My Own Private Alaska

Une interview de MOPA, c’est un peu comme écouter leur album ou les voir en concert. C’est un moment privilégié, sans filtre et avec une extrême sincérité. Pour la 3e fois, je suis allé à leur rencontre pour la sortie de leur fabuleux deuxième album full-lenght “All the Lights On”. 

C’est le groupe “presque” au complet avec qui j’ai eu le plaisir de m’entretenir, à savoir Milka (chant), Tristan (piano) et Jordy (batterie) pour un entretien de près d’une heure et demi ! Je vous laisse découvrir.

[Par Eternalis]

 

Comment allez-vous ? Comment s’est passé votre retour sur scène à Toulouse ? 

Tristan : On redescend doucement. On était à la maison, il y avait beaucoup de gens qu’on connaissait, qui nous ont aidé à monter cette date. C’était chouette et on a bien profité. On a hâte de repartir sur la route. 
 

On s’était parlé pour la sortie de l’ep il y a maintenant 2 ans et demi. L’album était bien avancé et sortir l’année suivante mais on ne se reparle que maintenant. Qu’est-ce qui a provoqué ce délai ? 

Milka : Ce sont beaucoup d’histoires de business. On est rentré en studio en juillet 2022, ça a pris du temps pour vraiment fignoler les morceaux. Un album de MOPA ne se fait pas comme un disque de Brassens (avec tout le respect que j’ai pour Georges [rires]). Il fallait aussi rebondir sur le problème de santé avec Galak, notre synthé basse, qui a aussi produit l’album mais qui ne pouvait plus nous suivre. Il fallait trouver quelqu’un d’autre, que nous avons trouvé avec Laure, pour ensuite être près à défendre l’album sur scène. On arrive rapidement à deux ans, puisque les délais de sorties physiques et se caler avec les partenaires prend aussi beaucoup de temps. 

 

Tu anticipes ma prochaine question avec le départ de Galak, qui apparaît dans les crédits de l’album mais n’est plus dans le groupe. Qui a participé à l’album finalement ? 

Jordy : Il est parti au printemps 2023 si je ne dis pas de bétises (ndlr : les autres valident). L’album était déjà fini et masterisé. Nous avons recruté Laure à ce moment là, sorti pas mal de singles et avons répété avec elle pour qu’elle s’approprie le genre de MOPA. 

Milka : Je connais Laure depuis très longtemps puisqu’en plus d’être musicienne, elle est vidéaste et a déjà travaillé avec moi avec Cancel the Apocalypse. Aussi pour mon projet perso Miegeville et elle aussi bossé avec Psykup à un moment. On a fait une soirée ensemble, je raconte que Galak a des soucis auditifs et je lui demande si elle connait des gens. Et elle me dit “Moi je fais du piano” (rires). 

La différence a été humaine. Elle est vectrice de beaucoup de belles choses humaines, elle nous permet de nous renouveler, d’intégrer d’autres visions et si Tristan compose en priorité, il n’y a rien de dictatorial dans MOPA. L’arrivée de Laure a été une très bonne chose pour nous. 

 

 

Avant de parler de la musique, j’aimerais parler du titre de l’album. “All the Lights On” peut sembler plus lumineux, tout comme le texte de ce titre qui évoque le fait d’avoir toujours quelqu’un sur qui compter même quand on ne va pas bien du tout. Et ainsi d’avoir ou d’être une lumière pour un autre …

Milka : C’est un morceau en effet qui parle de ce que tu dis, tu as bien cerné l’histoire. Quelqu’un nous a dit que sur cet album, l’album parle plus des cicatrices qui se soignent que des plaies. C’est plutôt bien dit. “Amen” parlait des plaies et ici nous parlons des “cicatrices” avec lesquelles vivre. 

