Leprous

le Jeudi 16 Fevrier 2023, Quai M (Roche sur Yon)

Le retour des artistes sur les routes annonçaient un embouteillage des salles de concert, avec les mastodontes qui allaient truster les bonnes salles et les autres qui devraient se contenter des miettes.  Leprous en a profité pour annoncer sa plus longue tournée européenne à ce jour, avec Monuments et Kalandra en support, et surtout 7 dates en France (!!), fait assez inédit de nos jours pour un groupe de renommée internationale de venir se perdre si longtemps dans nos contrées.  16 Février : le plateau pose ses valises dans la ville vendéenne de La Roche sur Yon, plus connu pour sa mer proche et ses brioches que ses concerts de metal (bien que le Hellfest ne soit pas si loin). Le Quai M, salle flambant neuve à l'architecture magnifique et ses gradins tout en bois, aura fait forte impression aux visiteurs mais aussi aux groupes, ravis de voir une salle de taille moyenne (entre 800 et 900 personnes ce soir) faire le plein en semaine comme me l’avouera Adam Swan, le bassiste de Monuments après le concert. 

KALANDRA

20h30 : les lumières s’éteignent et Kalandra entre en scène de façon discrète, presque mystique. La musique presque ambiante, très atmosphérique et aérienne, sied parfaitement à la discrète mais magnétique Katrine Stenbekk qui, en plus de sa très belle voix, attire le regard sans pour autant énormément se mouvoir.  Pas de basse, une guitare tantôt électrique tantôt acoustique et des sonorités très froides pour des percussions plutôt discrètes nous plongent dans cet univers folk nordique, parfois proche de l’heavenly voice ou d’un Sigur Ros pour ceux qui connaissent les islandais. La vocaliste se fera un peu plus mobile sur un morceau plus rock avant qu’un titre traditionnel norvégien n'apaise toute l’assemblée.  Une belle découverte, chaudement applaudi et apprécié à voir le stand merch plein après le concert (les membres du groupe y étaient tous présents). Jolie pour débuter.

 

Setlist

  1. Borders
  2. Slow Motion
  3. Naive
  4. Virkelighetens Etterklang
  5. Ensom
  6. Brave New World

 



Monuments

Monuments ne joue évidemment pas dans la même cour et les britanniques (et son chanteur américain) inondent et martèlent les planches depuis la sortie de In Stasis il y a un an. Déjà au Hellfest, j’avais été soufflé par le niveau technique et l’aisance scénique d’Andy Cizek dont l’apparence juvénile ne trahissait jamais une maîtrise vocale incroyable, autant en clair qu’en hurlée, et surtout une envie d’en découdre et un talent de frontman indéniable !

Backdrop en fond, batterie réservé à Mike Malyan, toujours aussi souriant depuis qu’il a rejoint de nouveau le groupe, Monuments débute pied au plancher avec I, The Creator, comme au Hellfest, et fait monter d’un cran l’intensité de la soirée. On remarque qu’une frange de la fosse est venu pour le groupe et connaît les paroles sur le bout des lèvres. Adam et John font parler la poudre et impressionnent par leur niveau technique, toujours aussi précis et radical pour faire exploser ce metalcore matinée de prog et de death. Si le guitariste se fait discret et lève rarement la tête de derrière ses cheveux, le bassiste saute littéralement partout, headbang, monte sur les élévateurs et joue avec Andy qui passe de droite à gauche pour haranguer l’ensemble de la foule. La fosse (il est amusant de remarquer ceux qui sont venus pour Leprous et laisse la place et les autres qui ont avancé d’un gros cran) se fait plus compact et explose littéralement sur un Cardinal Red chanté avec le groupe. Le vocaliste amuse la galerie en expliquant s’être cassé une dent quelques jours plus tôt (à Lille) et que la tournée est vraiment folle depuis le début. False Providence, très technique et enlevé (à la Protest the Hero) et Lavos labourent la scène (les passages hurlés sont jouissifs) avant que le combo ne tire sa révérence sur le plus long et prog The Cimmerian, véritable démonstration du talent de Monuments. Un show avec les crocs, une véritable prestance scénique et un son ahurissant de puissance sans jamais être trop fort (la salle ultra moderne, sans retour sur scène, est en plus grande et laisse de l’espace au groupe) ont fait de cette “première partie” un parfait tremplin pour le reste de la soirée. Place à Leprous

