Within Temptation

Sharon Den Adel est une femme comblée et ça se voit. C’est une chanteuse radieuse, souriante, généreuse et détendue que nous avons interrogé en cet après-midi pluvieux dans les travées du Zenith de Nantes. Arrivée hilare et couverte de bigoudis (le tourneur nous a d’ailleurs indiqué que les photos étaient de ce fait prohibées), Sharon nous a livré un entretien d’une vingtaine de minutes plein de « peps » et de détente, preuve que certains groupes peuvent montés très haut tout en restant humbles et proches des gens.
La parole est à la belle.

[Par Eternalis]

interview Within Temptation1 – Salut Sharon ! Comment vas-tu ? Vous faites une grosse tournée en France, je suppose que vous devez en être content ! Comment réagissent les fans aux nouveaux titres ?
Oh, vraiment bien. C’est génial de voir de si bonnes réactions, nous sommes extrêmement heureux des retours positifs que nous avons. Le public français a toujours su nous supporter et on voit déjà les gens connaitre les morceaux. Nous sommes comblés.

2 – Vous jouez avec Delain en plus. Je suppose que ça a été naturel de les choisir…
Oui, nous nous connaissons depuis très longtemps et ils font un peu partie de la famille de Within Temptation. Nous avons une connexion très forte avec eux et ils ont un public similaire au notre. C’est vraiment cool de les avoir avec nous.

3 – Parle-moi un peu de « Hydra ». C’est surement votre album le plus puissant depuis pas mal d’années et il est très varié. Avez-vous changé quelque chose quand vous avez commencé à travailler dessus ?
Non, absolument pas. Nous voulions simplement revenir à quelque chose de plus « bombastic », de plus orchestral mais surtout de varier les atmosphères.

Nous ne nous sommes imposés aucune limite et l’intérêt n’était pas de mettre des orchestrations partout pour que ça sonne gros, il fallait une cohérence à tout ça. Je ne pense que nous ayons changé grand-chose lors de la création mais parfois, quelqu’un disait « C’est ça, c’est fou ce truc, il faut absolument qu’on l’intègre à l’album » et les idées fusaient de toutes parts.

Nous ne nous jamais dis « Ok, nous avons déjà fait ça donc nous allons partir dans cette direction sur un titre, puis dans celle-là pour l’autre ». Nous n’avons pas choisi qu’il soit notre album le plus heavy mais il l’est devenu naturellement via cet aspect « bombastic » justement et très puissant. C’est complètement naturel, comme d’inviter Xzibit sur un morceau et de placer des parties de rap. Nous sentions que nous étions capables de le faire donc pourquoi nous priver ?



4 – Tu parles justement de Xzbit. Parle-en un petit peu et des autres invités, comme Tarja ou Howard Jones.
Ce sont tous de grands noms et c’est génial de les avoir à nos côtés pour qu’ils contribuent [ndlr : Sharon bute plusieurs fois sur le mot et éclate de rire] à la diversité d’ « Hydra ».

Tarja et Howard Jones sont de grands musiciens et il fallait qu’on les mette dans de bonnes dispositions pour qu’ils apportent quelque chose. Tarja est incroyable et travailler ensemble a été vraiment génial. Xzibit n’a pas pu nous rencontrer mais nous adorons ce qu’il a fait pour nous, il fallait vraiment tenter cette expérience.



5 – Et vous n’avez à aucun moment eu peur de la réaction des fans ?
Jamais. Tu sais, nous savions que des gens n’aimeraient pas mais nous sommes dit « Pourquoi pas ? ». Il était clair que des gens diraient « Non, ne faites pas ça, c’est de la folie, vous allez ruinez votre carrière en un seul morceau » (rires).

Je trouve au contraire que ce titre est inspiré et très beau. Il ne sonne pas américain comme on a pu le lire, c’est juste le mélange du rock symphonique et du rap et je ne vois pas pourquoi ce serait forcément incompatible.