Il n’y a aucune prétention dans le message mais c’est comme une prévention quand on a traversé des chemins de ronce. On nous a souvent dit, à travers les années, que la musique de MOPA a aidé des gens. C’est assez incroyable qu’on vienne nous voir et qu’on nous raconte des histoires sur ce que MOPA a pu leur apporter. 

Nous avions donc envie de cette idée de lumière, même si elle est lointaine. C’est un tunnel et elle est au bout. On va vers un apaisement, il y a beaucoup de sombre mais il y a la lumière au bout et c’était dans cette direction que nous voulions aller. 

 

"“Amen” parlait des plaies et ici nous parlons des “cicatrices” avec lesquelles vivre."

 

“Amen” était un ensemble de tout ce qui peut être noir chez l’être humain et dans la société. “All the Lights On” décrit donc le chemin vers la lumière à retrouver si je te suis bien.

Tristan : On dit souvent qu’il est plus salvateur de penser à la résolution du problème que du problème en lui-même. Pour rester sincère et authentique quand on joue tous les soirs, il faut aussi que notre nouvelle musique soit plus proche de ce qu’on recherche aujourd’hui. 

Au lieu de s’infliger le couteau dans le cœur et de le retourner, nous voulions penser à comment aller mieux. La vie est semée d'embûches mais l’idée était comment surmonter tout ça. Toutes ces lumières sont au bout du tunnel, allons les voir. On ne sait pas si c’est simple, on ne sait pas si on y arrivera et ni même ces lumières sont vraiment meilleures que les embûches actuelles mais le vrai combat est d’essayer d’y aller. 

C’est un peu le miroir de ce que nous disent les gens. Malgré la violence de la musique, malgré les hurlements et le côté décharné, ils nous disent qu’ils se sentent mieux après avoir écouté notre musique. Plus vivant. 

 

Cet album est une véritable claque émotionnelle. Il n’y a pas d’artifices, pas de grandiloquence. On ne ressent rien d’autre que trois ou quatre personnes qui se mettent à poil sur un album …

C’est quand même l’idée du groupe. Pour moi, je n’imagine pas être différent. L’idée de My Own Private Alaska était quelque chose de très personnel. Enlever les carapaces, le spectacle et le superflu pour se montrer avec nos faiblesses et nos défauts. Montrer le côté humain dans ce qu’il a également de moche. On ne veut pas mentir là dessus. Le jour où ça change, ça veut dire que je n’aurais plus envie de jouer et j’arrête MOPA. 

 

Ce qui est assez dingue chez vous, c’est que l’on peut légitimement se demander ce que vous pouvez à votre formule musicale pour évoluer ou surprendre.
Mais après quelques écoutes, on se rend compte que l’émotion est si prédominante que toutes les barrières stylistiques s’effacent complètement juste au profit du ressenti. On se fout de la forme tant le fond est fort et, je trouve, la parfaite définition de MOPA car peu de groupes peuvent se targuer de pouvoir se satisfaire de l’émotion brute au profit de la musique …

Jordy : Merci. Vraiment, je ne sais pas quoi dire de plus. Tu as totalement compris le but du groupe. On ne veut plus être ce groupe qui a “juste” remplacé les guitares par du piano. 

Milka : Ce que tu as dis, c’est la plus belle des réflexions que l’on a en tant que groupe. C’est un peu le graal pour nous, cette émotion brute. Involontairement, on est à contre-courant de beaucoup de codes musicaux ou sociaux. 

Ross Robinson nous disait de débrancher notre cerveau et de laisser parler le corps car le corps a toujours raison, le coeur aussi même si c’est cliché de dire ça. On a voulu sortir de l’effet “bête de foire” que nous avions au début que nous avons malheureusement un peu cultivé maladroitement au début. “Le groupe sans guitares”, “Le pianocore” ou encore “ceux qui jouent assis”. Aujourd’hui, on veut laisser la place à la musique et à l’émotion. 

 

On a surtout cherché à vous mettre dans une case car on cherche toujours à rassurer les auditeurs avec des choses qu’ils connaissent. 

