Néfastes, qui a la particularité d'être formé par le trio fondateur de Benighted, formé à l'initiative de Liem, publie son premier long format, intitulé "Scumanity". Le trio officie dans un black-metal brutal, sans concession, haineux et sombre. Nous en avons profité pour nous entretenir avec Julien Truchant pour en savoir plus. Merci à lui, pour sa dsiponibilité, aisi qu'à Gab et Liem, qui ont également participé à cet interview.

 

1. Salut Nefastes, comment est né le projet Néfastes ? Qui est à l’origine de ce projet ? Et comment vous êtes-vous retrouvé autour de cette idée commune?

Julien : Salut, c’est Liem qui est à l’origine de ce projet dans son intégralité. Après le décès tragique de Fred, le tout premier batteur de Benighted l’année dernière, il a commencé à composer des morceaux de Black Metal un peu dans un mode exutoire… Puis en octobre, il m’a contacté pour me demander si ça me dirait de poser des voix sur les 3, 4 titres qu’il avait composés, juste comme ça, pour les potes et nous. On a très vite invité Olivier à nous rejoindre en tant que bassiste pour reformer ce trio que nous étions fin des années 90 quand on a créé Benighted ensemble. Et voilà comment Néfastes a vu le jour.

 

2. Vous êtes tous issus de Benighted qui est le fer de lance du « death brutal » hexagonal, pourquoi avoir choisi une orientation « black brutal » ? Est-ce pour rester dans une certaine zone de confort ?

 

Au tout début de Benighted, l’influence Black Metal était beaucoup plus présente, car c’est une musique que nous écoutions énormément à l’époque, que ce soient les Marduk, Dark Funeral, etc… C’est un genre musical que nous adorons tous les trois et qui fait partie de notre culture de longue date… mais nous n’avons rien « pensé » ou « choisi » pour Néfastes, c’est un projet qui s’est fait comme ça et qui était censé rester un truc entre nous et les copains ! Les choses nous ont vite dépassés quand on a posté le premier single sur Internet.

 

3. Comment s’est déroulé le processus de composition ? Qui compose principalement ? Julien, l’osmose qui te liait à Gab a-t-elle de nouveau opéré ?

C’est Liem qui a composé l’intégralité de l’album, nous sommes juste intervenus ponctuellement avec Olivier pour des arrangements ou de petite s questions de structures. Mais ça a été un pur bonheur de se retrouver chez moi tous les trois pour enregistrer la basse et le chant, on a effectivement retrouvé cette osmose qui nous est propre quand on fait de la musique ensemble et on se connait tellement bien qu’on sait par avance ce que l’autre attend de nous, etc…

 

4. Comment s’est déroulé le processus d’enregistrement ? Qui s’en est chargé ? Où et qui a produit cet album ?

Liem s’est monté un home-studio dans lequel il a enregistré toutes les parties guitares et programmé la batterie. Puis on s’est fixé un week-end chez moi pour la basse et la voix. Il faut savoir que l’intégralité des voix ont été enregistrées dans mes toilettes qui ont un écho naturel juste parfait pour ça ! Ah ah ! On s’est mis d’accord pour faire toutes les voix des morceaux en one-shot pour garder l’énergie, les intentions, les émotions mais aussi les imperfections du moment ! J’ai adoré faire cet enregistrement qui tombait pile à un moment de grande frustration musicale à cause toutes les annulations de concerts pour Benighted. Puis Liem s’est chargé du mix et notre ami Thibault Bernard du Convulsound Studio a fait le mastering.

 

5. Ce qui m’a interpelé à l’écoute de l’album, c’est le son de la batterie, qui est programmé, pourquoi ce choix ? N’avez-vous pas eu envie de faire appel à un vrai batteur ?

Comme je t’ai dit, c’était vraiment un projet entre potes à la base, on était loin d’envisager faire un album un jour… Donc la qualité du son de batterie que Liem a faite nous a semblé largement suffisante et je suis même étonné qu’une programmation sonne aussi bien au final.

