L'organisateur de concert Thanatos Production commence à bien se faire connaître dans la capitale auprès d'un public de passionnés. Les ''metal show'' réguliers avec plusieurs groupes dans diverses petites salles parisiennes n'y sont pas pour rien : on y découvre souvent des bons groupes et la bonne ambiance est garantie. On remarque l'habitude chez cet organisateur de mélanger les styles à chaque soirée. Cette fois-ci est différente, puisque Thanatos Production a choisi de se focaliser uniquement sur le metal symphonique en invitant trois représentants français du genre au Studio Campus, pas très loin de Bastille. Se partagent donc la scène les Parisiens d'Unseelie, Irradiance venu du Nord, et Wildpath en tête d'affiche que je viens revoir avec plaisir.
Unseelie
Le Studio Campus est tout d'abord comme son nom l'indique : un studio (ma perspicacité m'étonne moi-même), mais qui comprend aussi une petite scène dédiée aux concerts. Par contre il vaut mieux se renseigner avant de venir car l'entrée n'est pas vraiment affichée. Je paye ma place à l'entrée (tarif modeste : 8€), et je découvre une salle pas très grande, mais plutôt bien foutue, qui doit accueillir ce soir-là un peu moins d'une centaine de personnes.
Unseelie commence alors son set, assez tard dans la soirée (il doit être près de 21h), et nous présente les morceaux de son premier album appelé Urban Fantasy. Je confie avoir eu du mal à me mettre dans l'ambiance délivrée par le quintette. Le groupe joue un metal mélodique que l'on pourrait dire à tendance gothique ou symphonique, mais souvent assez lent, et où la voix prédomine. Je suppose que c'est l'absence de gros riffs qui tachent sur les premiers morceaux qui m'a rebuté. La salle peine un peu à être chauffée, on observe toujours une petite distance entre les premiers rangs et la scène.

Néanmoins, vers le troisième morceau (Quantify Your Soul, si je ne dis pas de bêtises) l'ambiance se détend, on commence à voir des pieds qui tapent le rythme, et tout le monde s'imprègne peu à peu dans la musique. Les mélodies d'Unseelie sont insidieuses. Elles paraissent faibles de prime abord, mais il est nécessaire de laisser un peu de temps pour se faire envoûter. Et l'envoûtement se passe plutôt bien : la voix d'Anne-Emmanuelle est toujours là pour nous guider, très claire, mais jamais réellement lyrique (et avec quelques growls). Elle s'en sort en tout cas admirablement bien. Le constat est le même pour ses compagnons d'aventure, tous très professionnels.

Le guitariste Jonathan est probablement le plus dynamique, arpentant la scène de long en large, un peu l'inverse de l'autre gratteux, Marc, moins démonstratif caché derrière ses lunettes noires. On se demande d'ailleurs comment il peut voir ce qu'il joue, compte tenu de la très faible luminosité de la salle. Le set se conclue par une étonnante reprise de Rammstein, mais très bien trouvée, en l'occurrence Sonne (album Reise, Reise), puis par Prometheus' Pain, un de leurs titres phares.
1. Stranger
2. The City Feeds on You
3. Quantify Your Soul
4. Hunters' Game
5. Frontier
6. The Age of Kâlî
7. Sonne (Rammstein cover)
8. Prometheus' Pain
Irradiance
Les lillois d'Irradiance prennent alors la relève. J'avais entendu beaucoup de bien de ce combo, parait-il prometteur pour le metal symphonique ; c'est le moment ou jamais de me le confirmer. Et là, contrairement à Unseelie, ça attaque directement par des riffs en béton, avec pourtant un guitariste de moins. Le style d'Irradiance peut sembler plus classique en ce début de set, mais la suite nous dévoile des compositions plus élaborées que la moyenne, où l'étiquette progressive qui leur est parfois accolée prend tout son sens.

Les compositions sont riches et bien amenées, et le violon donne une personnalité peut-être plus mélancolique aux mélodies. Le groupe se qualifie aussi d'orchestral, ce qui n'est pas faux en soi, mais cela ne m'a pas particulièrement frappé en les écoutant. Non vraiment, ce qui me plaît beaucoup chez Irradiance, ce sont ces mélodies raffinées, presque jazzy, d'une élégance qui peut rappeler Wildpath. Je crois d'ailleurs que les deux groupes partagent des penchants pour les thématiques rétro-futuristes. La seule chose critiquable pourrait être l'accent français dans le chant en anglais, mais difficile de leur jeter la pierre tant on trouve bien pire chez d'autres groupes francophones.

