VOïVOD
KILLING TECHNOLOGY (Album)
1987, Noise International




uberallescalifornia
Après 2 premiers albums bruts de forge où Voivod va avec les moyens du bord canaliser des influences Venom/Motörhead grossièrement digérées au service d’un thrash barbare et chaotique, le groupe fête en 87 son 5ème anniversaire et le moment de la première de ses incessantes mutations. Ce que War and Pain avait de bruyant et furieux, et Rrroooaaarrr!!! de barré et foldingue, Voivod va le discipliner pour donner un album plus classiquement thrash, enfin classique à la sauce Voivod, c’est à dire en dehors de tous les cadres.

Bénéficiant d’un son plus propre et audible que ses prédécesseurs, ainsi que de structures plus distinctes, Killing Technology s’en démarque également par son efficacité redoublée, construite notamment sur des refrains facilement mémorisables. Ceux de «Forgotten in Space» ou de «Tornado» n’ont pas perdu un milligramme de leur tranchant et ce, malgré près d’un quart de siècle d’écoutes assidues. Une efficacité terrible qui leur permet de rivaliser sans complexe avec les ténors de l’époque, comme Destruction ou Slayer. Le plus chez Voivod, c’est ce son reconnaissable entre mille, cette guitare acérée de Piggy qui fait une bonne partie de la personnalité immense des canadiens. Les solos de guitare de Piggy sont brefs et toujours au service de l’ambiance, et font merveille comme sur «Ravenous Medicine». De ce titre fut d’ailleurs tiré un clip créé par le groupe lui-même avec les moyens de l’informatique de l’époque, et qui permet de comprendre la furie furieuse et en même temps l’humour de petits gars de la cambrousse qui ne se prennent pas au sérieux. Côté chant également, Snake a entamé sa transformation, une partie des vocaux étant assurée avec une voix claire, ce qui ne l’empêche pas de pousser des hurlements de possédé comme sur «Forgotten in Space» et son refrain noyé de réverb. Les paroles comme d’habitude pour le groupe tournent autour de thèmes de science-fiction, et celles par exemple de «Forgotten in Space», «This Is Not an Exercise» ou encore «Cockroaches» valent la lecture. A noter que ce dernier titre ainsi que «Too Scared to Scream» ne figurent pas sur le vinyle d’origine, ayant fait l’objet d’un simple peu avant la sortie de l’album. Si le chant s’est – relativement – assagi, il n’en est rien pour la rythmique, Killing Technology étant probablement l’album le plus rapide de Voivod, la paire Blacky/Away ne faiblissant en rien au niveau fourniture de tempos barbares. La basse est comme précédemment bien mise en avant, et le mix clair de Harris Johns, qui co-produit ce skeud entre deux albums de Sodom et de Kreator, donne sa chance à toutes les subtilités des compos et du riffing impeccable de Piggy. Il faut dire que deux semaines d’enregistrement, soit autant que pour les deux précédents albums réunis, c’est du luxe pour Voivod, et parvenir à saisir une agression sonore de cette qualité et de cette complexité dans de pareils délais tient de l’exploit. Et en même temps sans doute, la brièveté des sessions permettra sans doute au groupe de retenir le côté barbare que l’on ne retrouvera guère sur les albums suivants.

En résumé, un album assez unique pour le groupe, car si dans la première partie de son existence on peut retenir les paires War and Pain/Rrroooaaarrr!!! ou Dimension Hatross/Nothingface, ce Killing Technology lui n'est à rapprocher d'aucun autre skeud de Voivod. Assurément le plus accrocheur de leur carrière thrash, mais pas le moins violent pour autant.

2011-03-14 17:49:04


wodulf
Le Voivod a muté. Le monde a été détruit et notre affreuse bestiole doit en chercher de nouveaux à travers l'espace Infini.
La mutation et l'exploration sera également le nouvel état et le nouvel objectif pour Voivod, le groupe cette fois-ci. D'un thrash bruyant et apocalyptique nous allons passer, avec cet album, à une sorte de space thrash beaucoup plus travaillé, voire raffiné. A cette époque, les membres du groupe écoutent beaucoup de musiques non metal, surtout du prog', du psychédélique voire de l'indus. A partir de cette période, Pink Floyd va, peu à peu, s'installer dans les influences de Voivod.
Alors, ce Killing Technology, un disque plus travaillé donc, mais toujours un disque de thrash. Une fois de plus, le génie de Voivod se dévoile au grand jour. Loin de nous sortir un disque pompeux de thrash technique imbuvable, le groupe arrive à nous faire du complexe avec du simple. D'une part, cela reste toujours très accrocheur, ensuite le groupe nous dévoile un sens raffiné de la mélodie, surtout grâce au chant très attachant de Snake. Bien que celui-ci reste agressif, il y a quelque chose dans son timbre qui te touche. Sur des morceaux comme "Tornado" ou "Ravenous Medecine", j'ai carrément la chair de poule.
Un chef d'oeuvres donc qui, même s'il va emmener le groupe sur un chemin que je ne vais plus suivre après Nothingface, fait partie de mes albums de thrash préférés.

2012-12-11 20:11:22