 

 

6. Vous publiez directement un full-lenght, n’avez-vous pas eu l’envie de passer par le format Ep ?

Quand on a pris la décision de signer chez Source Atone Records qui ont montré une incroyable motivation à sortir ce projet, on s’est posé la question… Mais Liem étant un compositeur très prolifique, il avait déjà 3 ou 4 morceaux de plus, pris dans l’effervescence de notre collaboration, donc on est partis sur un album de 30 min, ultra brutal, sombre et dégueulasse, esprit Black Metal des années 90 !

 

7. « Scumanity » est publié par un tout nouveau label, Source Atone Records, qui s’occupe également de Nature Morte, pourquoi ce choix ?

Pour plusieurs raisons, la première étant qu’ils ont montré une motivation incroyable dès la sortie de notre premier single « Progéniture Décadente » et nous ont relancé plusieurs fois alors qu’on ne savait même pas nous-mêmes si on voulait sortir quoi que ce soit de ce projet entre amis. La seconde raison, c’est qu’il s’agit d’un tout nouveau label et qu’en accord avec l’esprit underground qui nous habite depuis qu’on a monté Benighted en 1998, on s’est dit que c’était génial de partir de deux structures qui démarrent et voir les paliers qu’on pourra gravir ensemble.

 

8. D’ailleurs, le patronyme de l’opus n’est pas sans rappeler « Scum » de Napalm Death, et, certains passages me renvoient à Scour, quelles sont vos influences en terme de « black-metal » ? Quels sont les thèmes abordés ?

Je comprends ce rapprochement, d’autant plus quand on sait notre admiration pour Napalm ! Et Scour est un putain de bon groupe aussi !! Pour les influences plus personnelles de Néfastes, je citerais plutôt des Marduk, Shining, Dissection ou Dark Funeral… La thématique des textes concerne la partie absurde, superficielle et dégénérée qu’a développée l’homme ces dernières années et comment à défaut d’évolution, on est en pleine dévolution

 

9. Avez-vous des concerts de prévus ? Allez-vous faire appel à un batteur ?

Non, c’est un projet studio uniquement

 

10. Comment avez-vous vécu cette période pandémique ? Quel regard portez-vous sur celle-ci et comment envisagez-vous l’avenir, en tant que groupe mais également individuellement ?

Comme tout le monde, j’imagine… énormément de frustration, de peur de l’avenir, de renoncements… Je n’ai pas d’avis tranché sur la façon dont ça a été géré car on reçoit tellement d’informations et de désinformations de tous côtés que ce sont ceux « qui savent » qui me posent question… Ah ah ! Le plaisir de sortir l’album de Benighted l’année dernière a été bien sûr énormément gâché par l’annulation des tournées pour le promouvoir derrière, mais je croise les doigts pour un retour des concerts le plus vite possible et ne plus me sentir « amputé » de cette énorme partie de ma vie qui fait ma passion et mon équilibre.

 

11. Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?

Les derniers albums de Dyscarnate, Der Weg Einer Freiheit et Inhumate ces dernières semaines !

 

12. Le fait que vous soyez de nouveau réunis au sein même d’un projet commun, est-ce que cela ne vous donne pas des idées pour des « évènements spéciaux »avec Benighted ?

On avait déjà invité sur scène Olivier et Kévin Foley pour le concert anniversaire de nos 20 ans de carrière, et c’était tellement top ! Lime, Candy, Fred, chart et d’autres ex membres de Benighted avaient fait le déplacement pour faire la fête avec nous aussi.

Pour l’instant, rien de spécial envisagé mais sait-on jamais !

 

 

13. Y aura-t-il d’autres enregistrements de Néfastes ou est-ce le projet d’un seul album ?

Oui, Liem est un monstre à riffs et il a déjà commencé de nouveaux morceaux qu’il nous a envoyés. On a hâte de poursuivre la nouvelle violence sonore qu’on a trouvée ensemble !

 

14. Julien, tes vocaux sont une nouvelle fois impressionnants, même si plus ancrés dans le style, comment fais-tu pour être aussi flippant à certains moments ?

Merci beaucoup, je rentre complètement dans le délire de ce que je chante en général, et là je me suis lâché à fond pour être le plus extrême et dégueulasse possible pour entacher encore plus la musique de mes voix sales et torturées ! Ah ah !

 

15. Gab et Liem, vous êtes des membres historiques de Benighted, pourquoi avez-vous quitté le groupe ? Qu’est-ce que vous avez fait depuis vos départs respectifs ? Que pensez-vous de Benighted aujourd’hui ?