Setlist

  1. I, The Creator
  2. Opiate
  3. Leviathan
  4. Empty Vessels Make the Most Noise
  5. Cardinal Red
  6. False Providence
  7. Lavos
  8. The Cimmerian

Leprous (NOR)

Changement de scène encore. La batterie de Mike disparaît au profit d’une dernière balance pour Baard. L’estrade est libéré pour le violoncelle de Raphael Weinroth-Browne, accompagnant les norvégiens sur scène depuis désormais Malina. La tension monte encore un peu quand un technicien vient sur scène pour faire une “annonce”. Einar l’avait annoncé sur les réseaux sociaux dans la journée, souffrant d’une bronchite et ayant perdu depuis plusieurs jours sa voix de poitrine, il avait dû écourter sensiblement le show de Lille, était en souffrance totale à Paris et avait adapté la setlist. 

“Have You Ever?” lance le concert comme les autres soirs, chaque musicien arrivant progressivement (avec un tonnerre d'applaudissements pour Baard derrière sa batterie) jusqu’à ce qu’Einar n’apparaisse et prenne le micro. Le titre étant plutôt calme et atmosphérique, il passe vocalement plutôt bien, même si on remarque (étant en face de lui) ses yeux littéralement défoncés (le pauvre a dû se gaver de médicaments pour assurer). Pas encore de communication avec le public, “The Price” surgit, le son explose (cristallin là encore, puissant mais pas trop fort, et absolument impeccable vu la richesse sonore de Leprous) et là, on se dit que la soirée va être difficile pour Einar. Pas foncièrement atone mais manquant singulièrement de puissance, Tor et Simen prennent regulièrement le relai sur les choeurs et épaulent le vocaliste pour l’aider sur le titre. Les autres impressionnant, Baard est toujours aussi insaississable, Tor est stoïque derrière sa sublime 8-cordes et, comme si souvent dernièrement, on s’amuse à voir les musiciens intervertir leur rôle, prendre le clavier, les synthés (que ce soit Tor, Robin, Simen ou même Raphael) quand ce n’est pas évidemment Einar qui tient les rennes. 

Ce dernier prend la parole après le morceau, explique sa situation, disant qu’il va “un peu mieux” mais qu’il n’a pas retrouvé toute sa voix de poitrine. Il fait également rire tout le monde en expliquant qu’il a oublié ses “chaussures de scène” (il est d’ailleurs “moins” habillé que d’habitude, le groupe étant souvent en costume de ville) dans les loges et demande à ce qu’on lui apporte ! 

