Lofofora : Mémoire de Singes

Fusion / France
(2007 - At(h)ome)
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Lyrics

1. MEMOIRE DE SINGES

De mémoire de singes, on avait jamais vu ça, une pareille agitation parmi ceux qui marchent debout.
Trois millions d'années à déconner et voilà le résultat : la terre brûlée, la mer ruinée et dans le ciel un trou.
Et bien riez maintenant, pauvres fous !
N'ayez pas de regret, on en aura bien profité.
C'était le prix à payer, nous reste à finir en beauté.
Non, personne ne saura jamais ce qu'on aurait pu faire, ce qu'il restait à essayer.
Plus d'air à respirer, bientôt les réserves sont vides.
Le sable a déjà com­mencé à recouvrir la ville.
Plutôt qu'on agonise jusqu'à prétendre au maléfice, je préconise qu'on en finisse dans un grand et beau feu d'artifice.
Approchez messieurs dames pour un spectacle inou­bliable, garanti sans trucage car ici tout est véritable.
Applaudissez le grand cirque de la honte et de la disgrâce.
Tous les numéros se surpassent jusqu'à extinction de la race.
Au­ delà de l'imagination et occasion ne soyez pas en reste, faites la queue comme tout le monde, prenez vos tickets à la caisse!
Toujours plus fort, encore plus loin, on ne recule devant rien.


2. NOUS AUTRES

Nous avons grandi dans les caves, mais on connaît le bruit du vent.
Chez nous on jouit et on en bave, la vie se conjugue au présent.
On ne se bat pas pour le salut de notre âme ni de notre cul mais pour garder la tête haute sans devoir se rejeter la faute.
De drapeaux et d'emblème, nous n'avons nul besoin pour sentir dans nos veines le feu qui nous rejoint.
Nous sommes nés fauteurs de trouble, non solubles dans les conventions.
Plutôt crever touchés par la foudre que de s'en faire une reli­gion.
Nous autres du vacarme, irrécupérables .
Nous autres du vacarme, de quoi sommes­ nous capa­bles ?
Le monde est à nous parce que nous savons bien que le pouvoir rend fou et que rien ne nous appartient.
À vous compagnons de la route, au loin l'horizon nous attend.
Quoi qu'il en soit et quoiqu'il en coûte, seul le chemin est important.
J'en suis sûr, on se retrouvera même si l'aventure nous sépare.
Après tout qui vivra verra, je te souhaite d'apprécier ta part.


3. DERNIER JUGEMENT

Il n'aime pas nous voir jouir de nos sexes brûlants d'insouciance, ne tolère pas de plaisir qui n'aurait pas son revers de souffrance.
Sur le front des martyrs, au ventre des enfants, dans nos derniers soupirs aux couleurs de châtiments, pour se prouver qu'il existe à défaut d'être vivant, Dieu aime le sang.
Tous les carnages qu'il inspire sont comme autant d'hommages à sa puissance.
On lui doit l'air qu'on respire, la vie, l'amour et la potence.
Il sait punir les impurs tout comme les innocents, de victoires en blessures, on lui reste obéissants.
Pour se prouver qu'il existe à défaut d'être vivant, Dieu aime le sang.
Goutte après goutte, le doute s'installe, mais Dieu s'en moque, il s'en lave les mains sales.
Malheur à toi fils de chien, si tu crois qu'il ne voit, qu'il n'entend rien, sur l'axe du mal et du bien, il reconnaîtra les siens.
S'il a fait l'homme à son image, pourquoi vouloir à tout prix l'imaginer plus solide et moins sauvage que le monstre pathétique qu'il a dessiné ?


