Eros Necropsique : Crises de Lucidité

Dark Ambient / France
(2003 - Adipocere Records)
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Las palabras

1. LE COMMENCEMENT D'UNE FIN

Je fais glisser en toi
Mon organe de vie,
Mon organe de mort,
Mon organe d'envies.

Après quelques efforts,
Après trois mille cris,
L'amour devient la mort,
L'amour devient la vie.

Je me contracte et jouis,
Et déverse en ton corps
Tout un torrent de vie,
Tout un torrent de mort.

Ainsi, te voilà mère,
Radieuse et enviée.
Et moi, devenu père,
Me voici meurtrier.

Hélas, ma belle amie,
Toi aussi meurtrière,
Sous un leurre de vie,
Naïve, tu as offert

La mort.


2. LA FABLE DU LISIER

Oyez ci braves gens la complainte lointaine
De deux petits canards chantant la liberté
Qui furent crucifiés au nom de puritaines
Convictions qui voilaient d'extrémistes fiertés.

Il était en effet une communauté
De cochons qui vivaient reclus en un domaine.
Ils avaient pour discours un flot d'absurdités
Et pour idole un borgne qui suait la haine.

De leur ferme l'accès ne voulaient accorder
A d'autres animaux s'ils n'étaient de leur race.
Une jeune truie rose et un vieux ridé
Manipulaient l'esprit de ce troupeau vorace.

Quand vint à leurs oreilles le chant des deux trouvères,
Le vieux plissa le groin et la truie déféqua
Dans un torchon sa fiente aux relents délicats
Qu'elle offrit en présent à tous ses congénères.

Souillés, les canetons se laver désirèrent
Et se dressèrent face aux mensonges d'iceux.
Le jour du carnaval, la puissance grégaire
Des porcs fit se gausser la horde des graisseaux.

Eructée fut la gerbe de mauvaise foi,
De haine et de mépris par la fosse sceptique
Qui grognait et bavait en jurant quelquefois
Que souffrait son honneur porcin patriotique

La perle légitime son écrin a perdu.
Elle se vend à ceux qui peuvent régler l'addition.
Devenue privilège des riches dodus,
Catin de luxe est la liberté d'expression !

Il est temps aujourd'hui de briser le silence.
Observons dans les rues le souffle décadent :
Les propos des cochons ont entraîné violence,
Ceux des canards, jamais, n'ont causé d'incident.

Chaque animal une arme doit développer :
La plume pour les uns, pour les autres la griffe.
Moralité : penseurs qui traquez l'Oppressif,
De cible prenez garde de ne vous point tromper.


3. LE NECROPHILE

Sa main pend inerte
Le long du drap blanc
Maculé de sang
Onctueux de ses pertes.

Immobilité
Je fais ta louange.
Ce corps m'est donné
Semblable à un ange.

Je ferme les yeux
Et pose mes mains.
Tout n'est plus que chair.
L'odeur est putride.

La rigidité
A gagné nos corps.
L'un par l'érection,
L'autre par la mort.

Je renifle alors
Les entrailles mortes
d'où s'échappe encore
Un ruisseau d'humeurs.

Le désir atroce
De lécher ses lèvres
Me force à goûter
Ces liqueurs intimes.

Je pénètre enfin
Au fond d'une charogne,
Dans l'acte divin
De l'amour de coeur.

Le combat fait rage.
La vie se déchaîne.
Et soudain l'orgasme
Interrompt le rut.

Le corps du vivant
Retombe, vaincu,
Sur le tas de viande
Tout gorgé de vie.

Je suis nécrophile.
Je suis magicien.
J'insufle la vie
Dans le corps des morts.


4. REFLETS D'UNIVERS

L'air souffle sur les voiles de la liberté.
Le navire géant s'envole vers les cieux.
Unis dans la douceur de frissons délicieux,
Nous voguons vers les cimes de l'éternité.

Le feu est le dément sculteur de l'univers.
La passion est un cri - négation de murmure.
La lave jaillissant de nos coeurs entrouverts
Ronge de la pudeur les antiques armures.

L'eau est le cercle où dort toute fragilité.
Elle referme sur nous ses ondes maternelles.
Invitant à cueillir la fleur originelle,
Son chant liquide appelle à la félicité.


La terre est le berceau de la germination.
A ton ventre soudée, des anges la rétine,
Fixée en un point d'orgue de fascination,
Suit de mes doigts aimantés la danse lutine.

L'univers est en nous. Sa force devient nôtre.
Eros est l'entité qui assemble et unit.
Des mondes et des êtres il a tissé nid,
Préparant à la vie dont il s'est fait apôtre.