Tristan : C’est drôle ces discussions car nous existons depuis 2007 mais on y revient toujours à un moment ou à un autre. Aujourd’hui, je ne vois plus en quoi hurler sur du piano est quelque chose de particulier. On ne cherche pas non plus à créer quelque chose qui va simplement nous différencier, on s’en fout si la musique est authentique. En 2024, je ne vois pas en quoi MOPA est surprenant sur la forme. 

 

Sur la forme justement, je dirais que “All the Lights On” est plus arrangé. Je pense au final grandiose de “From Gold to Stones”, à la violence déchirante de “Ka Ora” ou les effets électroniques de “We’re All Die”. Est-ce qu’il y a une volonté d’apporter ces petites touches de nouveautés ? 

Tristan : Sur cet album, on met plus en avant la texture, le bas du spectre et le synthé basse c’est clair si l’on compare à “Amen”. Il y a peut-être plus de percussions, de sonorités un peu inédites mais je trouve que le travail sur le chant est hallucinant. Déjà en amont, il s’est doublé, triplé ou quadriplé pour avoir quelque chose de très poignant. Milka a fait un travail fantastique. 

 

"Toutes ces lumières sont au bout du tunnel, allons les voir. On ne sait pas si c’est simple, on ne sait pas si on y arrivera et ni même ces lumières sont vraiment meilleures que les embûches actuelles mais le vrai combat est d’essayer d’y aller. "

 

La musique est composée en premier et ensuite tu travailles le chant ou alors tout est fait en même temps ? Est-ce que vous travaillez comme tant de groupes à savoir avec le chant qui arrive à la fin ? 

Milka : Je commence toujours par une espèce de chant automatique, sans paroles mais avec des mots, des cris, des mélodies mais rien n'est véritablement formé. Ca vient sur les propositions de Tristan assez vite pour faire bouger la structure en temps réel. 

Une fois que j’ai compris ce que mon inconscient veut dire à travers ma bouche, je commence les paroles (rires). J’ai toujours du mal avec ceux qui écrivent les paroles pour ensuite essayer de les chanter car je trouve que ça manque beaucoup de musicalité en ce sens. C’est difficile de faire rentrer des vers et des phrases quand les mélodies ne sont pas faites car ça s’entend je trouve. Je me laisse porter, parfois des mots viennent et ça deviendra le titre de la chanson alors que je ne sais pas encore de quoi ça va parler.
C’est un processus naturel. Un peu de truc pourri dans ta vie et hop, ça fait une chanson de MOPA (rires). 

 

 

“From Gold to Stones” est le premier titre de l’album et évoque l’Alaska comme “Anchorage” l’évoquait sur “Amen”. J’ai l’impression de voir dans ce texte une métaphore, à travers les pionniers qui n’ont pas trouvé de l’or, la déception des gens qui ne trouvent leur bonheur, la célébrité ou ce qu’il attendait, ce qu’on leur avait promis. Ta façon de hurler “Give Me my Gold” est extrêmement fort …

Il y a un parallèle entre ce qu’on vécu les pionniers qui, comme tu dis, ont été déçu mais aussi ont gagné en autonomie. Ils n’ont pas forcément rien gagné mais ils sont reparti avec beaucoup moins alors qu’ils ont passé 2 ans de leur vie dans le froid et qu’ils ont perdu 15 kilos. C’est très pertinent de dire que les deux morceaux évoquent l’Alaska car je pense que ce sont les seuls et ils sont effectivement en première position. 

Il y a aussi un parallèle avec notre retour de chez Ross Robinson où des portes se sont ouvertes mais d’autres se sont aussi fermées. On nous a déroulé certains tapis rouges mais il faut bosser à côté, et tout le monde ne bosse pas de la même façon. On a fait 120 dates sur 21 pays pour “Amen”, on a donné des centaines d’interview mais au final, on a constitué une équipe qui sont des potes, qu’on a gagné tout seul car on a été assez déçu par certaines promesses, par la faiblesse des réalités. 