4. TOUS LES MEMES

On aura tout entendu, on aura tout vu et pourtant rien compris.
On aura tout avalé tout cru, tout recraché et toujours rien appris.
Alors ça dérouille, ça déraille, ça matraque, ça mitraille et ça fait toujours mal.
Ça tiraille vers le bas, ça rentre dans le tas, ça fait pas dans le détail.
Dieu merci nous sommes civilisés, où l'on passe rien ne repousse après.
Évitons la pitié, c'est cruel et concret la jungle organisée.
Sans tarder, choisir vite, devenir le venin ou se laisser manger.
Tous en avant pour la fuite depuis le temps qu'on répète qu'on ne peut rien y changer.
Mais moi je n'y peux rien, je ne suis qu'un être humain, victime de mon destin, un être humain qui dérouille, qui déraille, qui matraque, qui mitraille, qui fait si bien le mal, qui tiraille vers le bas, qui rentre dans le tas, qui fait pas dans le détail.
À quoi peuvent rêver les hommes quand ils ne croient plus en rien.
Sous la pensée uniforme, la lumière passe de moins en moins.
À quoi peuvent rêver les hommes quand plus rien ne les retient, s'ils prennent plus qu'on leur donne, aussitôt, coupez leur la main.
Facile à dire, pour ne rien faire, on est tous les mêmes. De pires en pires, pas de mystère, on est tous les mêmes. On aura tout entendu, on aura tout vu, mais on n'a rien compris.
On aura tout avalé tout cru, tout recraché pour n'avoir rien appris.
Au point où l'on arrive, quelle autre alternative, à part tout faire péter ?
Souviens-toi liberté, tu vivais dans les livres, raté, on est passés à côté.


5. TRICOLORE

Et nous voilà encore à l'heure du grand folklore, éternels relents de nausée tricolore.
Grand rabais sur l'ordre et la morale souveraine.
Moi j'en ai les idées du fond qui baignent.
Compatriotes ! Concitoyens !
Je viens déposer une gerbe aux amoureux de la patrie des collabos, des colonies.
Quand je dis gerbe, c'est du vomi.
Douloureux souvenirs, de bonne foi oublions, qu'un sang impur abreuve nos sillons.
Quand ils reprennent en choeur le même refrain qui schlingue, j'aimerais mieux être sourd, mais voilà, ça me rend dingue.
« Je méprise ceux qui marchent au pas ».
C'est même pas moi qui ai dit ça, pas non plus la moitié d'un con, il s'appelait Einstein, Albert de son prénom. Attention ! L'étendard sanglant est levé, chantez la gloire de la nation.
Ça dérape et si ça sent mauvais, retiens donc ta respiration..


6. COMME DES BETES

Comme des bêtes, domestiquées, menées à la baguette, on avance comme des bêtes.
Dans la troupe, on ne veut voir qu'une seule tête.
Comme des bêtes.
Allons mordre à l'hameçon et manger dans la main, celle qui nous tient en laisse.
Je connais la leçon, ramasse des coups de griffes et attends les caresses.
Dessine-moi un monde idéal, et je serais ton animal apprivoisé
À brosser dans le sens du poil.
Que je puisse à ma guise, de mes crocs qui s'aiguisent, ronger mon os jusqu'à la moelle.
Comme une bête, puisqu'on vit comme des bêtes, dressées au doigt à l'oeil, à la voix de son maître.
Comme des bêtes, on court vers ce qui brille, la lumière et l'argent, la chair et la chaleur.
Le nez contre la grille, j'attends aussi mon heure pour un air de bonheur.
Dessine-moi un monde idéal, et je serais ton animal apprivoisé, à marquer comme du bétail.
Et si tu le désires, pour mon plus grand plaisir, ronger mon os jusqu'à la moelle.
N'y voyez là aucune fable, il n'aura pas de morale.
Les requins dévorés d'ambition cannibale comme les brebis galeuses et les moutons de Panurge, dans les cages dorées ou visqueuses attendront le déluge.
On m'a bien éduqué, je lèche comme je mords.
Mais à la nuit tombée, je hurle à la mort.


7. LA BELLE VIE

Derrière les verres fumés des longues limousines,
Elle imagine des nababs que la lignée destine au champagne, et parfois des stars en blue-jeans.
Devant les baies vitrées des immeubles de standing, elle s'invente du velours et des perles fines, des manières raffinées, des parfums élégants, mariée à des millions avec un chèque en blanc.
Elle voulait tenter sa chance, approcher la belle vie, elle le voyait pas comme ça mon pays.
Sur le boulevard à l'écart des vitrines, elle y traîne ses talons, ses faux airs de gamine et pour quelques euros sur une place de parking, elle sait faire des heureux et puis se remaquille.
Finalement sa vie n'est pas comme dans un de ces films ou les gens réussissent, avec l'amour en prime parce que tout est possible.
À part deux trois lascars personne ne la regarde monter comme une actrice, abandonner l'espoir dans le car de police.
Derrière le hublot d'un charter de grande ligne, de ses lumières, la ville lui fait encore un signe.


