Salut, vous êtes 2 au sein de Haemoth je crois. Tu peux nous présenter le groupe, nous parler de sa formation ?
Haemoth est composé de Syht et moi-même, ce projet a débuté sous forme de projet solo en 1999. Syht est apparu sur le premier album en tant que batteur.

Vous jouez un black-metal très froid et cruel, fidèle dans un sens aux précurseurs du style genre Gorgoroth, Darkthrone ou Dissection... Mais en même temps, 'Kontamination' le nouvel Haemoth propose une sacré dose d’originalité avec l’apport d’interludes ambiant/industriel encore plus présent qu’avant. D’où vient cette envie ?
J’ai toujours apprécié le mouvement indus/ambiant dans sa forme la plus extrême, selon moi ça s’intègre parfaitement au black-metal. D’ailleurs à l’exception des démos, tous les enregistrements d’Haemoth ont cette touche un peu indus.

Tu évolues aussi dans Spektr qui, d’une autre manière mais pas radicalement différente non plus, propose un hybride entre sonorités industrielles et black-metal. Comment fais-tu la part des choses lorsque tu composes ? Pour être plus clair, j’aimerais savoir lorsque les idées te viennent, comment tu décides du projet pour lequel elles seront destinées ?
Les sonorités industrielles sont bien plus présentes dans Spektr, ainsi que d’autres influences musicales, c’est un concept plus 'objectif' et impalpable. Haemoth est motivé par une haine insatiable, une notion bien plus subjective. Ces projets ne sont pas uniquement un travail musical, il y a beaucoup de différences même si elles ne sont pas forcément évidentes de prime abord, les choses se font très naturellement. Bien souvent basées sur l’improvisation, le problème du choix ne se pose donc pas, à vrai dire je ne me pose pas la question, tout est très impulsif.

Comment composez-vous au sein de Haemoth ? Est-ce un processus en commun ?
Les compositions sont le plus souvent improvisées, je préfère ressentir les choses plutôt que de les calculer, c’est la rage qui parle avant tout. Il n’y a aucune règle au niveau de la composition, je peux travailler un morceau seul tout comme il peut être, et c’est le cas le plus fréquent, totalement improvisé. L’essentiel est que ce soit ressenti, autrement ça n’aurait plus aucune valeur à mes yeux.

La discographie d’Haemoth est très riche (6 démos, 2 split, 3 albums). As-tu une explication pour une telle créativité ?
Les choses se font quand j’en ressens le besoin tout simplement. Ce qui est valable pour la composition l’est également pour le rythme des sorties, il n’y a aucune règle. Ainsi les sorties peuvent être extrêmement rapprochées tout comme elles peuvent être espacées,

je ne vois pas pourquoi on devrait attendre ou se dépêcher dans un processus de création, c’est selon moi la démarche la plus sincère, ça perdrait tout son sens.

Tes textes ne sont pas imprimés dans les livrets des cds que je possède. Est-ce parce qu’ils ne sont pas importants à tes yeux (j’en doute) ? Ou parce qu’ils abordent des sujets polémiques ? Quels sont les sujets que tu abordes même si j’en ai une vague idée d’après les titres des chansons ? D’où te vient l’inspiration ?
Je considère que les textes ne sont pas à dissocier de l’aspect musical dans Haemoth, il ne s’agit pas d’un recueil de poèmes… Les émotions et intentions doivent être perçues dès les premières notes quelque soit le langage utilisé, la haine est une langue universelle. Les thèmes abordés sont influencés par le vécu et le ressenti avant tout, Haemoth n’est certainement pas une distraction de fin de semaine, c’est un tout. L’humain est le nerf central des textes, il y est question de violence, de haine, de misanthropie, de religion, de Satanisme etc. J’insiste sur le fait que j’utilise la religion dans une forme métaphorique aussi bien dans les textes que sur le plan visuel, je n’ai jamais vénéré une chèvre 'diabolique' ou autre fantaisie du genre, c’est complètement stupide, pourquoi ne pas aduler l’enfant d’une vierge tant qu’on y est ? De même le Satanisme est une philosophie, pas une religion, comprenne qui pourra.

