficulté insurmontable l’album nécessite afin de s’y immerger complètement, tout de même, un effort d’adaptation, inhabituel pour WASP. Un défaut qui, somme toute, est relativement anodin.

The Crimson Idol est donc un album captivant et riche dont les nuances subtiles nous offrent des plaisirs incomparables.

2013-12-12 22:31:14