Perdu dans les backstages, c’est finalement Einar et les deux guitaristes qui vont se charger de l’interview. Extrêmement affables et agréables, heureux d’être là et très enthousiastes, les norvégiens sont de véritables moulins à paroles impossibles à arrêter une fois qu’ils sont partis. C’est d’ailleurs dommage d’avoir été une année encore confinés dans des box au capharnaüm inaudible (forcément, des planches de tôle juste derrière les Mainstage…) et de ne pas toujours s’entendre. L’enregistrement est d’ailleurs d’une qualité si déplorable que certaines réponses en sont partiellement coupées…
Mais que cela ne nous empêche de dire que Leprous est un groupe de plus en plus grand, autant sur scène que sur albums, et ce n’est pas « Coal » qui me fera dire le contraire. Place aux artistes.
[Par Eternalis]
1 - Comment allez-vous ? Avez-vous pris du plaisir sur scène ?Einar : Ca va très bien. Le concert était vraiment fantastique, surtout en jouant si tôt. Nous ne nous attendions pas à avoir autant de monde sous la tente et on a été vraiment ravi de l’accueil reçu.
2 – « Coal » est votre troisième album. Pouvez-nous le présenter ? Quel était votre but avec cet album ?
Pour être tout à fait honnête, lorsque nous avons débuté la composition de « Coal », nous ne savions pas exactement comment cela allait sonner. Nous voulions juste proposer quelque chose de différent, de plus vivant. Nous voulions un album qui nous rendrais fiers et qui surtout permettrait de passer un cap, de définir notre personnalité et notre son. Nous avons eu toutes les idées possibles pour débuter l’album et avons dû faire un certain tri là-dedans.
3 – Je trouve que « Coal » est plus sombre et beaucoup plus mélancolique que « Bilateral ». Etiez-vous-même triste durant la conception du disque ?
Einar : Désolé, je n’ai pas compris avec tout ce bruit (ndlr : Einar regarde autour de lui, visiblement désespéré d’être juste derrière les Mainstage pour les interviews mais Tor prend la suite).
Tor : Nous n’étions pas particulièrement tristes, l’album a pris cette teinte de manière autonome. Nous avions envie de tirer parti de toutes les collaborations que nous avons eu sur scène ou en studio afin d’offrir un large panel d’émotions dans « Coal ». Nous l’avons arrangé tous ensemble et l’humeur de l’album n’est pas celle d’un seul homme, mais bien de Leprous en général. Nous voulions être plus adultes et réfléchis. Ne pas partir dans différents chemins comme c’était le cas sur nos deux premiers albums.
Einar : nous étions effectivement dans un autre « mood » que pour « Bilateral », mais ce n’était pas calculé ou forcé. « Bilateral » était un peu comme ceci (ndlr : il ouvre ses bras en grand) alors que « Coal » est un focus sur une partie de notre personnalité (ndlr : il ramène ses bras en un petit cercle). C’est une facette de notre identité que nous voulions explorer aujourd’hui. Nous sommes très curieux et avons cette envie de développer de nouveaux sons, de nouvelles choses afin d’évoluer constamment. Je ne sais pas si nous sommes expérimentaux mais nous avons cette vocation de ne pas être un simple groupe de plus.
4 – Vous avez choisi « The Cloak » en premier vidéo-clip. C’est un choix surprenant puisque c’est un morceau très ambiant, presque sans guitares. Pourquoi lui ?
Peut-être parce qu’il est le seul titre qui était assez court pour que nous puissions en faire une vidéo sans devoir le couper (rires général). Je trouve que c’est un choix plutôt cool, ce n’est pas un single typique, avec refrains et solo. Ca s’inscrit dans ce but de faire quelque chose de différents, encore une fois.
Oystein : Nous avons vu que certains avaient été surpris en effet du choix de la vidéo. Au contraire, je trouve cela très intéressant de surprendre et surtout de proposer de manière plus visible cette identité de Leprous qui est toute aussi importante que celle plu
s extravagante. Cet aspect de notre musique est indispensable à notre équilibre, aux différents visages que le groupe offre.5 – C’est en plus un parfait introducteur à l’album.
Tor : Oui tout à fait. Il y a énormément d’émotions dans ce titre, nous avons même décidé de la jouer en live, ce qui n’est pas évident. On pourra penser l’album plus simple finalement, mais il est beaucoup plus difficile à maitriser et à jouer.
6 – Le chant dans l’album est vraiment exceptionnel et sublime. Est-ce que tu appréhendes tes parties vocales d’une manière spéciale ?
Einar : Merci beaucoup pour ce grand compliment (ndlr : il attend quelques minutes, visiblement touché). Je ne sais pas trop quoi te dire…mon dieu (rires).
Je dirais que si je ne sens pas la musique qui est jouée, je ne peux pas chanter dessus. C’est un ensemble et lorsque j’entends les mélodies dans ma tête, que je les chantonne et qu’elles prennent ainsi vie, alors je me dis que j’ai trouvé le filon. Parfois, je tente des choses mais sur la très grande majorité de l’album, ce sont toujours les premières ou les secondes prises que tu entends sur l’album.