8. TORTURE

Crois pas qu'on soit arrivé là par hasard.
On atterrit comme un mollard sur un costard à rayures.
Dans mon walkman y'a de la guitare ça fait craquer les écouteurs.
Sur les connards je fais des ratures, des brûlures sur les imposteurs.
Tu peux être sûr, tôt ou tard on te fera la surprise du rencard, comme un scorpion glissé au fond de ta chaussure.
On fera des putains de carnages jusqu'à la Saint glin-glin.
Les abrutis n'ont rien compris, ils sont fidèles comme des chiens.
Donne la patte, baisse les oreilles et va chercher la baballe.
Ils se rendent même pas compte de comment on leur parle.
J'veux voir leurs sales gueules dans la glace quand ils se rasent avant de bosser, avec leurs sourires dégueulasses qui me donne envie de les maltraiter.
J'en fais du délit de faciès quand je vois des chemises bleu ciel, en faisant la queue à la caisse pour y claquer ma paye.
J'ai pas une saloperie de code barre tatoué sur le derrière.
Lofo et moi dur comme la pierre, un coup de calcaire dans tes artères.
Ici la France qui se couche tard.
Le travail c'est la torture.
Représente pour les flemmards.
Tous au bord de la rupture.
Horreur, horaires, salaud, salaire, week-end, prison, malversation.
Factures, galères, fracture, misère, pognon, baston, humiliation.
Ça fait des taches, ça claque, arrache à chaque fois que j'accouche.
Ce qui sort de nos bouches frappe, te touche, c'est pas pour siffler sous la douche.
Toujours présents quand il s'agit d'en remettre une couche, du genre à triturer le problème en remontant à la souche.
On n'est pas des putains de rebelles juste des hommes glucides, cru comme un steak et toxique comme un pesticide.
On préférera se faire immoler comme des bonzes à New Delhi plutôt que de mettre un seul pied dans leurs Garden parties.
Pour écrire mes diatribes, j'ai un grand besoin de drogue, mais pour pourrir un science-po, là bizarrement, j'ai besoin de rien.
On connaît le nom du mec qui voudrait qu'on nous confisque nos amplis, nos grandes gueules et nos consoles de mix.
Tu comprends pas tout ce qu'on dit parce qu'on est des artistes avec le même I.S.T.E qu'il y a dans terroriste.
Comme des équilibristes écrasés sur la piste, fallait pas être en dessous, y a pas de prime de risque.
Viens pas nous chialer sur les pompes, le futur sera libéral, à base d'actionnaires, de pompe à fric et de gardénal.
Alors viens pas nous fait pas croire que tu va partager le gâteau.
Tu laisseras la croûte, les miettes, les queues de cerises et leurs noyaux.


9. NOBODY'S PERFECT

Ici on sait, qu'on ne doit pas appeler nègre le petit enfant maigre qui tous les soirs meurt dans ton assiette, des mouches autour des yeux,comme sortis de la tête.
Ici on sait, alors avec la larme à l'oeil on reprendra bien un petit bout de fromage allégé, pour surmonter le deuil,ça nous donnera du courage.
Je mets deux sucres dans mon café arabica moulu sous vide, labellisé esclavagisme équilibré.
Bonne conscience. Bon marché. Restons corrects. Nobody's perfect.
Ici on a la preuve en image, la vérité incontestée.
On a le droit de savoir ou en tout cas d'y croire sans faire de vagues dans les idées bien arrêtées
Ici on dit c'est grave quand quelques gars paumés font cramer des bagnoles et puis on trouve normal de saccager un pays entier pour lui piquer son pétrole.
Ici on est du bon coté de la barrière, on a la liberté d'expression en demandant la permission, gentiment manifestation entre république et nation.
Restons corrects. Nobody's perfect. Singes savants, morts-vivants. Restons corrects.
Chacun sa caste, tous dans la secte. Nobody's perfect.
Puisqu'on s'on s'y fait, soyons heureux vivons cachés.
Si l'on n'a rien de mieux, soyons heureux vivons cachés.
Et si ça nous plait, soyons heureux vivons cachés.
Même un jour sur deux, soyons heureux vivons cachés.


