Autarcie : Sequania

Black Metal / France
(2018 - Purity Through Fire)
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Letras

1. DANS LA CHÊNAIE

Un signal de l'ovate, les Celtes impétueux
Quittent malgré le gel leurs cabordes de pierre
Prennent deux taureaux blancs, et vont dans la sommière
De l'immense chênaie où dorment les aïeux

Le barde chante un hymne, on allume des feux
La forêt s’illumine autour de la clairière
Le vénérable druide murmure une prière
Saisit la serpe d'or et relève les yeux

Sur le driot sacré, dont les branches fourchues
Sont brillantes de givre et pointent vers les nues
Il monte, solennel, au milieu des clameurs
Un grand voile de lin reçoit le gui fragile
L'eubage sacrifie, et le sang qui rutile
Mêle au brouillard d'argent ses fugaces vapeurs

Puis, au soleil couchant, parmi les ombres ondoyantes
Une procession folle s’élance, dans une ferveur vibrante
À travers la fumée pourpre, les feux s'embrasent jusqu’à l’horizon

Les cris et les chants s'élèvent, dans un tourbillon de brandons
Les bûchers de sapins inondent les alentours de lumière
Annexant l’obscurité de leurs oriflammes éphémères
Craquant et explosant entre les silhouettes dansantes
Maculant le ciel d'une clarté rouge piquetée de braises ardentes

Enfin le ciel s’éclaircit, à mesure que vient le jour
Peu à peu le mur noir de la forêt retrouve ses contours
La ligne dentelée de la crête des arbres émerge de l’obscurité
Une nouvelle saison s'annonce dans l’aurore azurée


2. LA HAUTE-CHASSE

Allez, j'te raconte...
L'autre soir, au hasard de mes pérégrinations
Sur les terres seigneuriales de Jean de Chalon
Non loin du Château d'Oliferne, j'observais l'horizon
C'est alors que m'apparurent d'étranges visions
Je te cache pas que la Fée Verte de Pontarlier
Était venue entre-temps visiter mon gosier

Descendant du ciel chargé de lourds nuages
Surgirent des silhouettes à travers l'orage
À mesure de leur approche je vis qu'il s'agissait
D'un régiment mené par la Chasseresse de Moissey.
Tout un bataillon spectral de guerriers d'autrefois
Dans leurs rangs, je distinguais les héros Franc-Comtois
François de la Palud, le Sire de Varambon, Henri de Montfaucon
Etienne Guyot, Jean de Vienne, et le Capitaine Lacuzon

Toute une armée légendaire et intemporelle
Se déploie en une procession surnaturelle
Aux centuries succèdent les garnisons féodales
Les contingents de l'ost et les troupes provinciales
Les fantassins brandissent arbalètes et mousquets
Aux vexillums se mêlent les fanions des bannerets
Les unités de hastati reprennent du service
Aux côtés des vaillants guerriers Séquanes de jadis
Venue du fond des âges, c'est l'union sacrée
L'auguste alliance de tous les combattants tombés
Ce sont des siècles d'Histoire, façonnés par le glaive
Qui défilent alors devant moi comme un rêve

Atteignant un promontoire qui surplombe le vallon
La cavalerie déferle tel un tourbillon
À perte de vue s'étendent, sous la lune blafarde
Les légions fantomatiques, hérissées de hallebardes
Des milliers de soldats alignés sur la crête
Prêts à sonner le glas, déchaîner les tempêtes
Dans un déluge tonitruant, le carnyx et les cors
Résonnent lugubrement, tel un présage de mort
Puis c'est l'ultime charge qui ploie les arbres à terre
Nos aïeux crient vengeance et s'élancent pour la guerre
En une terrifiante chevauchée funeste
Afin de s'illustrer dans une dernière geste

Le cortège se déchaîne sous un ciel rouge sang
Passe au-dessus de moi dans un fracas assourdissant
C'était la Haute-Chasse, cavalerie chimérique
Venue pour m'escorter dans mon coma éthylique


3. LA NUIT DESCEND

"La nuit descend, on y pressent
Un long, un long destin de sang."
(G.Apollinaire)

Ils ont quitté La Vieille-Loye
Leur village du pays Dolois
Pour conjurer un sort funeste
Fuyant la guerre et la peste
Bravant la faim, la neige, le froid
Et parfois-même, les loups et les soldats

À travers des paysages de désolation
Sur une route jonchée de cadavres en putréfaction
Maints dangers guettent le frêle attelage
Dieu sait ce qui rôde dans les parages
Dans la froidure d’un hiver rigoureux
La mort est omniprésente en ces lieux

Des tréfonds de la forêt de Chaux
Jusqu'au lointain Pays de Vaud
Par-delà les charniers
Les cimetières de pestiférés
Les fosses communes creusées
À même le sol gelé
Le Bisontin les mène inlassablement
Dans l'unique espoir d'atteindre le Léman

À l’issue d'un interminable calvaire
Du grand lac puissent-ils admirer la lumière
Oublier l'infamie d'un exode cruel
Et contempler enfin les colonnes du ciel

Mais quand la guerre sera finie
Ils regagneront leur patrie
Cette terre qui les a vus naître
Pour mourir sur le sol de leurs ancêtres