Ce qui est drôle, c’est qu’on a cru qu’on revenait de Los Angeles et qu’on étaient riches alors qu’on a monté des tournées “DIY”, sans la vie de palace. Notre “or” si l’on peut dire, on se l’est gagné !

 

Tristan : j’aime beaucoup ton analyse. Je n’avais même pas fais attention que les deux morceaux évoquent l’Alaska mais c’est très vrai. On se fait toujours une histoire d’un morceau et je trouve intéressant de les écouter parce que, en tant que musicien, si on répète les choses, c’est surtout parce que ça sonne bien et que on répète les choses sur un nombre pair. Je termine ma montée de piano et je connais Milka donc je sais qu’il ne va pas se taire (rires). Je pense alors à ce que ça donnera en live et ça donne cette intensité, cette montée en puissance mais ce n’est pas nécessairement pensé dès le début pour ma part en tout cas. J’adore Tool par exemple et on imagine parfois que chaque note, chaque riff, chaque plan est pensé alors que parfois, c’est juste que les choses sonnaient bien ainsi. 

 

"Je conseille à tous les haters de prendre du temps et de ne pas le gâcher à dire de la merde (rires)"

 

MOPA n’est pas un groupe “cool” donc on peut forcément y être très hermétique tant la musique est sans concession. Est-ce que ça peut être frustrant ?

Jordy : Certains peuvent avoir une image de MOPA qui n’est pas vraie. Le départ pour Los Angeles a vraiment changé l’image du groupe et certains ont cru que le groupe était “vendu” parce que c’était moins underground. On ne parle même pas de musique mais d’avis qu’on a pu avoir de nous. Ceux qui disent qu’on ne remplace pas les guitares par du piano, que les choses doivent être “comme ça” et n’écoute même pas la musique mais partent du principe que, de toute façon, c’est non. 

Tristan : Tu mets le doigt sur un truc … est-ce qu’on peut dissocier l’art de ce que ça provoque chez les gens ? Certains vont s’arrêter sur l’imagerie, sur le style et certains existent aussi en ayant un avis sur tout. MOPA permet bien d’illustrer ça car c’est facile d’avoir un avis sur un groupe un peu moins conventionnel. C’est du pain béni de nous critiquer. Pas de guitares, on joue assis, il y a du chant screamo … c’est presque trop facile (rires). On voit des auditeurs ou des musiciens parler de tout sauf de musique. On les aime ou déteste parce qu’il ne mange pas de viande, parce qu’ils ont un avis. On ne peut rien y faire. 

Milka : j’ai arrêté de lire la presse et les réseaux à l’époque de “Amen” justement. Qu’on me traite de vendu parce qu’on allait à Los Angeles alors que j’habitais dans un studio pourri, ça me faisait un peu mal au cul. Les avis étaient très violents. J’ai une grande sensibilité et j’ai été très touché à l’époque donc j’ai tout coupé. Je ne savais plus ce qu’on disait sur moi et ça m’allait très bien. Ensuite les années passent, l’expérience avec et je respecte plus facilement les avis des autres. Je suis plus apaisé et je reste très loin des codes et des avis des autres. J’ai envie d’ouvrir des portes plutôt que de les fermer. Une bonne idée est une bonne idée. 

 

Les réseaux sociaux ont aujourd’hui remplacé progressivement la presse, qui ne tient que par une poignée de passionnés. Mais internet est devenu une jungle avec beaucoup de haine. Néanmoins, quand on lit les commentaires sur vous ou vos clips, on y trouve beaucoup d’amour et de messages positifs. 

Je conseille à tous les haters de prendre du temps et de ne pas le gâcher à dire de la merde (rires). Faites des bisous à vos chéries ou baladez-vous dans la forêt.