10. EMPLOYE DU MOIS

Tu ne seras pas l'employé du mois.
Raccrochez, on ne vous écrira pas.
Tu n'as pas le profil de l'emploi.
Dans la boîte, on ne veut pas de mecs comme toi.
Assisté ! Va bosser !
Pensez bien que ça me mets dans l'embarras.
Nous avons bien étudié votre cas, si seulement ça ne dépendait que de moi,
En ces temps difficiles, comprenez c'est délicat.
Assisté ! Va bosser ! Fainéant !


11. NUIT BLANCHE

La nuit sera longue et blanche, déjà, on y voit tellement mieux qu'en plein jour.
J'ai rendez-vous avec toi ma princesse de cristal aux yeux fous, pour encore te suivre à la trace, ton portrait serré à mon cou.
Je te veux, pour moi seul, couchée sur la glace là où mon reflet devient flou.
De connivence, je flanche toujours du côté où ça penche.
Par chance, j'ai survécu aux avalanches.
Tant bien que mal.
Ce soir demain n'existe plus, pour le démon et ses merveilles, je pourrais, si jamais je suis perdu, gravir les neiges éternelles.
Comme une traînée de poudre, jusqu'à la dernière miette, j'ai dessiné ma route dans le tonnerre et la tempête.
En vagues de chaleur chavirée, elle s'approche et s'efface, je m'abandonne attiré.
Personne ne prendra sa place.
Je ne veux rien savoir de ces choses qu'elle me cache.
À mesure qu'elle m'accroche le reste du monde se détache.


12. 5H43

Quand tout a volé en éclats, crois-moi, à cet instant-là, j'ai compris tout de suite que cette fois je ne m'en sortirai pas.
Cinq heures quarante-trois, le six mai 2008.
Ne donne pas cher de ma peau, moi j'aimerais me souvenir de la tienne.
Ici jamais rien de nouveau du dehors ne vient que le bruit des sirènes.
Ça ils savent y faire, tout pour que tu craches le morceau qu'ils espèrent sinon ça les fâche.
Quelle valeur avait ma parole face à leur version de l'histoire ?
Je n'ai pas eu autant de courage comme tu voulais le croire.
Pourvu que la vie t'émerveille, moi j'ai eu ce que je mérite.
Trois barreaux, un morceau de ciel,
Forcément le temps passe beaucoup moins vite.
Même si tu encaisses, en dedans, ils te cassent à grands coups de trique et traîné dans la crasse.
Systématiquement tout se complique, jusqu'au moment tragique où ton être s'efface au rythme des portes qui claquent.
Je suis de ceux qu'on extermine, l'intolérable inadapté.
C'est ici que pour moi tout se termine.
Parfois il m'arrive même de m'impatienter.
Quand tu liras cette lettre, ils seront peut-être venus me chercher.
Je n'ai plus rien à te promettre et toi tu n'as plus qu'à m'oublier.


13. TROP

J‘ai trop répandu de ma sueur sur des millions de kilomètres, l'asphalte est devenue ma soeur.
J'ai trop explosé dans la joie mêlée de fièvre et de violence, rentré chez moi tard le dimanche.
J'ai trop bouffé de décibels à m'endormir chez les abeilles qui rejouent le concert de la veille.
J'ai trop croisé ceux qui se lèvent à l'heure où je vais me coucher, trouvé la journée un peu brève.
Et même quand trop c'est trop c'est encore pas assez.
C'est trop tard, j'ai bien trop de défauts et encore trop de bornes à dépasser.
J'ai trop un orgueil à la con qui veut garder ses rêves de gosses propres même s'ils ont pris des bosses.
J'ai trop de cafards qui surgissent s'il y pas de son qui fracasse, un riff incendiaire qui décrasse.
J'ai trop de mépris pour le business, pour ceux qui leur vendent leurs fesses pour qu'on voit mon cul dans la presse.
J'ai trop pas la vie d'une vraie star.
Viens faire un tour chez moi pour voir s'il y a des nouilles dans mon caviar.
J'ai trop peur de me faire chier dans la routine d'un paradis à payer trente ans à crédit et j'ai bien trop envie de continuer à gueuler, bouger comme un barge,
Je suis plus libre dans la marge.

lyrics added by Kyoshin - Modify this lyrics