C’est beaucoup plus naturel et ça sort de là (ndlr : il montre son ventre). Quelques fois, je réessayais plusieurs fois le même passage et après réécoutes, nous étions d’accord pour dire que les premières prises collaient mieux à la musique car je me focalisais ensuite trop sur la technique et ce n’est pas ce que nous recherchions avec « Coal ».
Tor : Ce fut le même processus pour une grande partie de l’album. La musique est bien plus vivante et organique lorsque ce que tu entends est proche de la spontanéité, du live et empreint d’une certaine nervosité. L’émotion se ressent à partir du moment où le cœur est plus présent que le cerveau et c’est impossible si on répète inlassablement les mêmes segments d’un titre. Il y a eu certains moments d’effervescence, dans lesquels nous avons enregistré beaucoup d’éléments et d’autres où nous préférerions attendre car nous savions que rien de particulier ne ressortirait. Il a fallu être patient, que nos propres compositions se dévoilent à nous.
7 – Les différences entre « Bilateral », plus exubérant et coloré, et « Coal », sobre et froid, sont très nettes. N’avez-vous pas peur de l’incompréhension de certains fans ?
Einar : Je n’ai pas peur car pour être franc, je m’en fous un peu (rires).
« Coal » est l’album que nous voulions faire et que nous avions besoin de faire, tout comme « Bilateral » l’était il y a quelques mois. Certains aimeront l’un, d’autres préféreront le suivant…ce n’est pas très important de penser à ça car il faut penser à l’évolution musicale de Leprous et non pas ce que le fan voudrait. Justement, nous voulons créer ce besoin de nouveauté et il est peu probable que refaire trois fois de suite la même recette avec beaucoup de chœurs et de claviers serait très bien accueilli par les fans.
Mais pour être honnête, les premiers retours ont été fantastiques et ça nous confortent dans nos décisions. Actuellement, je pense que nous pouvons avoir une couverture médiatique impo
rtante grâce à cet album car les retours sont très bons. Oystein : Il n’y a pas de titre typé « single » par exemple mais ça ne nous a pas empêché de faire un clip et de créer une certaines envies avec des extraits. Il ne faut pas se dresser de barrières parce qu’untel est plus comme ci ou comme ça. Nous nous sommes dit « Ok, ce morceau est vraiment excellent et il nous représente, il est l’évolution de notre musique donc pourquoi hésiterions-nous à faire un album qui se focaliserait sur cette partie de notre identité ? ».
Ce qu’il faut comprendre, c’est que les morceaux et l’ambiance ont évolué progressivement pour devenir ce que vous entendez aujourd’hui et, de cette manière, il n’y a pas à douter de la façon dont ça sonne. Ce sont les mêmes personnes mais, aujourd’hui, c’est ce focus qui est réalisé. C’est comme si on disait qu’un titre est immuable à partir du moment qu’il est écrit. Ce n’est pas le cas chez nous et les titres doivent vivre avant d’être finalisés. Avant ou après, ils ne ressembleraient pas à ça, ils mutent. Donc nous n’avons pas à craindre les éventuelles incompréhensions…je doute que les gens soient perdus en écoutant « Coal ».
8 – « Coal » est l’un de mes albums préférés de l’année car c’est justement ce que j’ai envie d’entendre aujourd’hui dans le metal, quelque chose d’unique.
Avez-vous des espoirs particuliers avec ce troisième disque ?
Einar : Oui évidemment. Succès, gloire, célébrité, argent et reconnaissance (éclat de rires).
Non, sérieusement, nous voulons surtout jouer énormément.
Tor : Effectivement, le nouveau matériel est très intéressant à jouer sur scène. Comme je te disais, il est difficile à jouer et c’est un défi en soi, c’est tous les jours différents et j’espère justement que les gens apprécieront.
Einar : Nous avons une tournée qui s’annonce et déjà quelques idées pour la suite. Nous espérons surtout que cela continuera aussi longtemps que possible.
(ndlr : On me dit avec insistance que d’autres journalistes attendent donc je termine à la hâte notre entretien)
9 – Pour finir, votre relation avec Ihsahn est vraiment incroyable. Vous jouez sur scène avec lui, il chante sur « Chronic » et le chef d’œuvre « Contaminate Me »…est-il un peu comme un père comme lui ?
Tor : Un père ? Non quand même pas il n’aimerait pas le terme (rires). Je dirais plutôt que c’est une sorte de mentor pour nous. Il a été très important, nous a donné notre chance et permis d’évoluer à ces côtés, ce qui est incroyable. En revanche, il faut préciser qu’Ihsahn n’intervient absolument pas dans notre processus de création, ce n’est pas une influence musicale pour nous, mais plutôt humaine et technique.
Il y a vraiment l’aspect musicale de notre relation avec lui, sur ses projets, à dissocier de notre partie créative où il n’est pas du tout présent. Nos carrières sont liées, en quelque sorte, mais nous sommes chacun très indépendants.
10 – Vos derniers mots ?
All : Merci au Hellfest et à ceux qui se sont levés pour nous. A bientôt !
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Interview done by Eternalis











Je les ai loupé au Hellfest, alors que je voulais absolument les voir... conneries de dimanche matin ! ^^"
Je les ai découvert il y a peu, et par le biais de ta chronique sur "Coal", ils sont très bons (et apparemment fort sympathique :) ).
J'espère qu'ils continueront à nous surprendre ! =)
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