La Hongrie fait partie de ces pays, un peu comme leurs voisins autrichiens dans une moindre mesure, qui ont une place plutôt particulière selon moi. Assez discrète avec au final très peu de groupes qui arrive à obtenir les honneurs internationaux, mais avec une tendance pour un certain nombre de noms reconnus dans un certain milieu à faire de la musique vraiment peu conventionnel et avec une vraie touche personnelle.
Le génial projet
Thy Catafalque est bien évidemment celui que je citerais en premier (ainsi que les prémices sur l'unique album du projet
Gire), en tant que fan de musique expérimental, mais même dans des styles plus conventionnels comme le folk metal (The
Moon and the Nightspirit,
Dalriada ou encore
Niburta), ou le black metal (
Sear Bliss et leur trombone notamment), tous dégagent une atmosphère particulière à la fois exotique avec des sonorités assez orientales mais tout en restant européennes, une sorte de mélancolie sous-jacente également qui fait que lorsque se présente un groupe venant de ce pays, je suis si ce n'est enthousiaste forcément intrigué.
Perihelion naquit sur les cendres du groupe de black-death mélodique
Neokhrome de par son leader Gyula Vasvári, chanteur et guitariste et son batteur Barta Katonka.
Un changement qui a été décidé probablement dans le désir de s'échapper d'une image et de proposer quelque chose de nouveau, plus que de véritablement rompre avec le passé puisqu'il se tisse une sorte de continuité entre le dernier album de
Neokhrome qui déjà marquait une évolution progressive et dont le nom n'était autre que
Perihelion (faisant au passage un peu l'inverse des québécois de
Blackguard dont le premier album se nommait
Profugus Mortis, c'est à dire leur ancien nom...).
Il s'agit donc du premier véritable album sous ce nouveau nom, le précédent n'étant qu'une réédition de l'album «
Perihelion » auquel a été rajouté les trois titres du premier EP du groupe, et sa diffusion en France est assuré de manière importante, puisque c'est l’éclectique label local
Apathia Records (
Wormfood,
Pryapisme,
Orakle, ÖxxÖ XööX...) qui les promeut désormais.
L'album semble marquer une vraie volonté de créer de nouvelles atmosphères pour ces musiciens et légitime du même coup probablement leur changement de nom, en effet la quasi-absence de voix hurlé, les atmosphères lentes et planantes, folklorico-atypiques et le chant entièrement en hongrois semble définitivement les éloigner de leurs frontières death-black... peut-être du post-black, si on en croit cette étiquette que d'aucuns ont longtemps voulu accoler aux islandais de Solstafir, qui est probablement le groupe actuel auquel on rapprochera le plus volontiers les natifs de Debrecen.
En effet, on a bien plus à faire à un groupe d'atmosphère que de puissance, à l'image de l'introduction instrumentale de trois minutes et malgré les passages pseudo-blastés rapides à la
Alcest version « Ecailles de Lune » que le groupe enverra en trompe-l’œil sur les titres suivants qui seront d'ailleurs les plus enlevés, à l'image du départ tonitruant de « Vég se hozza el » ou de la séquence instrumentale centrale d'un « Végtelen kék » dont les parties chantées demeurent extrêmement rock et assez easy-listening.
Les parties ambiantes sont d'ailleurs privilégié à l'image du titre « Égrengető » mis en avant par la réalisation du clip et qui consiste en une tranquille montée en puissance dominé par une basse souveraine, ou sur un « Hajad szél » qui mêle des influences post-black très doux voir rock indépendant à la
Borknagar rencontre Sigur Ros...
La force du groupe, c'est de toute façon, cette capacité qu'ils ont à cumuler les passages qui sans être avant-gardiste sortent de l'ordinaire. La langue insolite qu'est le hongrois semble d'ailleurs y jouer un rôle moteur, un peu comme chez
Thy Catafalque avec du coup ce coté exotique que peu de groupes peuvent se targuer d'avoir (on pensera d'ailleurs là aussi à Solstafir).
Le défaut de cet album reste par contre sa longueur puisque avec 35 petites minutes, durée qui peut tout à fait coller à un album de musique extrême plus conventionnel, là on en réclamerait clairement plus et malgré les bonnes notes sur lequel se finit le disque, il est difficile d'échapper à ce sentiment de semi-déception lorsqu'on se rend compte qu'effectivement, c'est déjà fini.
Au final, il s'agit d'une bonne surprise dans un style assez particulier avec un album certes trop court mais suffisamment long pour apprécier le talent d'un groupe qui a su profiter de ses origines bien particulières pour s'ouvrir un corridor à part qu'ils pourront explorer plus en avant mais on attendra la suite avant de se prononcer de manière définitive savoir si ce qui est bon sur une grosse demi-heure arrivera à garder son impact sur des œuvres plus importantes.
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