Il ne va pas sans dire que l’aspect graphique et visuel d’une œuvre musicale, en ces temps moroses pour l’industrie, est désormais indispensable pour attirer l’œil et importer un éventuel auditeur dans sa mythologie et son univers personnel.
Jadis important, il est désormais indispensable pour sortir du lot immense de sorties croulant chaque mois dans les bacs, amenées à disparaitre après quelques semaines dans un anonymat complet. Cet impact visuel, il est là pour sortir entre les autres disques, attirer l’œil, ne serait-ce que prendre l’album dans la main (ou cliquer dessus sur internet…) une seule fois, pour au moins donner une once d’envie à l’auditeur.
Difficile de se dire que c’est ce qui se produira à la vue de l’artwork relativement laid de ce premier opus de
Sorronia, sorte de pochette de boys band avec une jeune fille généreuse au milieu, dans un fond lumineux dans l’arrière-plan et lumineux sur le premier plan. Ou alors pour la curiosité sadique de voir ce que peut bien être cette étrangeté…
Le premier opus des hongrois fait partie de ces opus qui, dès le premier regard, peuvent faire affirmer que l’on connait déjà l’intro (répondant au nom évocateur de…"Intro" !) symphonico-dramatique puis le déroulement et enfin la conclusion d’un album de metal symphonique à chanteuse surfant allègrement dans les plates-bandes d’
Epica,
Nightwish, Diabolus in Musica,
After Forever ou
Edenbridge. Et si nous sommes parfois d’une complète mauvaise foi, force est d’admettre que c’est complètement le cas ici.
"Words of
Silence" empile, enfile et tricote les poncifs les uns après les autres avec une production très moyenne et faiblarde (peu d’envergure, des claviers en retrait et une batterie très sèche, sans écho) et surtout une jeune chanteuse, Anna Kiràly, qui ne suit vraiment pas la cadence. Encore trop fluette, elle ne parvient à rester que dans un registre vaguement lyrique, sans hargne ni véritable mélodie, cherchant à tenir une performance uniquement technique sans s’accorder à une musique déjà plate, devenant profondément ennuyeuse du même coup. De "
Fallen Angel" à "This is the
End", il n’y a sincèrement pas grand-chose à sauver tant l’écoute passe et disparait dans le trou de l’oreille opposée. Ce n’est pas complètement mauvais mais clairement transparent, tout au long des seulement trente-deux minutes de l’album (léger pour un disque de ce style d’ailleurs). Le groupe essaie pourtant de créer une ambiance plus théâtrale sur l’introduction de "Enemy of Yourself" mais le timbre d’Anna n’emballe à aucun moment la composition (dans la veine d’une Sharon Den Adel sans sa magie) et la production vraiment trop faible est un argument ne jouant sincèrement pas en la faveur de
Sorronia dans un style où les exigences sont très nombreuses, que ce soit dans l’interprétation, le son ou les arrangements qui, ici, sonnent bien trop artificielles pour soutenir une quelconque comparaison. Car en comparant ce qui est comparable, on peut trouver des groupes avec de petits moyens ayant réussi de petits exploits dans le genre récemment (notamment "The Wanderer" de Diabolus in Musica).
Sorronia est encore jeune et il a le temps de rectifier le tir, apprendre de ses erreurs pour proposer des choses intéressantes à l’avenir. Le chanteur est certes encore complet, mais ils ont un label possédant des moyens pour réussir ce pari. Difficile à dire si les hongrois parviendront à un niveau supérieur à l’avenir, mais nous avons parfois vu des artistes faire des progrès fantastiques en peu de temps. Soyons patients, et restons attentifs au futur. Rien n’est jamais acquis d’avance, dans un sens comme dans l’autre.
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