La haine de l’Humain est un thème récurrent et incontournable au sein de la scène black-metal. Mais que penses-tu du suicide (John Nodtveidt récemment) ? Ne penses-tu pas que cette profonde misanthropie trouverait un plus logique aboutissant dans le meurtre de masse que l’auto-destruction ?
La haine de l’humain est un thème récurrent que peu comprennent réellement, recopier sans penser ne sert à rien à part créer une illusion bien fragile. Le suicide et le meurtre de masse sont des réactions extrêmes intéressantes, pour ma part le suicide n’est pas forcément le résultat de la misanthropie mais simplement d’un mal être/dépression. La misanthropie ne se traduit pas obligatoirement par le suicide, ça représente simplement la haine du genre humain : fuir ses semblables, insociable… et pourquoi pas meurtre en masse, on pourrait d’une certaine manière l’y associer. On est ici très loin de l’amour pour son prochain. J’ai vraiment aimé les deux premiers albums de Dissection c’est un fait, maintenant ça ne me fait ni chaud ni froid que son leader se soit supprimé, je ne comprend vraiment pas d’où provient toute cette compassion pour quelqu’un que la plupart des gens n’ont même jamais vu… Je ne considère pas le suicide comme un acte prônant la haine du genre humain, à moins que le suicide intervienne après le meurtre en masse, ce qui est

rarement le cas. Le suicide est plus une faiblesse pour moi, je pourrais à la limite concevoir que ça puisse être la recherche de sensations fortes, ce serait une optique intéressante.

Je ne connais pas 'Satanik Terrorism', votre premier album (je ne vais pas tarder à me le procurer). Les critiques que j’ai pu en lire sont très positives. En quoi diffèrent-ils des 2 suivants ? Es-tu du genre à préférer toujours ton dernier enregistrement comme la plupart des musiciens ? Ou vois-tu toutes les prods d’ Haemoth comme un bloc entier difficilement séparable ?
'Satanik Terrorism' est un album un peu plus direct sur certains points, à mes yeux il ne diffère pas tant que ça des suivants au niveau des compositions, le son est peut être un peu plus froid mais ça reste du Haemoth. Les enregistrements d’Haemoth sont un tout indissociable, pour moi aucun n’est meilleur ou moins bon que les autres, ils représentent simplement Haemoth à un certain moment, une émotion négative captée sous le coup de l’impulsion. Effectivement beaucoup de musiciens prétendent que leur dernier enregistrement est meilleur, est-ce que l’on doit attribuer ça au sentiment d’évoluer d’album en album ou plus probablement à la promo ? Je ne sais pas. Quoi qu’il en soit nous ne cherchons pas à évoluer avec Haemoth, les choses se font naturellement.

Quelle est la signification du terme Haemoth ?
Haemoth est le nom d’un démon, qui définit et représente assez bien les idées véhiculées par ce projet.

Comment t’y rends tu pour enregistrer ? Possèdes-tu un home-studio ?
J’enregistre et mixe tout moi-même, je travaille seul de la composition à l’artwork, ça ne pourrait pas être autrement.

Cultives-tu des liens étroits avec la très riche scène black-metal française ?
J’ai quelques contacts étroits et sincères, mais ce n’est pas parce que j’ai en face de moi quelqu’un qui écoute du black-metal qu’on va forcément s’entendre.

Ta position par rapport à l’idéologie NS qui ronge le black-metal ?
Le black-metal n’a rien de politique, comment peut on prôner le chaos et la haine de l’humain en glorifiant une race et en insufflant une morale ? Le black-metal est un art noir, pas un parti politique.

Parle-nous stp de tes projets avec Haemoth et Spektr pour finir. Je te laisse les mots de la fin, merci à toi.
Une sortie est prévue pour Spektr mais je ne peux pas en dire plus pour le moment, c’est encore un peu flou. Le prochain album d’Haemoth devrait voir le jour d’ici 2007. Un enregistrement de Demonium et un mcd d’Inpestae (un projet solo) devraient sortir aussi prochainement.

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Interview done by DJ-in-extremis

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