Ash Twin Project


 

Le groupe Ash Twin Project, qui sort ces jours-ci son LP "Tales From a Dying Sun" dispensant un metal progressif contemplatif et onirique, est arrivé à illustrer de belle manière l'univers d'un jeu vidéo, sans qu'on ait besoin d'y avoir joué. Les membres du groupes nous en disent un peu plus...
(propos recueillis par JeanEdernDesecrator)

SE PRENDRE AU JEU

JeanEdernDesecrator (Spirit Of Metal) : Bonjour, votre groupe doit son nom à un lieu d'un jeu vidéo, Outer Wilds, mais ce n'est ni du dungeon synth, ni du metal 8 bits... est-ce que vous pouvez nous présenter la musique d'Ash Twin Project ?
Ash Twin Project :
Salut ! A vrai dire, certains morceaux ont été composés avant que le projet n’établisse un lien thématique avec le jeu vidéo. C’était en premier lieu des compositions instrumentales de notre batteur Thibault. C’est à partir du moment où il a choisi de réunir une équipe pour les jouer en live qu’il a proposé à Eglantine de rejoindre le projet. Qui dit chant, dit thème à aborder, et le choix de faire un hommage à Outer Wilds a été logique pour Thibault, qui a été profondément touché par ce jeu. Concernant la musique, on essaie de maintenir une direction artistique où se rencontrent la sincérité d’une émotion brute et accessible, et des compositions riches en complexité, tant rythmiquement que dans l'écriture. C’est cet équilibre que l’on cherche, et c’est un équilibre qu’Outer Wilds maîtrise parfaitement d’ailleurs ! On peut se prendre la tête sur le sens de la vie devant un délire métaphysique, mais aussi simplement discuter avec un ami au coin du feu, avec un sentiment de simplicité et de nostalgie. Concrètement pour nous, ça revient à faire de la polymétrie et des accords avec plein de notes, mais sans tomber dans la démonstration technique. Le côté atmo et le chant clair et catchy d’Eglantine apporte beaucoup sur ce plan-là.

 


 
JeD : Quelles sont vos influences ? Ash Twin Project me ferait penser à un mélange entre The Gathering et The Mars Volta...
Thibault :
Tu n’es pas le premier à faire la remarque ! Bizarrement, même si j’apprécie beaucoup les deux groupes que tu cites, je ne les pas énormément écoutés. En revanche j’ai saigné Opeth, Leprous, Porcupine Tree… Je pense qu’on peut retrouver aussi du Pain of Salvation, du Oceansize, du Radiohead, du Psykup voire même des trucs complètement différents comme Hiatus Kaiyote ou Moonchild dans certains passages. Mais je t’avoue ne pas m’être posé la question avant avoir terminé l'écriture. Le fait que mes compos aient été interprétées et modifiées par les membres du groupe a certainement beaucoup joué sur le rendu final, chacun arrivant avec son riche bagage !
 
JeD : Vous faites partie de plusieurs groupes différents, comment et à quelle époque vous êtes vous rencontrés ?
Robin:
J'ai rencontré Thibault quand il avait un jour et moi un peu plus de 6 ans. Avant ça, j'ai connu Niko (qui a enregistré les parties screams et growls en tant que guest) à l'école, en CP. Dès l'adolescence j'ai joué avec lui dans Alshamath, et j'ai régulièrement joué pour le fun avec Thibault à qui je faisais écouter beaucoup de musique. Après le BAC, je suis parti étudier au conservatoire des landes ou j'ai rencontré Romain qui y était élève. On est resté en contact, j'ai eu la chance de commencer à jouer avec lui dans Scars On Murmansk pour un remplacement. En 2013 on a monté Prophetic Scourge, groupe de Death Prog que Thibault a rejoint à la basse en 2016.
Entre temps je suis devenu prof et j'ai été embauché au Florida à Agen, très belle salle de musiques actuelles où j'ai rencontré Stéphane qui y est prof de basse. Thibault et Stéphane se sont retrouvés sur une formation commune au conservatoire d'Agen, même conservatoire où on a eu la chance de croiser Eglantine qui y a poursuivi un cursus d'étude sur lequel on intervient avec Stéphane.
Beaucoup de rencontres liées donc au conservatoire, assez banal pour un groupe de profs !


GENESE D'UN SOLEIL MOURANT

JeD : Comment avez-vous composé et mis en place les morceaux de "Tales of a Dying Sun" ?
Thibault :
Pour la composition, on est loin de l’absinthe et des bars à opium, ça a été globalement moi devant mon ordinateur pendant les siestes de ma fille. J’ai pas forcément de méthode rigoureuse, juste des périodes où une routine s’installe, du temps, et beaucoup de choses qui finissent à la poubelle. C’est des périodes éprouvantes de remises en questions, mais c’est aussi parfois des erreurs qui par miracle ouvrent une autoroute, et le morceau est fini en 30 minutes. La seule chose que j’essayais de garder en ligne de mire c’était une cohérence, pour éviter l’effet « patchwork » qu’on peut retrouver dans ce style.
Eglantine : Pour ce qui est des lignes de chant ça a été pas mal de travail à distance ! Thibault m'a envoyé des premières versions de textes avec des timecode, et quelques indications. En général je compose d'abord les mélodies et je modifie les paroles pour essayer de coller au phrasé. Il arrive aussi que certains mots, d'eux-mêmes inspirent une forme de musicalité. Le tout est de trouver un équilibre entre le fond et la forme.
Une fois que j'arrive à me fixer sur une idée on se renvoie plusieurs versions, on réécrit, on change d'avis jusqu'à ce qu'on tombe d'accord. On a tous des bagages et des influences très différentes, ça rend nos échanges extrêmement riches et c'est très stimulant.