Les musiciens sont en tout cas très investis dans leur rôle, très expressifs pour certains (le guitariste Geoffroy et ses grimaces) et rendent le spectacle bien vivant. On voit des sourires se dessiner dans le public, ce qui est généralement un bon signe. Le groupe bénéficie de plus d'un très bon son, limpide et puissant. Je crois n'avoir jamais entendu un aussi bon son dans une salle de cette capacité. Le groupe est aussi très plaisant à photographier, même si les faibles lumières ne me laissent pas la tâche facile.
Wildpath
Wildpath est clairement la tête d'affiche, et beaucoup sont venus pour eux. Les personnes (fort sympathiques) avec qui je discute pendant le changement de plateau se souviennent de leur concert l'an passé au Divan du Monde avec des trémolos dans la voix. Moi aussi.
Je profite du début du set pour jeter un œil à la setlist : j'y remarque avec plaisir la présence de Hollow, une magnifique ballade et probablement l'un des meilleurs morceaux du groupe. Malheureusement, la chanteuse Marjolaine douche vite mes espoirs, en m'annonçant que Nicolas (le bassiste/chanteur qui chante sur ce titre) est malade, et donc qu'ils ne joueront pas ce morceau ce soir-là, de même pour Delusion. Le show ne perd pas pour autant en qualité, puisqu'une fois encore Wildpath nous a offert une superbe prestation.

Commencer par (le néanmoins excellent) Petrichor était certes prévisible, mais entendre quelques morceaux après Grinnin' Sanity l'est beaucoup moins, et c'est un véritable plaisir. Wildpath se concentre toutefois principalement sur ses deux derniers opus, Underneath et Disclosure, qui semblent tous deux très appréciés du public. Un an après la sortie du dernier album les morceaux n'ont pas pris une ride, et sonnent toujours aussi actuels.

Le jeu de scène est de même parfaitement assuré, les guitaristes Matthias et Olivier bougent dans tous les sens, même si Olivier doit de temps en temps reprendre le micro pour assurer ses quelques screams. Pierre n'hésite pas non plus à se faire remarquer par ses blagues, plus ou moins drôles, mais je crois que ça ne sert à rien de le lui dire, sinon à l'encourager encore plus. Pierre est aussi le batteur que je vois frapper sa batterie avec le plus grand sourire, ce qui n'est pas évident à interpréter, on se demande si c'est un plaisir très sincère ou alors du pur sadisme envers ses cymbales. Le mystère reste entier. Marjolaine est comme à son habitude très charismatique, et galvanise un public qui n'a pas l'air d'être très habitué à bouger en concert. Pas grave, chacun profite comme il le souhaite.

Le set est prévu pour se conclure sur le génial The Craft, mais à peine terminé, le public se manifeste pour en réclamer plus. Très sympa, l'organisateur les autorise à continuer, et Wildpath se concerte pour finalement offrir un dernier Delusion à ses fans. On sent effectivement que Nicolas n'est pas au meilleur de sa forme sur ses parties de chant, mais il donne tout, et c'en est presque touchant. C'est du coup le prétexte qu'il me faut pour demander au groupe de rejouer très bientôt !

1. Petrichor
2. Ignited
3. Grinnin' Sanity
4. Reviver
5. Buried Moon
6. Excinere
7. Non Omnis Moriar
8. Unborn
9. Absentia
10. The Craft
Rappel
11. Delusion
On ressort très tard de la salle, en comparaison des grandes salles qui mettent le public dehors avant 23h, mais tout le monde semble avoir passé une excellente soirée, et moi le premier. Les trois groupes ont tous joué avec un enthousiasme extrêmement communicatif, et leur talent a fait le reste. Je voudrais enfin saluer bien bas l'organisation au poil, et surtout pour avoir aussi bien géré le son, ce qui était loin d'être gagné dans une telle salle et avec des groupes aussi nombreux.





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