Un vent d'inspiration renouvelé infiltre actuellement l'oeuvre du trio suisse fondé voilà déjà 16 ans par le pluri-instrumentiste et vocaliste Jonathan Pellet (ex-
Dysrider, ex-
Trophallaxy). Fort d'un éruptif et seyant «
Redemption », son second album full length, le groupe était attendu au tournant par sa fanbase, cette dernière caressant dès lors l'espoir d'un troisième effort du même acabit de la part du combo helvétique. Déjouant tout pronostic, ce dernier reviendra, quelque deux ans plus tard, muni d'un EP modeste de ses 4 titres, sobrement intitulé «
Opaque ». Cette laconique auto-production serait-elle alors à considérer comme une simple parenthèse dans sa carrière ? Ou plutôt une respiration nécessaire dans le processus créatif du groupe ?
Plus encore, les 22 minutes de l'opus constitueraient-elles une œuvre à part entière, synonyme d'heureuse alternative cristallisant ainsi une nouvelle orientation atmosphérique, voire stylistique, conférée à son projet ? Pour tenter de répondre à ces épineuses mais légitimes questions, un tour du propriétaire s'impose.
Dans ce dessein, le maître d'œuvre a convoqué et savamment conjugué les talents de l'expérimentée chanteuse polonaise Martyna Halas (ex-
Ascend The Hollow, ex-
Lady Maggot, ex-Xerosun), déjà présente lors de la dernière traversée, et de Simon Burri (Sinverse, ex-
Beyond The
Vortex...), en remplacement Noé Schüpbach (Nodafreth), à la basse. Avec le concours, pour l'occasion, du fin toucher d'archet de la violoncelliste Joëlle Graz (ex-
Dysrider). A l'instar du précédent effort, le groupe continue d'officier dans un metal moderne mêlé de trance, d'électro et de death mélodique, où les influences de
Blood Stain Child,
Amaranthe, Volturian, Metalite et de
Dust In Mind se font tour à tour sentir, la touche personnelle en prime. Conformément à ses exigences propres, ce méfait jouit, tout comme son aîné, d'un mixage et d'un mastering de bonne facture, signé cette fois Thomas ''Drop'' Betrisey, guitariste/bassiste chez
Samael, également sollicité par
This Misery Garden,
Cardiac,
The Erkonauts, feu
Rain, ou encore par feu
Sybreed, pour la production de certains de leurs albums. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur la cale de la frêle goélette...
A l'aune de son illustre devancier, le présent manifeste nous immerge volontiers dans un chaudron bouillonnant, avec pour effet de nous happer bien souvent sans avoir à forcer le trait. Aussi ne mettra-t-on qu'une poignée de secondes pour se voir aspiré par les vibes enchanteresses inhérentes à l'organique et ''tubesque'' «
Upriser » ; mis en exergue tant par les angéliques inflexions que par les growls glaçants décochés par la sirène et calé sur une sente mélodique apte à nous retenir plus que de raison, ce pulsionnel et rayonnant méfait metal moderne aux riffs roulants, au carrefour entre
Amaranthe, Volturian et Metalite, ne relâchera pas sa proie d'un iota. Dans cette énergie, «
Touch and Destroy » se pose, lui, tel un saillant up tempo dark/death mélodique aux effluves trance, à mi-chemin entre Ad
Infinitum et
Dust In Mind ; investi de riffs corrosifs et livrant parallèlement un refrain originalement infiltré de growls tranchants comme des lames de rasoir, l'éruptif méfait interpellera assurément le fan du précédent mouvement. Dans une mouvance électro, enfin, on ne saurait davantage éluder le torrentiel et ''volturien'' «
The Scent of Dead Leaves » au regard non seulement de son ''delainien'' refrain mis en habits de lumière par les fluides oscillations de la déesse mais aussi de la soudaineté de sa montée en régime du corps instrumental à mi-morceau.
Mais comme ils nous y avaient accoutumés, nos compères nous livrent leurs plus beaux atours à l'aune de leur pièce en actes électro-progressive. Ainsi, les quelque 8:36 minutes de l'''amaranthienne'' fresque «
Opaque » nous plongent au cœur d'un vaste champ de turbulences tout en sauvegardant une mélodicité toute de fines nuances cousue. Dans cet antre électro gothique où cohabitent les growls ébouriffants d'une gorgonesque créature et de ''siréniennes'' volutes, les véloces reptations du serpent synthétique semblent à nouveau s'étirer à l'infini. Par effet de contraste, les délicats arpèges au piano dispensés et doublés d'un inattendu violoncelle mélancolique apparaissent comme autant d'opportuns moments de respiration, incitatifs à la poursuite de notre chemin au sein de ce volcanique mouvement. Et ce n'est pas le refrain immersif à souhait relevé par les pénétrantes modulations d'une interprète, que l'on croirait alors touchée par la grâce, qui démentira le sentiment de se trouver aux prises avec le masterpiece de la menue rondelle.
En définitive, à l'image de son aîné, ce modeste mais rayonnant opus nous projette bien souvent sur une terre de lave en fusion, ne nous laissant alors que peu le loisir de reprendre notre souffle, in fine. A son tour, le cadet bénéficie d'une production d'ensemble coulée dans le bronze et d'arrangements finement esquissés. Egrainant également d'enivrantes lignes mélodiques et une technicité instrumentale éprouvée et judicieusement exploitée, ce propos se fait, en revanche, bien moins varié que son devancier quant aux exercices de style dispensés. Se terrant ainsi dans l'ombre de son prédécesseur sans jamais le dépasser, ce message musical n'est à considérer ni comme une quelconque alternative ni comme une simple parenthèse, mais plutôt tel une respiration nécessaire dans le processus créatif du combo suisse. Mais s'il revient à pas de loup, c'est néanmoins un puissant et sémillant élan que nous livre le trio helvétique...
Merci pour toutes tes chroniques.
Merci!
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