6 – C’est un super titre de toute façon [elle me remercie] ! L’hydre est un monstre à neuf têtes. Pourquoi l’avoir utilisé comme titre de ce sixième album ?
Parce qu’il représente d
interview Within Temptationifférentes choses.

C’est déjà notre côté sauvage et bestial, le fait d’embraser ses démons et de vivre avec, de les accepter. Ne pas en avoir peur, les affronter et les combattre. Je pense que cette créature est capable de créer une véritable peur et cette peur nous permet d’aller plus loin, d’avancer, d’aller de l’avant.

D’un point de vue plus personnel, il représente aussi les différents choix que nous faisons et nos différents modes de vie dans Within Temptation. Bien sûr, nous jouons du rock mais j’ai aussi un bébé et des enfants et je ne suis pas la même dans le groupe et à la maison. Nous avons parfois peur de l’autre vie, car notre vie personnelle et artistique est radicalement différente.



7 – Robert a quitté le groupe pour s’occuper de vos enfants. Il continu d’écrire, de produire et il est un peu l’homme de l’ombre du groupe mais il n’est plus là sur scène [ndlr : nous le croiserons d’ailleurs avec ses enfants dans les loges et le public]. Comment vit-il la situation ?
Plutôt bien, c’est l’homme parfait (rires, elle lève les pouces en l’air).

Il a beaucoup travaillé dans le processus de composition et m’a aidé pour les textes. Il a aussi aidé à la production de l’album et a donné les idées principales de l’album, c’est indéniable. Mais il ne pouvait plus être si loin de la famille et nous accompagné partout. Il a fait pendant des années du grand travail à la guitare mais il faut avouer que nous avons des parties de guitare qui reste classiques et ne sont pas très techniques [ndlr : elle mime un manche de guitare et des soli] donc nous pouvions, numériquement, le remplacer. Stéphan est super sur scène et nous nous sentons très à l’aise avec lui. Robert est toujours avec nous, il est un peu le capitaine du navire malgré tout.



8 – Within Temptation fait maintenant parti des groupes majeurs de metal symphonique, avec Nightwish ou Therion. Avez-vous une pression particulière pour défendre ce statut avec d’entrer en studio ?
Nous avons la pression que nous nous imposons nous-mêmes, pas celle de l’extérieur. Il est évident que certaines personnes n’apprécieront pas telles ou telles choses mais le pire serait d’entrer en studio sans inspiration, sans idées. Ce n’est pas le cas et c’est ça qui est rassurant, cela bouillonne entre nous et ce n’est pas prêt de s’arrêter.

9 – Quel est donc le prochain niveau pour vous ? Le prochain rêve à accomplir ?
Continuer (rires). Notre vie est un rêve tous les jours mais j’aimerais énormément refaire un concert comme celui de « Black Symphony ». C’est tellement intense, magique et épique de jouer derrière un orchestre, un chœur…sentir cette vibration sur scène, c’est quelque chose d’unique mais également de très cher. C’est aussi bien plus risqué. Il n’y a pas de bandes pour te guider et ces gars sont de vrais pros, s’il y a le moindre truc de travers, ils savent l’entendre et cela rend le contexte beaucoup plus professionnel. Et puis ça change aussi car il y a une queue bien plus énorme pour aller aux toilettes (éclats de rires).

10 – Justement, en quoi est-ce si différent ?
La dynamique est différente, cela respire et il y a une vie, une pulsation supplémentaire sur scène. On se sent bien plus petit, comme emporter par le souffle de l’orchestre et ça permet autant de relativiser sur notre rôle que de nous donner des ailes. Nous n’avons pas le droit à l’erreur et c’est toujours un peu effrayant, cela donne bien plus de pres
interview Within Temptationsion.

Les musiciens d’un orchestre n’ont en plus pas la même mentalité qu’un groupe de rock. Ils comptent les minutes. S’il est noté qu’ils doivent partir à telle heure, ils ne resteront pas une minute de plus donc ça oblige aussi à être très strict dans le timing, c’est une donnée essentielle que l’on oublie complètement dans un live normal. Ils ne font pas d’heures sup’ (rires). C’est très différent.