5. CE QUE CHARRIE LE FLOT DE LA VIE

O combien fascinante est l'horrible machine,
Ce cadavre animé, cet enchevêtrement
D'organes. Que charrie la nourrice sanguine,
Que porte en lui le flux du secret écoulement ?

De tendres lolitas ont nagé en mes veines.
Délicates et pures, ces nymphes dionysiaques
Mes songes ont couvés en soufflant leur haleine
Chaude sur les parois d'un puits paranoïaque.

Vous, mes amis, mes frères, à moi par le sang liés,
Avez gonflé le flot de mes désillusions.
Nous nous sommes perdus, nous autres fous alliés,
Dans l'épanchement noir de fortes effusions.

De frêles barques folles en mes artères voguent.
Echoués ça et là, les flacons de l'ivresse
Font barrage et se dressent, en tristes nécrologues,
Vomissant le jus d'un pathétique S.O.S.

Le scalpel entre en moi - la douceur prénatale
Envahit ma mémoire - je m'égorge, broyé.
Le coït unissant la chair et le métal
Explose en un dégorgement de mes noyés.

Du roman de ma vie je pose l'épilogue.
Sur la page dernière, sous mes doigts les mots filent.
Tu t'obstines à nier l'aube du monologue,
Accrochée à mon cou. Sous tes doigts l'hémophile

Se meurt.


6. LA VOIX

Qu'est cette voix qui dépose, le soir, à mon oreille,
Tel l'adulte un enfant devant une cathédrale,
De grands bouquets fleuris aux portes du sommeil
Qui s'ouvrent devant moi sous une pluie de pétales ?

Cette voix me murmure, d'une douceur infinie,
Des psaumes enivrants qui me font frissonner ;
Et j'offre bras tendus tout mon être aliéné
A cette muse qui rythme la cérémonie.

Chaque soir elle renaît de ses évanouissements
En marquant de son sceau ma chair et ma mémoire,
Telle une nymphe dont le chant résonne dans les couloirs
De mon âme-labyrinthe soumise au recueillement.

Maître je ne suis pas de ses apparitions,
Et me suis fait l'esclave de la voix qui me hante.
Le souffle court j'invoque la nouvelle possession
Qui me délivrera de cette longue attente.

Même si je sais qu'au fond ce n'est rien qu'une voix,
Je ne puis m'empêcher d'implorer sa venue.
Mon désir enflammé pose l'esquisse d'un nu
Dans la fresque sonore où je plonge et me noie.


7. LA PLUIE D'OR

[Instrumental]


8. ALCOOL

Des nuages porteurs
D'un signe de tempête
Rongent avec lenteur
Le ciel dedans ma tête.

Je reçois terrifié
Le baiser de ma mie,
Ma compagne éthérée
Nommée mélancolie.

Ce soir, serai-je encore
Victime de sa flamme ?
Sentirai-je en mon âme
Sa grande aiguille d'or ?

Non, car mes doigts se serrent
Autour de l'antidote,
La bouteille de verre
Qu'à mes lèvres je porte.

J'attends la délivrance,
Ayant cessé déjà
D'implorer leur éclat
Aux fleurs de l'espérance.

Les yeux à demi clos,
Je caresse l'amante,
En soude le goulot
A mes lèvres tremblantes.

Je tète avec tendresse
La rose de Vénus
En un anilingus
Me hissant vers l'ivresse.

Buvant de tout mon saoul
Le liquide salvateur,
J'atteins avec bonheur
Le paradis des fous.

Ayant fait table rase,
En ce divin prélude,
De toute inquiétude,
Je vole vers l'extase.

Jouissant de la splendide
Métaphysique artiste,
Ecrasé par le vide,
Je ressens que j'existe.

" Le chemin de l'ivresse
Est voie de connaissance..."
Susurre la déesse
Qui devant mes yeux danse.

Son haleine apaisante
A chassé les nuages,
Substituant à l'orage
Une brume envoûtante.

Oui, ce soir, je suis ivre !
Mais la Belle lacère
Mon coeur dedans ma chair
De ses ongles de cuivre.

La brume incandescente
Fait tournoyer mon âme,
Et je supplie la dame
De hâter la descente.

" A bientôt mon amant "
Me chuchote la fée
Qui s'enfuit en souriant,
Me laissant terrassé,

Moi, le doux alcoolique,
Cueillant les fleurs du mal
Dans les relents de sales
Vomissures éthyliques.


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