Le groupe va donc adapter sa setlist, faire appel au public et demande si tout le monde est ok. Suit un “Bonneville” assez rare en live, sublime dans son démarrage jazzy et impressionnant sur son explosion finale (ce son de guitare que possède Tor), un “Observe the Train” très atmosphérique, le long “On Hold” qui laisse comprendre qu’Einar reste un sacré chanteur, même en difficultés (le refrain est magnifique) et surtout le très intime Castaway Angels, dédié par Einar à l’Ukraine. Ambiance plus cosy, guitare acoustique, lumière apaisante, un véritable instant en apesanteur pour la salle. Vient un savoureux moment de partage où Einar explique que le prochain morceau sera à notre demande. Les cris fusent de toutes parts et, facétueux, le norvégien indique “Ce n’est pas une sélection libre”. “Slave” est déjà plesbiscité par la foule mais Einar montre (pour ceux qui n’avaient pas vu) que Robin possède une atelle au poignet gauche et demande d’être généreux pour sa voix et son guitariste. Des “Broken band” ou “broken musicians” s’entonnent dans la salle joyeusement avant que le chanteur ne propose également “From the Flame” (cris), “The Flood” (cris) ou, pour être sympa envers sa voix “I Lose Hope”. Blanc dans la salle, Tor éclate de rire pendant que son comparse s’exclame “Je savais que c’était une mauvaise idée ! Bande d’enfoirée”. C’est finalement “Slave” qui remporte l’adhésion, Tor reprend la huis-cordes et débute par cette intro si caractéristique, si lourde, accompagné de cette ligne de synthé absolument dantesque. L’intensité grimpe d’un coup, surtout après l’épisode acoustique, et Einar fera même un signe avant le passage hurlé “je ne peux pas” avant de pourtant s’en tirer à la perfection ! Raphael se montre également beaucoup plus présent avec le groupe, n’hésitant pas à venir headbanger avec Tor ou Robin sur le devant de la scène, accompagné de son violoncelle qui s’intègre parfaitement aux plus anciens titres et apporte une superbe couleur là où certains passages étaient auparavant joués aux synthés. 

“Alleviate” sera un moment en apesanteur (ce que Baard fait sur un morceau aussi atmosphérique force le respect), tout comme le magique “The Cloak”. Ces titres moins heavy, rarement joués en même temps, confortent cette ambiance intimiste qui feront de ce concert un moment à part. “Distant Bells” et son final homérique ou “Below” rendent le public aux portes du bonheur avant qu’Einar n’annonce le dernier titre. Parlant du covid, faisant quelques blagues (Simen éclatera de rire à un moment, Einar lui demandera s’il a quelque chose à dire avant qu’il n’annonce “Je n’ai rien à dire, je ne suis que le bassiste” sous un public mort de rire) avant que ne surgisse, de nulle part, “Nightime Disguise”. Les lights sont magnifiques, l’intensité à son maximum et, tout au long des sept minutes, grimpe pour se terminer sur une véritable hola face à un groupe heureux d’être là, présents, dont un chanteur faisant son max et assurant à merveille son rôle de frontman malgré une bronchite (il chantera d’ailleurs de mieux en mieux tout au long du show). 

Le groupe quitte la scène mais les lumières restent éteintes car tout le monde sait (merci internet et les réseaux sociaux) que chaque soir se termine sous une ambiance rouge, avec l’ensemble du backline illuminé pour se cloturer sur un dantesque “The Sky is Red”. Baard torse nu, huis-cordes ressorti, ambiance expérimentale, Robin lachant la guitare pour accompagner son batteur sur le fameux passage à deux batteries et surtout, ce final de 5 minutes instrumentales qu’il est si jouissif d’entendre en vrai. Tout se termine avec un Tor posant sa guitare sur le sol, un Einar les bras levés sur ses synthés, Simen le regard dans le vide et Raphael le visage perdu derrière ses cheveux. 

Un immense concert, dans la difficulté, mais d’un professionnalisme et d’une passion dévorante. Merci à eux, aux groupes présents et à l’orga de la salle pour un si beau lieu et un son aussi impressionnant, malgré le fait qu’il s’agisse du premier “réel” concert de metal pour eux (4 mois qu’existe la salle). En espérant que la Vendée s’inscrive dans la durée pour ce genre de rendez-vous car le public, réceptif et présent, pourrait bien en redemander. 

Setlist

  1. Have You Ever ?
  2. The Price
  3. Bonneville
  4. Observe the Train
  5. On Hold
  6. Castaway Angels
  7. Slave (Request by Audience)
  8. Alleviate
  9. Out of Here
  10. Distant Bells
  11. The Cloak
  12. Below
  13. Nighttime Disguise
  14. The Sky is Red

 

[Texte & Photos par Eternalis]


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