Olivier : J’ai quitté Benighted car je n’avais plus l’énergie de mener ma vie professionnelle et personnelle en même temps que Benighted. Après toutes ces années presque centrées à 100% sur Benighted, je voulais pouvoir revoir et profiter plus de ma famille et de mes amis. J’ai fait une bonne coupure de quelques années avant de me remettre en projet. J’ai fait de la basse dans le groupe d’un ami d’enfance pendant un an et à côté de cela avec Liem on s’est mis à parler d’un projet grind/crust avec Kevin (ex-Benighted aussi), ça a été long à démarrer, compte-tenu de l’emploi du temps chargé de Kevin, mais on devrait sortir un ep bientôt. Puis il y a eu Néfastes, groupe auquel j’ai été associé. C’est vraiment terrible de pouvoir partager ça avec mes frères d’armes depuis 30ans pour Julien et plus de 20ans avec Liem. Pour Benighted, je les suis toujours de très près, d’autant plus du fait que ce sont des amis. J’adore les voir sur scène et me prendre ma décharge de brutalité sans limite. C’est très régressif et j’aime ça !

Liem : Je suis parti de benighted pour des raisons privées et professionnelles qui  ne me permettaient plus de consacrer autant de temps pour les tournées, studios etc.... Vivre seulement de la musique quand on fait du death metal est très difficile....j’ai continué à composer  et me suis monté un home studio... et là avec Gab et Kikou nous avons un autre projet plus grind death crust pour pouvoir  reprendre du service en live!!! Benighted est devenu une grosse machine, toujours aussi violente et brutale...ça va de plus en plus vite et deviens de plus en plus technique!!! Respect à mon Juju qui a continué depuis toutes ces années à œuvrer pour le développement de ce groupe... et ça doit pas être facile!!!

 

16. Quel regard portez-vous sur la scène black française ?

Elle a toujours été forte et compté de très bons groupes tels Aosoth, Svart Crown… et aujourd’hui les copains de Seth font leur grand retour avec leur nouvel album qui fait beaucoup de bruit !

 

17. Quels conseils donneriez-vous à un jeune groupe qui débute afin qu’il puisse perdurer ?

Ce que je leur dirais dans un 1er temps, et qui ne va pas spécialement avec ma culture old-school, c’est que malheureusement aujourd’hui, l’image a énormément d’importance au vu de la multitude de groupes qui sortent tout le temps donc malheureusement, la qualité musicale est reléguée au second plan si ils veulent « réussir » vite… Donc trouver une idée originale qui « choque » et qui retient l’attention tout de suite. Ensuite, il reste heureusement important de trouver une musique la plus personnelle possible et de s’y tenir en se faisant plaisir, ne pas se laisser influencer par les modes et être authentiques dans leurs rapports à leurs fans.

 

18. Vous avez une multitude de concerts à votre actif, quel est le meilleur et le pire moment que vous ayez vécu ?

Un des meilleurs est sûrement le concert anniversaire des 20 ans à Lyon avec tous les amis et la famille, un bonheur incroyable ! On avait invité Sven d’Aborted, Niklas de Shining, Arno de Black Bomb A, Ben de Unfathomable Ruination qui sont tous venus faire un morceau sur scène avec nous aussi ! Une fête mémorable !

La pire c’était à Frankfurt en Allemagne où après 12h de route de retour du Metaldays en Slovénie, on a été accueilli par un promoteur bourré dans une cave avec une sono horrible qui nous a valu des larsens tout le long du concert, il nous a insultés à la fin du concert quand on lui a fait remarquer qu’il ne nous payait que la moitié de ce qui avait été convenu… et pour finir il nous a fait dormir dans un « appartement » où on a préféré le sol aux matelas (je te laisse imaginer leur état de saleté) et où il y avait des mugs sur les tables qui débordaient de champignons et de moisissures… Une horreur du début à la fin !

 

19. Si vous avez un dernier mot pour nos lecteurs, c’est le moment.

Merci beaucoup à toi pour cette interview et on invite tous les fans de Black Metal brutal et glauque à découvrir Néfastes et on espère que vous aimerez cette décharge de haine qui sort droit de nos tripes !