Le destin artistique des Américains de Lilian
Axe est un long parcourt accidenté et atypique. Né dans le premier tiers des années 80, le groupe démarre sa carrière en nous offrant le visage d'une expression créative très empreinte de
Hard-FM, de Heavy Rock et de cette allégresse légère et détachée propre à la musicalité de cette époque-là tout en y adjoignant, déjà, aussi, une certaine maturité alors encore sous-jacente. Au détour d'album aussi réussis que
Poetic Justice (1992) ou encore que
Psychoschizophrenia (1993), la formation parviendra d'ailleurs aisément à démontrer l'étendu d'un talent assez incroyable. Habiles dans l'art de composer des mélodies simples et facilement assimilables, ces natifs de la Nouvelle-Orléans développeront une personnalité forte et reconnaissable. Dernier testament d'une première ère exaltante, Psychoscizophrenia est l'ultime acte de ces artistes qui durant de longues années vont ensuite rester silencieux.
Après quelques albums anecdotiques, dont certains à la qualité vraiment discutable, Lilian
Axe renaît de ces cendres en 2007 et nous propose de retrouver son univers musical. En réalité ces retrouvailles n'en sont pas réellement car les Américains nous permettent non pas de redécouvrir leur musique mais bel et bien de la découvrir au travers d'une facette plus adulte. Et, en effet, loin de son innocence d'antan, ces musiciens laissent apparaitre sur cet opus une philosophie et une profondeur créative plus mature.
XI: The Days Before Tommorrow est le nouvel effort du groupe et il tente de poursuivre dans cette continuité d'atmosphères mélodiques plus mûres instaurées depuis ce Water
Rising (2007).
Plus mûres mais surtout plus noires pour un nouvel album complexe et simple à la fois.
Complexe car il s'agira de se laisser séduire par un plaidoyer auquel il faudra obligatoirement accorder du temps. Et ainsi accepter de s'immerger dans son
Hard Rock ombreux aux aspirations Heavy et au souffle Progressif dans lequel l'agressivité n'est pas vraiment de rigueur. Un propos dans lequel, d'ailleurs, la musicalité omniprésente est affublée, de surcroît, d'une douce mélancolie délicieusement envahissante. Cette incomparable humeur à la noirceur et à la tristesse assumée est, d'ailleurs, un des atouts les plus essentiels de ce disque. Elle nimbe chacun des morceaux qui le compose de manière à lui donner un supplément d'âme assez touchant.
Et simple parce que le superbe travail mélodique accompli sur cet opus donne à chacun de ces titres un naturel évident qui fait immédiatement écho en l'auditeur sensible.
De nombreuses vertus que des chansons telles que les très réussies
Babylon, Death Comes Tomorrow au break magnifique et émouvant,
Gather Up the Snow, Caged In aux parfums subversifs que
Vince Neil (Motley Crue) ne renierait certainement pas ou encore, par exemple, tels que Soul
Disease démontre assez aisément.
Les deux ballades que sont le magnifique Bow your
Head et My Apologies s'intègrent parfaitement dans ce climat nostalgique et affecté.
Il nous faudra encore dire que la production de ce disque met les guitares un peu en retrait lui donnant un aspect un peu moins brut et favorisant un climat plus "chaleureux" qui si il déplaira fatalement aux adeptes d'une agressivité primaire tant elle fait perdre un peu de mordant à l'instrument à cordes, ravira sans aucun doute ceux qui ne jurent que par l'émotion tant ce traitement renforce encore ce sentiment de mélancolie omniprésent.
Il nous faudra aussi évoquer le remplacement du chanteur Derrick LeFevre par Brian Jones. Ce dernier se fondant superbement dans les schémas de composition voulu par Steve
Blaze. Parvenant même, parfois, à les transcender.
XI: The Days Before Tomorrow est donc un album marquant. Dans la continuité des œuvres précédentes de Lilian
Axe, ce dernier est, une fois encore, régi par un
Hard Rock, Heavy Rock aux arômes Prog succincts et aux ambiances tourmentées et très travaillées.
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