4. SEQUANIA

Tombe, tombe la neige
Vaporeuse poussière, évanescente parfois
Qui saupoudre la terre des tout premiers frimas

Gèle le givre blanc à fendre pierre
Fige les créatures dans leurs tanières
Plus de vive couleur sur les arbres effeuillés
Ni de suave senteur sur l'humus mouillé
Et l'air emprisonné dans une gangue de brume
Pétrifie les eaux du lac sculptées par l'écume

Alors tombe la neige
Vaporeuse poussière, évanescente parfois
Qui saupoudre la terre des tout premiers frimas

Ici et là, sur les hauteurs de Seqvania
Perce la première gelée
Les nuées endeuillent la cime des arbres
Et les feuilles se figent comme le marbre
Avant d'être emportées au gré du vent glacé

La forêt est endormie
Dans son opalescente blancheur
La nature s'engourdit
Dans une morne torpeur

À travers les sapins
Un pâle soleil lointain
Irradie les cristaux de glace
Et mille étoiles fugaces
Étincellent dans la clarté éphémère
Et silencieuse d'un matin d'hiver

Alors tombe la neige
Vaporeuse poussière, évanescente parfois
Qui saupoudre la terre des tout premiers frimas


5. VIRELAI D'IVRAIE

Finalement je l'ai retrouvée
La clairière oubliée
Quelque part entre Champagnole et Levier
À l'écart de la route bordée de conifères
Qui s'élèvent comme d'antiques piliers
Formant mon sanctuaire, mon ultime repaire

J'ai pas d'bagage avec moi
Juste une batte, ma gratte
Un sauceback, une bouteille de Vodka
Et j'ai plus qu'à me mettre en vrac

Anachorète en perdition
Fuyant la civilisation
Avec comme seule consolation
Du lichen et des champignons
Un furtif oiseau moqueur
Haut perché dans son arbre
Se rit de mon malheur
Il m'observe et me nargue

Gisant dans l'ivraie
Engourdi dans l'ivresse
Alors j'entre en transe
Une dizaine de tiques plantée dans la panse
Gisant dans l'ivraie
Engourdi dans l'ivresse
Alors j'entre en transe
Un cortège de spectres entre dans la danse

Je m'en irai sombrer
Dans les eaux glacées
Du lac des Mortes
Que son courant escorte
Mon corps pétrifié, jusque dans la tourbière
Pour servir de demeure aux larves d'Éphémères


6. AU SOLSTICE

Retour en l'an 1613, au Franc pays Comtois
Dans la froideur précoce des prémices de novembre
Des frontières de Montbéliard jusqu'aux monts du Jura
L'air est vicié, saturé de flocons de cendres

À l'approche du solstice, on aperçoit planer
Dans le ciel voilé d'une nuit noire de jais
Les silhouettes sinistres de corps décharnés
Chevauchant bizarrement vouivres et balais

En cette nuit de Samhain, le chant des engoulevents
S'élève comme un chœur funèbre sous le firmament
D'étranges litanies résonnent lugubrement
Incantations portées par le souffle du vent
"Poi dechu brances et chu erdgies
Que nuin ne me poueille raiccreutchie !"

Une ombre délétère s'étend sur le pays
Se propage prestement, telle une épidémie
Semant la terreur, la défiance et la discorde
Mais l'autorité escompte bien rétablir l'ordre

Partout dans le duché
Se dressent les bûchers
On immole indistinctement
Hommes, femmes et enfants

La traque est instaurée comme une féroce croisade
Pour l'apostat aucun espoir dans l'escapade
Bougre et bougresse serez boutés à l'estrapade
De quoi faire regretter le temps des dragonnades
Eprouver la question pour toute forme de procès
En Comté Franche nul ne se gausse d'Henry Boguet

"R'Abbaisser par le fer la sourcilleuse audace,
Des ennemis iurez de son Prince et son Roy,
Remettre le suiect rebelle sous la loy,
Mourir la picque au poing, et l'horreur sur la face."


7. TERRE BRÛLEE

Notre forteresse est assiégée
Déjà tous nos remparts sont tombés
D'innombrables hordes sauvages
S'abattent comme la pluie
Du plus violent orage
Submergeant le pays

Notre domaine n'est plus qu'une étendue de terre brûlée
L'envahisseur dévaste tout sur son passage
Semant la mort et la désolation, le viol et le pillage
Dans l'indifférence généralisée

Manipulé, abreuvé de niaiseries
Asservi par l'oligarchie
Le peuple aliéné est frappé d'amnésie
Abandonnant tout instinct de survie

Il a oublié les vertus ancestrales
Les sept valeurs fondamentales :
Fides, pietas, virtvs, gravitas
Frvgalitas, constantia, majestas

J'ai prié Cicollvis, invoqué Catvrix, mais en vain
Les dieux des combats s'en lavent les mains
Du haut de leur glorieux panthéon
Nos ancêtres nous regardent avec aversion
Peut-être même souhaiteraient-ils nous châtier
Écœurés, face à tant d'absurdité

Plus rien à espérer
De ce monde dégénéré
Je me suis fait une raison
C'est foutu pour de bon

Ma France est morte
Mais peu m'importe
Ma seule réponse à la cohorte de cloportes :
Que le Diable vous emporte


8. OUTRO (ECHOS DU NOIRMONT)

(Instrumental)

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