Sowilo | L’hyperactif multi-instrumentiste suédois Peter Tagtgren, en cet été 2011, ressort son one man band Pain pour un septième album. Ce type ne s’arrête jamais, à ce demander s’il dort entre 2 sortie d'Hypocrisy ou de Pain, les concert, la production des galettes des autres etc. Et il y en a qui trouve le temps d’écrire des chroniques… Le pire, c’est que tout ce qu’il entreprend se couronne toujours d’un bon petit succès au minimum, quand ça n’est pas un carton. Du coup, même si on se pose toujours des questions avant d’attaquer une nouvelle production d’un bon groupe, on se doute bien qu’un nouveau Pain aura quoi qu’il en soit quelque chose à défendre. Enfin, par habitude je dis « groupe », mais rappelons qu’en studio, Pain c’est uniquement le travail solitaire et acharné de Peter Tagtgren.
Nuclear Blast oblige, on se retrouve encore avec une simple pochette transparente en guise de boîtier… Oh ça va, je déconne, c’est un gros fourreau carton avec un digipack pour chaque CD (l’album et les bonus), toujours aussi peu écolo mais classe. Neuf titres sur l’album, neuf bonus. Mmmh, le doute m’habite alors. Pour un groupe qui fait dans la chanson efficace, relativement courte, ça fait peu de titres et beaucoup de bonus. D’un autre côté, il y a souvent une ou deux chansons à jeter sur chaque album de Pain, alors c’est peut être une bonne idée. Allez, arrêtons les suppositions, et écoutons.
Dès qu’on a pris « Let Me Out » dans les dents la première fois, on se pose avant de continuer, car pour une intro, ça c’est une intro. La rythmique fait des envolées rapides, l’électronique tourbillonne, et Peter étale ses divers registres vocaux avec classe. Et ce refrain messieurs dames, ce refrain ! Voilà une bonne grosse claque qui donne envie de continuer. Et globalement, le reste n’est pas aussi percutant mais reste sur cette bonne lancée. La production, comme on s’en doute avec le bonhomme, est au poil, parfaitement équilibrée. Elle rend encore une fois à la musique de Pain cet aspect froid et cybernétique. J’insiste, mais au delà du simple son en béton armée, habituel des grosses production suédoises, le mix reflète le professionnalisme de Peter. Chaque son est à sa place, et mis en avant ou en retrait juste quand il faut.
Les guitares gardent ce son épais typique de l’indus à la Rammstein. La batterie est plus variée qu’avant puisqu’elle ne se contente pas toujours de ne marquer que le rythme. Peter a fait des progrès à la batterie on dirait. L’électronique est omniprésente, à coup de petites mélodies et nappes bien placées. Le chant use toujours autant de la superposition, qu’il s’agisse de chœurs artificiels en chant clair ou de couches clair/death.
Plutôt qu’une suite de Cynic Paradise, ce You Only Live Twice remonte davantage du côté de Dansing With the Dead, en plus costaud. La chanson qui donne son nom à l’album ressemble même un peu trop à « Same Old Song » sur Densing With the Dead, comme quoi le titre était bien trouvé. Même rythme, même principe de la mélodie puissante et relativement lente sur le refrain, avec couplets en chant clair etc. Ailleurs, cette ressemblance reste relative à une certaine ambiance et l’album a clairement sa personnalité. Peter lorgne parfois vers son autre groupe Hypocrisy, via des passages très typés death mélo et un chant death un peu plus présent (« Let Me Out », et « Monster » surtout). Le single « The Great Pretender » et « We Want More » sont celles qui marquent le passage de Cynic Paradise, avec leur rythme binaire, leur côté dansant au son de mélodies électroniques entêtantes, soutenues par des riffs massifs mais bateaux. « Dirty Woman » tente l’originalité en proposant quelque chose de plus heavy, une touche de hard rock metalisé par la production. C’est l’occasion de redire que les filles c’est pas bien, thème décidément récurrent, mais assez marrant cette fois. « Feed the Demon » aussi parvient à se démarquer, avec son ambiance martiale et malsaine, évoquant un peu Samael dans leurs heures les plus électros.
Bon et ce CD gorgé de bonus alors. Et bien il commence par la seule vraie chanson bonus, qui bien qu’elle puisse ressembler à d’autres pistes, est plutôt sympa et aurait pu trouver sa place sur l’album. Mais que voulez-vous, il faut bien pousser les gens à se procurer au passage les divers remix et lives qui suivent. Quoi qu’il en soit, je préfère toujours largement ça aux habituels DVD bonus proposés par tant d’autres groupes, avec un reportage sur l’enregistrement, plein d’auto satisfaction, en suédois sous-titré anglais. Surtout que pour le coup, les remix sont plutôt sympas, ceux de « The Great Pretender » et « Leave Me Alone » surtout, apportant une vrai autre vision des morceaux. J’imagine presque « The Great Pretender » passer sur un manège avec le forain qui bonimente des sensations fortes à pas cher. Quant aux chansons live, je ne vais pas détailler, c’est potable, mais en aucun cas indispensable.
Pain continue sur sa lancée, et apporte son lot de nouveautés sans jamais se trahir. Cet album semble plus maîtrisé que jamais, un petit peu plus technique aussi. Cette stabilité et cette bonne qualité compensent la durée un peu courte. Ceci dit, je soupçonne vraiment qu’il puisse rapidement lasser après plusieurs écoutes, auquel cas il ne restera bientôt que comme un bon album, efficace, divertissant, mais pas vraiment marquant. On en redemande quand même sans hésiter.
2011-07-17 20:22:39
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