Il y a beaucoup de force dans notre musique, d’émotion et peut-être que ça donne envie aux gens de se livrer. Je conçois en revanche qu’on puisse trouver MOPA inécoutable et dégueulasse, je n’ai pas de problème avec ça. C’est ce que ma mère pense et j’aime beaucoup ma maman (rires). On ne fait partie d’aucune chapelle, d’aucun genre à proprement parler. On a joué avec des tonnes de genre et ce sont les auditeurs qui décident. Si on veut nous rapprocher de Amenra ok. De Sigur Ros c’est cool. De Massive Attack aussi. J’adore Céleste mais notre musique n’a rien à voir. Finalement, ce sont les gens qui décident où nous caser.

Jordy : On a parfois des pavés sur les réseaux sociaux qui sont très émouvants. Ce ne sont pas juste des emojis, des gens se livrent vraiment et c’est incroyable. Je m’occupe de la communication et quand je vois certains pavés, n’étant pas forcément littéraire, je ne sais pas répondre à la hauteur de certains messages (rires). Je suis donc désolé de ne répondre qu’un “Merci” avec un cœur car les témoignages sont parfois si personnels qu’ils n’appartiennent qu’à leur auteur. Ça nous touche réellement. 

 

 

La pochette de l’album est un peu particulière. On dirait une photo d’art contemporain (rires). Qui a apporté l’idée ? 

Tristan : On a travaillé avec notre graphiste qui avait aussi bossé sur “Amen”. On avait la volonté d’illustrer de la lumière, d’avoir un côté énigmatique avec ces néons qui flottent dans l’air, qui sont mis dans tous les sens, avec le nom du groupe pas forcément lisible. On évoque quelque chose de différent, qui va vers plus de modernité. 

 

L’album ne sort que en vinyle. Est-ce que c’est une volonté ou une absence de moyens puisque vous n’avez pas de label ?

Un peu des deux. Nous n’avons pas de distributeur physique comme tu dis et autour de nous, il n’y a plus grand monde qui achète des cds. La plupart ont des plateformes comme tu te doutes et ceux qui vont vers l’objet partent plutôt sur du vinyle. 

Quitte à avoir un objet, on préfère avoir quelque chose de plus grand, de plus esthétique et cohérent, avec ce vinyle doré qui représente le premier morceau. On est dans la continuité de “Amen” qui était sorti avec un double vinyle avec un cd et un dvd. Je trouve que pour les gens qui mettent de l’argent dans notre musique, je préfère que ce soit pour un bel objet plutôt qu’un cd que je trouve désuet en 2024. 

 

J’ai lu un message de “Milka” dans lequel tu expliquais les difficultés d’organiser des concerts aujourd’hui, que le groupe était à la fois un musicien, un agent de communication et que c’était à vous de relancer suite aux manques de prévente pour que les shows ne soient pas annulés. Est-ce que c’est plus difficile de jouer aujourd’hui qu’il y a 15 ans ? 

Milka : Affirmatif. J’ai connu les heures dorées avec Psykup où un peu de bouche-à-oreille, trois clics sur internet et tu avais une dizaine de plans pour des dates. C’est fini. 

Aujourd’hui, il y a des groupes qui tournent, qui fonctionnent vraiment bien et qui font des dates partout mais une immense majorité de la profession peine difficilement à exister, à jouer en région donc je ne parle même pas de national. La musique est un secteur où il n’y a plus d’argent mais tu as toujours autant de personnes qui veulent manger sur le gâteau donc c’est compliqué. Je ne parle même pas de gagner de l’argent car tu te doutes bien qu’il est impossible de vivre avec MOPA. On paie l’essence dans le camion et c’est déjà pas mal. Je pense que Total a gagné plus d’argent que nous avec nos tournées (rires). Ce n’est pas évident, il faut garder la foi. La musique est devenue une activité de riches. Les instruments coûtent chers, se déplacer aussi et c’est devenu de plus en plus compliqué. 

