Simple effet de mode ou naissance d’un genre à part entière, le blackened deathcore, mélange entre black metal et deathcore, vit actuellement une immense popularisation et occupe une place importante sur la scène actuelle. Bien aidé entre autres par la toute première sortie de
Lorna Shore à savoir Psalms en 2015, le style a été par la suite adopté par bon nombres de formations parmi lesquels
Carnifex, Worm
Shepherd,
Shrine Of
Malice,
Chelsea Grin ou encore Bonecarver. S’il demeure compliqué de savoir si le quintet est bien le précurseur de cette nouvelle vague, il ne fait en revanche aucun doute qu’il a été un acteur majeur sur sa démocratisation. De même, le blackened aura permis à un style vieillissant et assez prévisible de se moderniser et d’apporter de nouvelles flèches à son arc.
Pour notre groupe du jour
Mental Cruelty, le passage au blackened deathcore fut progressif. Alors que les Allemands performaient en premier lieu sur une scène slam avec son premier disque
Purgatorium en 2018, son successeur
Inferis en 2018 aura marqué les premières transformations vers une empreinte black. Mais c’est bien
A Hill to Die Upon paru en 2021 que le collectif s’est définitivement converti sur cette fusion black-deathcore avec une toile de maître, encore à ce jour une des meilleures parutions dans ce type musical.
Depuis ce passage mémorable, le ciel est quelque peu tombé sur la tête des musiciens qui ont dû évincer leur leader et vocaliste Lucca Schmerler, accusé de plusieurs agressions sexuelles. Ce dernier fut finalement remplacé par Lukas Nicolai, jusqu’à présent néophyte sur la scène deathcore. Pour faire perdurer leur succès, nos artistes reviennent en ce milieu d’année avec une quatrième galette prénommée
Zwielicht. En plus de son changement de chanteur, le combo est également parti de son ancienne maison de disques Unique Leader Records pour rejoindre
Century Media, ce même label qui aura vu la parution de …
Pain Remains de
Lorna Shore.
La comparaison entre les deux formations est forcément de mise puisqu’elles brillent dans le même domaine et affichent en conséquence quelques similitudes. Cependant, les Allemands poussent encore plus loin l’attrait black si bien que sur certaines compositions, si l’on retire la performance vocale, on pourrait aisément croire que l’on est en face d’un groupe de black metal.
C’est notamment le cas sur le titre
Forgotten Kings avec une attention particulière sur la structure et les éléments qui offrent un ressenti plus proche du black metal symphonique que du deathcore. Le riffing fait d’ailleurs différentes allusions à des groupes de black metal tels que
Dark Funeral ou
Dimmu Borgir. Le chant affiche une belle variété, principalement dans un registre écorché, toujours dans cette optique de renforcer une atmosphère froide et sombre. On regrettera peut-être ce breakdown qui sort un peu de nulle part et qui vient casser ce sentiment d’inquiétude pour apporter un visage plus incisif.
Si le détail sur les orchestrations est soigné, le quintet nous envoie aussi sur des contrées encore peu explorées et très surprenantes. L’interlude éponyme accompagné de Symphony For A
Dying Star révèle une combinaison audacieuse mais plaisante entre metal mélodique, black, deathcore et folk. L’utilisation prononcé des synthétiseurs et l’apport d’harmonie dans la mélodie proposent un mariage assez inattendu entre
Children Of Bodom et
Wintersun. La formation nous fait même l’honneur de quelques lignes assez discrètes au chant clair pour un rendu épique et une mélancolie déchirante. En plus de ces orchestrations denses, nos Allemands nous soumettent en fin de titre deux changements de hauteur pour renforcer un esprit grandiloquent déjà bien appuyé. Seulement, et une fois n’est pas coutume, la panne brise une nouvelle fois une ambiance majestueuse pour une impression de brutalité, même si elle semble un peu moins forcée que sur
Forgotten Kings.
Certains morceaux arrivent pourtant à intégrer ces breakdowns avec brio, sans doute parce que le contexte s’y prête mieux. Obsessis A Daemonio en fait partie avec une musique technique, ponctuée par de nombreuses symphonies et une conduite black profonde. La panne est moribonde, obscène et crasseuse avec ces cris et autres grognements qui font forcément penser à celles de
Will Ramos.
Nordlys soigne également sa présentation par la présence de chœurs, d’orgue et d’une atmosphère sinistre avec un riffing hâtif et morose. Le breakdown ne joue pas forcément sur la lenteur ou sur la rusticité mais plus sur un aspect atmosphérique et funeste, dans un style assez similaire à des combos comme
Behemoth ou
Cradle Of Filth.
Le titre A Tale Of Salt
And Light conclut quant à lui magnifiquement bien ce disque avec ses somptueux solos de guitare, des jeux solitaires qui manquaient un peu jusqu’à présent. A l’instar de la triple pièce
Pain Remains, on y retrouve beaucoup d’instants déchirants, une allure épique et une écriture grandiose. Avec ses sept minutes trente d’écoute, il n’y aura pas moyen de s’ennuyer et on pourra compter sur une belle diversité et encore un équilibre maîtrisé entre symphonie, black et death. Le morceau devra toutefois composer avec un breakdown qui traîne quelque peu sur la longueur et qui, une nouvelle fois, aura fortement du mal à sortir des sentiers battus et donc d’intégrer ce sentiment de mémorabilité.
Outre ces pannes parfois grossièrement exécutées sans pour autant être médiocres mais aussi d’une palette vocale un peu moins fournie,
Zwielicht est tout de même la suite que l’on attendait de
Mental Cruelty et de son
A Hill to Die Upon, un quatrième album sur lequel les orchestrations et l’ambiance black ont été particulièrement peaufinées, offrant à son auditeur un fabuleux voyage dans cet univers blackened deathcore. Mieux encore, le quintet allemand nous soumet de nouvelles influences folk fort appréciables et jusqu’alors très peu entendues pour une plus grande diversité. Cette toile, même si elle possède quelques imperfections, possède suffisamment d’arguments et de novation pour vous séduire et de vous laisser tenter par l’aventure.
Je ne suis pas trop attiré par le black deathcore, et pourtant ce Mental Cruelty marche du tonnerre. Merci pour la chro.
Merci pour la chro !
Je manque probablement de recul, mais je crois que je préfère ce Zwielicht à A Hill To Die Upon. Je trouve que le nouveau vocaliste colle parfaitement à la musique et j'ai l'impression que les morceaux un peu plus longs que sur l'album précédent ont plus le temps d'installer leur ambiance ! Bon après je suis neuneu aussi et j'ai bien kiffé tous les breakdowns, même les moins subtiles mdr
C'est un mélange de style que j attendais depuis longtemps, j'ai raté le coche car je ne connaissais pas du tout le groupe mais dès que l occasion se présente j achète! Très bonne chronique comme d habitude ; un mot pour la pochette qui est très belle!!
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