On ne les attendait pas forcément et pourtant les voici de retour, deux ans après « Words of
Silence », album full length controversé tant par les critiques que par le public. Prudent dans sa démarche, le quartet hongrois, initialisé par la soprano Anna Kiraly et le claviériste Istvan Biro, revient cette fois avec, dans ses cartons, un modeste EP de trois titres pour un laconique parcours auditif de moins d'un quart d'heure. Pour les assister dans cette entreprise, ils ont pu compter sur le soutien de Kristof Vizi à la batterie et de Zoltan Arpad Liptay, guitariste fraîchement venu en remplacement de Laszlo Szabo.
De cette collaboration, en ressortent des compositions metal symphonique techniquement plus abouties, à la mélodicité plus travaillée et aux harmoniques mieux dessinées, mises en valeur par des envolées lyriques plus convaincantes et aptes à stimuler nos émotions. Toutefois, et c'est là que le bât blesse, la mise en relief du produit n'est pas optimale, cette menue rondelle souffrant d'une qualité d'enregistrement friable, laissant échapper de désagréables notes parasites et générant un gênant effet de compression instrumentale. C'est dire que l'ensemble manque d'une profondeur de champ acoustique qui l'aurait rendu plus digeste sur la durée. De plus, les parties vocales apparaissent sous-mixées, limitant d'autant le rayonnement oratoire espéré. Un effort a néanmoins été entrepris sur les finitions et les enchaînements inter pistes, signe manifeste d'une œuvre qui s'est laissée le temps nécessaire à la construction de son message musical. Mais, sera-ce suffisant pour nous retenir durant le bref périple qui nous attend ?
On évolue la plupart du temps dans un registre metal symphonique mélodique, à la touche atmosphérique, dans l'esprit de
Within Temptation, avec quelques harmoniques empruntées à
Delain ou encore à
Autumn. Ainsi, des riffs acérés accolés à des nappes synthétiques emphatiques nous assaillent sur «
Betrayal », entraînante piste metal symphonique à la rythmique enjouée, non sans rappeler
Within Temptation à leurs débuts. Nos énergiques instrumentistes nous mènent alors à des couplets invitants et à des refrains témoignant d'une lumière mélodique convenue mais apte à susciter l'adhésion, judicieusement servis par la jeune sirène. Cette dernière, sans user d'un lyrisme manifeste, parvient à ses fins tout en délicatesse. Un break technique s'inscrit opportunément dans la portée, avant de se faire aspirer par une confondante reprise sur le refrain. Enfin, l'ensemble impressionne par le dispositif orchestral sollicité et ainsi harmonisé, même s'il manque une étincelle pour que l'on soit irrémédiablement happé par la tourmente. Dans cette mouvance, le vivifiant «
Farewell » nous immerge au cœur d'un houleux océan synthétique, parallèlement aux tribulations oratoires de la déesse, bien inspirée dans ses impulsions calées dans les médiums. Une pièce épique, à l'agréable dénouement harmonique, qui réserve même quelques effets de surprise mais qui ne parvient pas réellement à capturer nos émotions.
Mais là où le combo hongrois semble particulièrement à son aise concerne le secteur des mots bleus. Il nous offre ainsi une ballade progressive d'une grande sensibilité à l'instar de « Chains », non sans rappeler
Autumn sur le plan harmonique et
Within Temptation dans ses variations de tonalité, avec une touche slave en prime. Ce faisant, de souriants couplets et d'enivrants refrains alternent pour une heureuse ronde des saveurs, au fil d'un cheminement mélodique sécurisant, voire infiltrant. Sans forcer le trait, la belle séduit tout en finesse au fil de ses célestes modulations suivant une gracieuse instrumentation, l'ensemble se clôturant sereinement par une ultime rampe ascendante au piano. Bref, le collectif a su nous concocter une suave romance qu'on se plait à parcourir et à se repasser.
Au final, on redécouvre un groupe qu'on pensait ne pas véritablement résister aux multiples assauts d'une impitoyable concurrence inhérente au registre metal symphonique à chant féminin. Ses nouvelles compositions aux portées mieux esquissées et plus immersives que par le passé témoignent précisément de son souhait d'en découdre. Cependant, malgré quelques avancées sur les plans technique et mélodique, le propos demeure encore trop classique dans ses harmoniques et dans ses gammes pour espérer se démarquer de ses homologues.
Outre quelques carences en matière d'originalité et de logistique, le combo devra encore asseoir son propos sur une identité artistique plus efficiente pour ne pas se fondre dans une masse compacte et ainsi éviter de se faire aspirer par d'ensevelissants et fatals tourbillons. La balle est désormais dans leur camp...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire