Nojia

Les groupes à proposer des premiers albums véritablement marquants et témoignant d'une véritable personnalité sont, en 2011, une chose devenant des plus rares. Et il n'a pas rare, aujourd'hui, que les labels ne fassent même plus l'effort de faire confiance à un jeune groupe, probablement peu rentable, au profit d'autres même moins créatifs. Aujourd'hui, c'est Nojia qui propose son premier disque, et l'amateurisme n'est clairement pas de mise. Une musique personnelle, instrumentale, originale et parfois expérimentale...et c'est Klonosphere qui ont décidé de leur faire confiance. Entretien avec le maitre à penser du combo toulousain, le guitariste Ridy Schwab, peu loquace, à qui il a fallu légèrement tirer les vers du nez... [Par Eternalis]

interview Nojia1 - Salut Rudy ! On va commencer simple…qui dis premier album dis première interview et une petite présentation de Nojia !
Le groupe s’est formé en 2007, j’avais un projet de musique instrumentale d’un peu près une heure et je cherchais des musiciens. Je connaissais déjà Mickaël et Fred, le bassiste/guitariste, donc c’est comme ça que ça a commencé.
On a pris plus tard Franck Douet à la batterie et voilà, on en est là aujourd’hui avec un album.



2 – « Solarchitect » est un ambitieux album complètement instrumental de 65 minutes. Est-ce que tu peux m’en parler un peu plus ?
Pour le présenter…hum…on a essayé de faire (ndlr : il cherche ses mots)…c’est beaucoup d’idées de base que moi j’amène, et après, on compose avec beaucoup d’impros. On a des idées directrices et on essaie de broder autour plusieurs minutes pour voir ce qu’il en ressort et l’émotion qui s’en dégage. Après, on structure… « Solarchitect », il n’y a pas vraiment de message profond, c’est plutôt de la musique pour de la musique, ou ce qui ressort de quatre gars enfermés dans une salle…



3 – On peut penser inévitablement toujours aux mêmes groupes que sont Isis, Neurosis, Cult of Luna ou même les nantais d’Abysse mais votre son est, quelque part, moins opaque. Même si les paysages musicaux sont longs et mélancoliques, je trouve qu’il y a une certaine lumière dans votre musique…qu’en penses-tu ?
C’est vrai que Cult of Luna revient aussi souvent comme nom, Isis et Neurosis aussi…alors c’est vrai que nous en sommes influencés, mais comme tu dis, c’est plus lumineux. On essaie de noircir l’ambiance mais pas de la même manière.
On essaie de faire des choses expérimentales, que ce ne soit pas très simple à écouter mais pas non plus que les auditeurs soient largués, qu’ils abandonnent l’écoute après les premières minutes comme cela peut arriver…et en cela, faire des choses un peu plus clairs, et un peu plus simple à écouter dans le sens que c’est moins compact qu’un Neurosis.


4 – La pochette est très introspective, propre à la rêverie et au voyage. Solarchitect est une donc une invitation au voyage pour toi ?
Oui complètement. Comment dire…la pochette est à l’image de l’album, c’est-à-dire sans mot. Comme ça, l’auditeur peut se faire ses propres images.
Quand j’ai réécouté l’album après l’enregistrement, j’avais de nouvelles images en tête parce que c’était la première fois que je l’écoutais en tant que simple auditeur. Du coup, je ne voulais pas que ces images qui étaient dans ma tête ne soient explicitement sur la pochette ou dans l’album, ou que j’aie à les expliquer. Je préfère que chacun se fasse son propre voyage comme tu dis…je trouve ça plus rigolo (rires).



5 – Est-ce que le fait d’être instrumental est une volonté ou une contrainte de ne pas avoir trouvé de vocaliste qui vous convenait ?
Non c’est complètement un parti pris depuis le début. Nous avons commencé en trio et nous avions déjà en tête de faire de la musique instrumentale sans chanteur…ça n’a donc pas changé.

6 – Mickaël était initialement batteur dans Nojia, et il est le bassiste de Eryn Non Dae…je suppose que ça doit être pratique pour composer d’être multi-instrumentiste ?
Oui. C’est un peu…(
interview Nojiandlr : il hésite encore)…moi j’apporte les lignes directrices, l’ambiance et compagnie. Je ne suis pas vraiment un bon musicien donc lui, il est là pour harmoniser l’ensemble, il m’aide beaucoup et il a toujours de bonnes idées pour structurer les idées. Il essaie de faire les choses les moins pompeuses possible et essaie de faire le lien entre moi, le bassiste et le batteur. C’est un peu le liant entre nous tous.

7 – Il y a un côté très répétitif dans Nojia, mais pas aliénant ou schizophrénique…on dirait plutôt que la musique vit et poursuit sa propre évolution, comme si vous n’étiez qu’un vecteur et que vous la laissiez aller toute seule…
C’est notre premier album donc, quand on a commencé, c’était la première fois pour tout le monde de faire de la musique instrumentale, sans chant et sans structures « normales ». Du coup, c’était assez difficile de savoir si notre musique allait plaire, allait avoir de l’intérêt et si nous tenions vraiment quelque chose de cohérent. C’est pour ça que nous avons capturé des thèmes dans nos impros, et de faire des morceaux avec plusieurs thèmes dedans. Ensuite, le plus gros du travail était de lier les idées entre elles, de les fusionner ensemble pour obtenir une cohérence homogène, ce qui fut assez long dans l’ensemble.