Jordy : On voit le cercle vicieux des préventes. Les gens attendent le dernier moment pour prendre des places car il y a eu énormément de concerts annulés sauf que les groupes annulent parce qu’il n’y a pas assez de préventes. C’est donc insoluble et il faut communiquer pour que tout le monde comprennent les enjeux derrière. Il y a toujours de la place pour ceux qui peuvent ou veulent se ruiner à tourner dans toute la France, que ça marche ou pas, pour avoir ta bière à la fin mais jouer dans des conditions décentes devient un vrai parcours du combattant. 

 

"On a cru qu’on revenait de Los Angeles et qu’on étaient riches alors qu’on a monté des tournées “DIY”, sans la vie de palace. Notre “or” si l’on peut dire, on se l’est gagné !"

 

A côté de ça, les grandes salles, les arènes et les festivals se remplissent et sont sold out en quelques minutes. On est prêt à mettre 200€ dans un concert, plus du carburant ou un hôtel car c’est une expérience à vivre, plutôt qu’une scène locale où on se dit “On verra plus tard”. Le fossé entre les gros et le reste de la scène est de plus en plus large.

Jordy : Tu as tout dit. Mettre 10€ ou 15€ est parfois trop, même pour des groupes européens parfois. Alors que tu peux mettre 200€ pour une fosse en stade. 

Milka : Ce sont les chiffres de la culture que tu dis là. Ils sont biaisés par les très “gros” et par le stand up qui a le vent en poupe. A côté, les salles et les associations galèrent vraiment. Aujourd’hui, une salle qui fait 350 ou 400 personnes dans un centre ville, c’est grâce à un groupe établi ou européen alors qu’il y a 15 ans, ça pouvait être juste quelque chose de local. 

Entre il y a 20 ans et aujourd’hui, les jeunes n’ont plus les mêmes habitudes sociétales. La jeunesse ne sort plus le week end, les réseaux sociaux et le COVID a beaucoup joué et on ne cherche plus à savoir ce qui se passe autour de nous. 

Tristan : Les réseaux sociaux ont aussi démocratisé le show, le truc un peu fou. On voit sur nos files d’actualités des vidéos vu 15 millions de fois avec des flammes, des écrans géants, des décors de fou … donc les gens attendent ça. On veut de l’exceptionnel, on veut des choses extravagantes. On ne veut plus quelque chose de grungy ou un peu à l’arrache. 

Je pense qu’on ne veut pas mettre 20 balles pour 4 mecs qui jouent. On s’en branle alors que je peux mettre 200€ pour un show hallucinant, pour de la pyrotechnie, des choristes … donc le quotidien et les petites salles paraissent bien fades à côté. 

 

Pour terminer, si vous aviez un rêve avec MOPA ? 

Jordy : Avoir une fois un jet de flamme sur scène (rires). J’avais le rêve de jouer au Hellfest donc c’est déjà fait. J’aimerais visiter de nouveaux endroits et rencontrer le plus de gens possibles grâce à la musique. 

Milka : c’est grâce à la musique que j’ai découvert des cultures, des lieux et des personnes que je n’aurais jamais rencontré sinon. Je me souviens très bien d’une petite pizzeria en Ukraine, qui était complètement folle, là où aujourd’hui tu as la guerre. On avait dormi chez des habitants … c’était exceptionnel.

Tristan : Je suis peut-être plus matérialiste mais j’aimerais jouer un jour avec MOPA sur un vrai piano. J’ai énormément de respect pour l’instrument, même si je le défonce (rires). Ce serait différent de simplement jouer sur un truc que tu branches. Ce serait fabuleux mais ça coûte très cher et, d’un point de vue sonore, je ne sais pas comment on pourrait sonoriser le piano alors qu’un mec à côté va sortir 103 Db juste avec sa caisse claire sans qu’elle soit sonorisée (rires). Ou peut-être jouer sur un morceau d’iceberg qui dérive de l’Alaska !

[Par Eternalis]

Interview done by Eternalis

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