1. BOUCHERIE

Tranchées, viande sale, parqués sous terre,
Noyés dans la boue, grouillants de miasmes
Souillés, dévorés, envahis de parasites
Les mouches, les rats, et l'odeur de la mort

La terre grise de poudre, retournée par les obus
Les troncs déchiquetés, les débris, les barbelés
Les cadavres boursouflés, les cris d'agonie
Loin de l'enfer du front, on ordonne "A l'assaut!"

La broyeuse, la trancheuse, la grande usine à chair
Les corps désarticulés s'entassent
Et leurs effluves s'élèvent en brouillard putride
Loin de l'enfer du front, on ordonne "A l'assaut!"

Les attaques incessantes, l’attente interminable
Boucherie, "A l'assaut!"

Piégés dans le charnier, la mort pour seule issue
Boucherie, "A l'assaut!"

Tranchées, viande sale, parqués sous terre,
Le froid pénétrant, la faim et la peur
Gémissements inutiles, râles des mourants
Entre les lignes, l'horreur, la terreur et la mort

Milliers de vie fauchées pour quelques mètres
Les membres arrachés, les entrailles et le sang
Sifflement des balles, tonnes d'acier, la mitraille
Loin de l'enfer du front, on ordonne "A l'assaut!"


2. PRÉSAGES

Le jour final est venu,
Aucun ne survivra
A l’orage meurtrier,
Des torrents d’acier déferlent sur nos terres,

Les légions avancent sans pitié,
Esclaves d’une vile théocratie inspirée par la haine,

Pillant et violant pour satisfaire leur dieu fou.
Des oiseaux de proie mécaniques,
Vomissent le feu et le sang,

Les cieux se déversent en pluie de mort. Les bombes ravagent les cités,
Vitrifient les terres ancestrales, Carbonisent les femmes et les enfants.

Des soldats sans merci
Ravagent les rues,
Tirent à vue sur tous ce qu’ils croisent.
Et jouissent du carnage qu’ils commettent.

L’horizon s’embrume,
Neurotoxines, Extermination en éprouvette,

Suffocation infâme,
Les organes se liquéfient, les yeux sortent de leurs orbites
Dans un nuage immonde
La nuit dévore le monde.

Les corps pourrissent,La puanteur s’étend,
Bombardement, le nettoyage enfin s’achève.

Violence canonisée.
Massacre des faibles.
Perdition consacrée.
Armageddon... Apocalypse!


3. L'ÉVEIL

Par cette nuit noire imprégnée d’effluves impies,
La mémoire ravivée par le baiser brûlant du vin rouge sang,
Laisse entrouvrir ses portes d’albâtre sur un passé ancien,
Et apporte les visions de moments enterrés depuis bien longtemps,
Lorsque des silhouettes nues et cornues,
Dansaient autour des feux imposants,
Au battement des tambours, en une célébration nocturne
Du renouvellement.

Sous des arbres millénaires, d’innocentes dryades
S’accouplaient avec de priapiques satyres,
De vicieuses nymphes empalées sur des sceptres rigides,
Louaient le nom du puissant maître de toutes choses.

De vicieuses nymphes empalées sur des sceptres rigides,
Louaient le nom du puissant maître de toutes choses.
Sous des arbres millénaires, d’innocentes dryades
S’accouplaient avec de priapiques satyres,

Elles s’éveillaient
De nouveau au monde
Dans un cri profond,
Absorbaient la liqueur brûlante, l’essence de la bête.

Et dans les langues du feu, libres d’enchevêtrer
La pureté et l’animalité, la colombe et le lion

Les échos des cavernes et le son de la flûte de Pan,
Se joignaient aux gémissements saphiques,
Les caresses et halètements des amants tachés par le péché,
S’élevaient dans la nuit sombre
Alors que la nichée du serpent s’agrandissait,
Avide de boire au calice de la luxure dans cette noire célébration à la vie,
Et de succomber à la caresse morbide,
En une offrande lascive à Bacchus et Vénus.

Sous des arbres millénaires, d’innocentes dryades
S’accouplaient avec de priapiques satyres,
De vicieuses nymphes empalées sur des sceptres rigides,
Louaient le nom du puissant maître de toutes choses.

Elles s’éveillaient
De nouveau au monde
Dans un cri profond,
Absorbaient la liqueur brûlante, l’essence de la bête.

Et dans les langues du feu, libres d’enchevêtrer
La pureté et l’animalité, la colombe et le lion.


4. ILIADE

Enfilez vos cnémides, vos cuirasses et vos armes d’acier
Allez conquérir ces territoires hérétiques.
Leurs pensées impures, doivent être bannies

Du haut de ma tour, je vous dicte mes paroles ailées.
Je rassemble mes nuées pour bouffer l’ennemie,
Notre empire doit s’étendre, et détruire l’hérésie,
Massacrer les mécréants

Libation de sang
Offrande d’organe
Immolation par le feu
Hécatombe d’ogive

Lâche
Au loin les explosions, les sifflements, je tremble, je transpire
Mon slip est humide, les hurlements me terrifient.
J’ai peur, je fuis. Soudain, la détonation, mes yeux se troublent,

Je ressens le vide en moi.
Je m’écroule, le visage dans mes viscères.

Saignez, et mourrez,
Pour moi,
Déchiquetez transpercez
Postérité,
Saignez, et mourrez,
Pour moi,
Déchiquetez transpercez
Postérité,

Libation de sang
Offrande d’organe
Immolation par le feu
Hécatombe d’ogive

Fort,
Je porte mes testicules au bout de mon fusil,
Je suis le chasseur, j’aime les entrailles.
Au loin, je vois le fuyard, le fourbe, l’effrayé.
J’appuie sur la détente, le couard s’écroule.

Je suis bien.