8 – Vous jouez dans un secteur qui est aujourd’hui archi-bouché…on voit des tonnes de groupes s’inscrire dans une veine post-hardcore…n’as-tu pas peur que Nojia tombe dans la masse à cause de ça ?
C’est un risque c’est sûr. On le sait mais on essaie d’avoir une dimension plus progressive, de partir dans des styles plus différents. Quand on parle de Isis ou Neurosis, c’est de la musique relativement homogène par album, ça ne part pas vraiment dans tous les sens.
Quand tu écoutes Fracture par exemple, la dernière, elle est très sombre et progressive, et quand tu compares celle-là avec la première ou la troisième de l’album, il y a un énorme fossé. On va essayer justement dans l’avenir de developper cela, d’être différent à l’intérieur même de nos albums.
Après, on ne se considère pas comme un groupe de post-hardcore puisque déjà, la plupart du groupe ne sait pas ce qu’est vraiment le post-hardcore parce qu’à part Neurosis, je ne connais pas grand-chose. Au final, je ne sais pas trop quoi répondre puisqu’à chaque fois, on me dit ça « post-hardcore, post-hardcore… » mais on est pas trop dans le milieu.
Moi j’écoute plus de musique prog’ mais instrumental, comme Prevent, Magma ou Gwapo, et c’est plus ça qui m’influence, plus que des groupes de metal ou de post-quelque chose…


9– Comment vois-tu l’évolution du groupe ? Est-ce que vous pensez déjà à un 2e album ?
Ouais en partie…ça fait un moment que l’on a fini l’enregistrement de Solarchitect et j’ai quelques pistes sur le prochain. L’évolution…ce sera encore plus des thèmes, plus cinématographiques et moins de gros riffs metal. On veut se détacher de plus en plus du metal de base.
Plus ambiancé mais toujours avec beaucoup de différents climats, très flué et avec de gros passages comme il peut avoir sur la fin de Solarchitect, en restant le plus cohérent possible, si on essaie.


10 – La scène metal actuelle n’a jamais été aussi grande mais paradoxalement aussi avare en réelle nouveauté et expérimentations…est-ce que tu te retrouves dans la nouvelle scène metal ? Quelles sont t
interview Nojiaes influences musicales ou extra-musicales pour composer ?
Dans le metal actuel…depuis un ou deux ans, je n’ai pas dû faire de découverte en metal. Un peu de death, comme Martyr dernièrement, mais depuis quelques années, je suis vraiment dans d’autres styles…
J’essaie de me détacher au maximum de la guitare et des instruments traditionnels pour composer et m’inspirer. J’écoute pas mal de drone qui utilise le « son » plutôt que des instruments, et j’essaie de puiser là-dedans pour, une fois en groupe, essayer de retrouver des sonorités similaires mais avec nos propres instruments.


11 – A quoi ressemble un concert de Nojia ? Est-ce que ce n’est pas trop difficile de capter l’attention d’un public qui ne vous connait pas forcément ?
C’est pas évident, et moi encore plus que les autres puisque ce sont vraiment mes premières scènes, comme c’est mon premier groupe. Donc ce qui était dur pour moi, c’était d’attendre la première réaction du public après le premier morceau, qui doit durer 10/15 minutes. Donc jouer autant sans savoir du tout ce que pense le public, sans applaudissements ni rien, c’est difficile en effet.
La première, à chaque fois, je n’arrive pas à me lâcher tant que je n’ai rien ressenti du public, tant que je ne sais pas comment c’est appréhendé et vu par les gens extérieurs. Cela reste assez spécial comme musique…ce sont nos premières dates donc c’est encore frais et nous devons encore mieux nous préparer pour être plus performant sur scène.



12 – Comment se passe la collaboration avec Klonosphere pour la promo de l’album ?
Je n’en ai absolument aucune idée ! C’est le batteur qui s’occupe de tout ce qui est promo. Je ne sais même pas si ça a commencé ou non…(ndlr : étant en stage chez Klonosphere actuellement, je lui ai confirmé que, en effet, la promo avait commencé !).

13 – On vous sent complètement dans votre monde quand on écoute « Solarchitect ». Est-ce que c’est une manière de quitter un tant soit peu la société, de faire le vide pour ne pas être étouffer par toutes les merdes que l’on peut voir dans la rue, aux infos, dans le monde… ?
Peut-être qu’inconsciemment, ça a été une catharsis. Notamment quand on joue en studio ou en concert, ça permet de se vider la tête et de ne plus penser à rien d’autre mais comme je te disais, ce n’est pas quelque chose qui était réfléchi ou qui véhicule un quelconque message. Je ne suis pas particulièrement torturé (rires). C’est à la fois personnel, égoïste mais on le partage pour que les autres puissent ressentir nos émotions.

14 – Une petite dernière question que j’aime bien pour mieux te connaitre… :
- Ta dernière grosse claque musicale ? un groupe qui n’existe plus, No-Man(ndlr : pas celui de Steven Wilson), très fantomatique, des voix très sombres féminines et masculines, une batterie catshy. Le groupe n’existe plus et a sorti seulement deux albums mais c’est super sympa.

- Ta dernière claque au cinéma ? Un film…rien. Sinon, je dirais la 2e saison de Walking Dead.


- Le dernier livre qui t’as impressionné ? Je n’ai pas lu depuis des années (rires).


15 – Merci beaucoup à toi Rudy. Je te laisse les derniers mots pour nos lecteurs et le soin d’ajouter ce dont tu as envie !
Non rien de bien particulier…achetez le cd (rires).
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Interview done by Eternalis

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