Liste des groupes Power Symphonique Sovereign Council World on Fire

Huit ans de silence radio soufflés déjà suite à son second et somme toute friable album studio, « Laniakea », et d'aucuns n'étaient alors pas loin de penser les espoirs de pérennité du projet du groupe canadien à jamais envolés. Se plaisant à déjouer tout pronostic, le voici à nouveau remis en selle, bien plus modestement qu'autrefois, il est vrai, à l'aune de son premier et présent EP, « World on Fire ». Une auto-production n'affichant guère plus de 21 minutes au compteur, où s'enchaînent sereinement 5 pistes inédites d'obédience metal mélodico-symphonique et moderne, cette fois davantage influencées par Delain, Xandria, Beyond The Black, Volturian et Visions Of Atlantis que par Dream Theater, Opeth ou Symphony X, soit à quelques encâblures des premières amours du combo nord-américain. Un nouvel horizon suivi par nos acolytes, qui a pour corolaire des lignes mélodiques travaillées en profondeur et plus avenantes aujourd'hui qu'hier, et une technicité instrumentale éprouvée mais nullement ostentatoire.

Dans cette nouvelle aventure se voit embarqué l'équipage de la précédente traversée, à une nuance près toutefois : si s'y retrouvent agrégés les talents de Lisa Thompson en qualité de frontwoman, Chris Thompson aux guitares, Shaun Vanhooser à la basse et Brandon Schneider à la batterie, à l'empreinte vocale d' Alexander MacWilliam se substitue dorénavant celle de Joe ''Lyko'' Moon (A Scar For The Wicked, Beyond The Extraction), ce dernier enrichissant, par ailleurs, ce set de compositions de son subtil toucher de guitare. Produite au Dark Moon Productions, studio dont ce dernier est le propriétaire, mixée et mastérisée aux Silver Wings Studios, la menue rondelle témoigne d'un soin particulier apporté aux finitions, d'une saisissante profondeur de champ acoustique et d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation. Sans omettre une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut et des arrangements orchestraux aux petits oignons. A l'aune de cette fraîche offrande, il semble bien que l'on soit entré dans une tout autre dimension...


Si ce message musical se fait un poil moins tempétueux que son aîné, de puissants coups de boutoir alimentent cependant certains passages, état de fait contribuant à aspirer le tympan du chaland. Ainsi, reposant sur des arrangements instrumentaux de fort bonne facture et octroyant un fondant refrain mis en habits de lumière par les magnétiques volutes de la princesse, « The Wait » se jouera assurément de toute tentative de résistance à son assimilation. Jouissant parallèlement d'enchaînements intra piste des plus sécurisants et d'un fin legato à la lead guitare, ce chevaleresque mid/up tempo aux riffs crochetés, à la croisée des chemins entre Visions Of Atlantis et Xandria, se pose dores et déjà comme l'une des gemmes de l'opus. Dans cette veine s'inscrit également « Aberration », percutant et organique manifeste à la basse vrombissante, où l'empreinte vocale du vocaliste patenté s'effacerait un tantinet derrière les cristallines patines de la belle ; livrant des couplets finement esquissés et ne relâchant pas son étreinte d'un pouce, le tonique effort générera à n'en pas douter un headbang subreptice. Enfin, non sans renvoyer à Beyond The Black, l'incisif et rayonnant « Of the Ashes » n'aura de cesse de nous bringuebaler tout en glissant le long d'une radieuse rivière mélodique. Et la magie opère, une fois encore.

Lorsque la cadence du convoi instrumental se fait moins vive, nos compèrent trouvent également, et sans mal, les clés pour nous assigner à résidence. Ce qu'atteste, d'une part, « World on Fire » ''delainien'' mid tempo aux riffs épais et délivrant de puissants et métronomiques coups de tambour ; recelant un break opportun que vient prestement balayer une bondissante reprise sur la crête d'un refrain catchy, mis en exergue par les troublantes inflexions de la sirène, ainsi qu'un bref mais seyant solo de guitare, le tubesque méfait ne se quittera qu'à regret. On ne saurait davantage éluder « Breathe You In », mid tempo metal moderne à mi-chemin entre Volturian et Delain, tant pour ses grisantes rampes synthétiques et son flamboyant solo de guitare que pour sa mélodicité toute de fines nuances cousue, sur laquelle se greffent précisément les angéliques patines de la déesse comme les claires impulsions de son comparse. Autre hit en puissance à mettre à l'actif de nos inspirés compères, donc, et qui pourrait bien laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le tympan.


On comprend que, quelque onze ans suite à sa sortie terre, le quintet canadien a beaucoup appris de ses erreurs de jeunesse, suffisamment, en tout cas, pour ne plus les reproduire. Aussi, effeuille-t-on une œuvre, certes, dans un mouchoir de poche, mais éminemment solaire et n'accusant pas l'once d'un bémol susceptible d'affadir l'attention de l'auditeur. Plus encore, tout en dispensant cette fois d'infiltrants cheminements d'harmoniques, des sentes mélodiques des plus enveloppantes et un jeu d'écriture affiné, le combo aurait élevé d'un cran le niveau de ses exigences propres.

Toutefois, si la chatoyante empreinte vocale de la belle a gagné en maturité et en aura, celle de son comparse, bien souvent en retrait et un poil linéarisée, s'avère, en revanche, plus aisément dispensable. Il conviendrait encore d'étoffer le propos d'exercices de style plus variés (fresques, ballades et autres instrumentaux manquant à l'appel) pour caresser l'espoir d'aspirer plus aisément, et surtout, plus durablement un tympan déjà accoutumé aux travaux de ses maîtres inspirateurs. Forte d'une qualité de production de bon aloi et d'un set de compositions bien inspirées, cette galette pourrait bien propulser nos acolytes parmi les sérieux espoirs de ce registre metal. Bref, un heureux changement de cap amorcé par la formation canadienne...