 
JeD : Comment s'est déroulé l'enregistrement ?
Ash Twin Project :
On a tout fait nous-même, entre chez Thibault et Robin. Malgré quelques soucis d’accordage de guitare (positions d’accord pas très conventionnelles + canicule = ça bouge) tout a été assez limpide. Certains morceaux n’avaient jamais été joués en groupe avant, et donc quelques ajustements et modifs de dernière minutes ont été apportés par tous les membres du groupe.
 
JeD : Vous avez invité Nicolas Lougnon pour faire des vocaux, pouvez-vous m'en parler ?
Ash Twin Project :
Certains passages étaient plus que propices pour accueillir du chant saturé, et c’est une esthétique fortement ancrée pour Romain, Robin et Thibault. Ce dernier avait déjà les parties de scream en tête et a proposé à Nico de les interpréter. Ami d’enfance de Robin, il était le chanteur dans leur groupe Alshamath, et n’avait pas fait de chant saturé depuis de nombreuses années. C’est pour cela qu’il a accepté la collaboration sans poursuivre sur le long terme, jugeant ses capacités vocales limitées, et ayant d’autres projets musicaux déjà assez prenants. En attendant que l’un.e d’entre nous se mette à crier, ou qu'un membre se rajoute, le groupe performe sans les parties scream.

 

 
JeD : Cinq titres on pourrait croire à un EP, mais 37 minutes, ça fait un album ; comment voyez-vous votre disque ?
Ash Twin Project :
Au tout départ le projet était effectivement de sortir un EP autoproduit. Avec le temps, une thématique et une intention conceptuelle s’est dégagée, et c’est traditionnellement plutôt des traits qu’on attribue à un album ; une pièce à prendre dans son ensemble. Dans tous les cas le format de l’album n’est plus si hégémonique aujourd’hui, mais c’est ce qui nous semblait correspondre le plus à ce que nous proposions. Le fait que notre label Klonosphere ait porté un intérêt au projet n’y ait pas pour rien non plus !
 
JeD : Vous n'avez pas de style défini, et pourtant votre musique a une grande cohérence dès ce premier album. C'est venu comme ça ou c'est le fruit d'une réflexion concertée ?
Thibault :
Je suis ravi de l’entendre en tout cas ! Comme je disais, même si j’aime écrire de façon linéaire je tiens à ne pas tomber dans des compositions trop décousues. Encore ici le chant d’Eglantine et le travail du son et de l’atmosphère a un gros rôle.
 
JeD : Les ambiances ont une grande place dans vos compositions et sont très cinématographiques, vous avez utilisé d'autres instruments comme des claviers ?
Ash Twin Project :
Oui il y a eu pas mal de travail sur la production et le sound design. Du côté électronique, on a utilisé des sons de mellotron et de piano, le tout avec des effets, et programmé. Du côté acoustique on a fait certaines ambiances simplement avec une guitare et des effets. On a aussi réutilisé l’OST d’Outer Wilds (ralenti, passé à l’envers, noyé dans les effets) pour faire quelques samples.

 


 
JeD : Comment avez vous choisi l'artwork et qui l'a réalisé ?
Ash Twin Project :
Le dessin a été fait par Dipa, qui a réalisé une de nos lyric video. Thibault l’a ajusté pour faire le rendu final.
 
JeD : Le jeu Outer Wilds a un côté enfantin, comme Le Petit Prince qu'on pourrait explorer en 3D, mais des mécanismes réalistes où on doit jouer avec la gravitation, et mourir et se réincarner pour poursuivre l'histoire... Qu'est ce qui vous a inspirés dans ce jeu et que vous avez voulu mettre en musique ?
Thibault :
Comme beaucoup, j’ai de suite été saisi par une sorte de puissante nostalgie en y jouant. Que ça soit la musique, l’environnement, le lore, tout m’a profondément marqué ; et peu d’œuvre, même musicales, resteront aussi fortement ancrées. Ce jeu a été en plus un compagnon de route à un moment important. Il est pour moi une ode à la curiosité, au moment présent, et à l’amitié. J’ai aussi toujours adoré les réflexions autours de la notion de cycle. J’imagine que c’est les similitudes entre la proposition artistique et ma sensibilité en tant que musicien qui m’a aiguillé sur l’inspiration. Comme je disais plus haut, c’est pour moi l’équilibre parfait entre complexité, philosophie, soif de compréhension de l’inconnu d’une part, et émotion brute et viscérale d’autre part.
 
JeD : Est-ce que vous avez fait écouter le disque aux créateurs de Outer Wilds ?
Ash Twin Project :
Pas encore, il faut qu’on le fasse ! Mais on les avait contactés au préalable pour savoirs s’ils étaient ok qu’on sample certains passages. En tout cas on serait honorés si ça parvenait à leurs oreilles.
 
JeD : Est-ce que vous avez des concerts prévus ? Votre musique se prêterait bien au live...
Ash Twin Project :
Les choses s'activent, il y aura des concerts cet été et à l'automne, mais rien n'a encore été officialisé pour le moment... On a hâte !
 
JeD : Quelques mots pour finir ?
Ash Twin Project :
Merci beaucoup pour les questions, on a adoré y répondre

 

 

Interview done by JeanEdernDesecrator

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