11 – Vous étiez au Hellfest en 2012. Est-ce que tu aimes [elle me coupe]
J’adore ce festival ! Il y avait une ambiance incroyable la dernière fois et l’organisation était au top niveau. Sinon j’aime les deux, à savoir jouer en festival ou en salle [ndlr : elle avait anticipée ma question]. L’ambiance en festival est souvent très bon enfant, on profite du soleil, de la musique mais on joue aussi souvent que cinquante minutes ou une heure maximum, alors que nous allons jouer deux heures ce soir. Un show en salle est plus personnel, avec des effets, une scénographie et une ambiance uniquement pour toi car les gens ne sont pas là par hasard.

12 – Peux-tu imaginer ta vie sans Within Temptation ?
Oui car nous avons deux vies, celle d’artiste et celle à la maison, avec la famille. Nous aimons la vie de musicien et espérons qu’elle continuera aussi longtemps qu’elle pourra mais ça ne dépend pas que de nous. Il faut que les fans achètent les albums, que l’on vienne nous voir en concert…sans eux nous ne sommes rien donc je ne peux pas savoir combien de temps nous continuerons à vivre ainsi. C’est quelque chose d’incroyable, de faire ces shows énormes, de traverser des pays, de découvrir d’autres cultures…c’est magnifique.

13 – « Hydra » est sorti en de très nombreuses éditions. Une box, un digibook, un vinyle…penses-tu que ces collectors soient obligatoires pour vendre des disques désormais ?
Je pense que le fan veut acheter un objet particulier, qu’il veut tenir quelque chose qui valorise son achat. Il veut quelque chose de spécial.

Nous avons deux options : celle de sortir un objet très basique, avec un petit livret qui sera malheureusement au même prix que le reste, ou alors un packaging spécial, avec des photos, des textes, des goodies…Nous voulons respecter ceux qui dépensent de l’argent pour nous [ndlr : elle prend le digibook dans ces mains]. Il y a plein de photos de bêtises dedans, de tournée, en enregistrement du clip, dans le bus…c’est notre intimité qui est là-dedans. Le carton du digipack est plus rigide, c’est de la bonne qualité et tu peux profiter de l’objet pendant que tu écoutes la musique. Je le conseille (rires)



14 – Quel est votre album le plus important à ton avis ?
Je dirais « Mother Earth » car c’est lui qui a vraiment présenté notre son tel qu’on nous connait aujourd’hui. Il a eu un gros succès commercial et il nous a permis de s’orienter vers une musique plus symphonique et théâtrale. La différence avec le premier album est impressionnante et il est très spécial pour nous, c’est lui qui a changé nos vies finalement. Sans lui, nous n’en serions pas là.

15 – Dernière question. Quelles sont, à ton avis, les différences entre un groupe avec une femme et un groupe sans femme ?
(rires). Je dirais que les hommes sont plus sauvages dans leur style de vie et qu’un peu de féminité ne fait jamais de mal (rires). Je suis la seule femme mais j’ai un statut privilégié, c’est assez fun car les garçons prennent soin de moi.

Interview done by Eternalis

5 Comentários

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ericb4 - 18 Maio 2014: Merci pour cette croustillante interview qui permet de se replonger dans l'aventure de ce groupe emblématique de MS. On comprend mieux l'absence scénique de Robert et les projets artistiques de Sharon!
cilou013 - 19 Maio 2014: Merci beaucoup pour cette interview, c'est très marrant car quand il y a écrit "rire", tu t'imagines très bien la tête de Sharon. Elle est vraiment pleine d'énergie, de sincèrité et cela se ressent. C'était vraiment un très bon concert que je n'oublirais pas de si tôt :)
 
ChristCherfan - 19 Maio 2014: Merci pour l'interview. Mais si j'étais à ta place, j'aurai demandé à Sharon si ils continueront avec les growls comme dans Silver Moonlight.
discreto - 21 Maio 2014: Merci pour ce super interview. J'ai eu l'occasion d'écouter Hydra en entier il est vraiment bien fait et le groupe à eu raison de diversifier leur musique.
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