Germ est un des projet du prolifique Tim Yatras, membres de pas mal de groupes de black metal australiens (dont le très bon
Woods Of Desolation). Et ici comme dans beaucoup de ses groupes, on va parler de black atmosphérique.
Du black atmo ?
Oui, du black atmo.
Mais il en fait déjà de partout, pourquoi faire un autre groupe me direz-vous ?
J'y viens.
Tim aime le black atmo, aime les atmosphères et les ambiances feutrées, et Tim aime... l'espace. Vous n'avez qu'à regarder les titres des 5 premiers morceaux pour vous en convaincre. Et comment se traduit souvent l'espace en musique ? Avec des sonorités électro. Voilà donc notre petit Tim lancé dans du black atmo/électro/cosmique.
Et comment s'en sort-il ?
Et ben plutôt bien.
On peut décrire l'album assez simplement en soi. Des accords saturés, des nappes de claviers, des bidouillages électro, quelques arpèges de guitares, du chant clair, du chant hurlé.
Pas tellement compliqué en soi, mais c'est quand même vachement bien foutu.
Déjà la production est loin de celles des groupes de black dits cosmiques, comme
Kataxu, où la reverb' est portée à son maximum afin sûrement de faire ressentir l'infini cosmique. Ici le son est très clean, on distingue sans problème immédiatement chaque couche de sons, chaque instrument. Et le rythme est bien plus souvent midtempo que dans les formations traditionnelles de black cosmique, plus rock/pop.
D'ailleurs ces instruments, parlons-en.
Les guitares tout d'abord restent relativement conventionnelles. Soit elles enchaînent des accords, soit elles se permettent quelques petits arpèges souvent en renfort des guitares saturées sus-mentionnées, afin de renforcer l'ambiance planante des morceaux. On trouve cependant régulièrement des solos, suffisamment longs pour être intéressants et justifiés, et suffisamment courts pour ne pas devenir ennuyants.
La batterie quant à elle reste dans une même opposition entre rythmes pop classiques, apport de double pédale et passages blastés, afin de saisir au mieux les montées en puissance.
Les claviers revêtent une importance particulière. Des morceaux entiers (assez courts, moins de 2 min en général) leur sont dédiés, comme un Oxygen et un
Infinity planants, ou un
Gravity plus technoïde et entraînant. A noter le dernier morceau, qui porte le nom de l'album, qui utilise uniquement un instrument au final très peu présent dans l'album, le piano.
Ils sont très souvent présents, que ce soit par l'intermédiaire de nappes de clavier (ces fameux strings), ou de boucles électro, qui ne sont pas sans rappeler la vague
Dream music (Robert Miles dont le nom ne dira pas forcément grand chose à tout le monde, mais vous avez déjà sûrement entendu le morceau
Children).
Nous en arrivons à la voix.
Je conçois qu'elle peut être irritante pour certains. La voix saturée consiste en des hurlements suraigus absolument pas intelligibles. J'avoue ne pas en être très fan. Cela se justifie quand la musique se veut sombre, malsaine, ou déprimante, mais pas ici. Il n'y a qu'à écouter les 3 premières minutes de Your Smile Mirrors The Sun. La musique est planante, rêveuse, et ces cris semblent... décalés, surtout lorsque se termine le rythme blasté après 1'10. Peut-être est-ce voulu, mais je ne trouve pas ce chant pleinement adapté. Un chant black plus intelligible, plus classique aurait été plus adapté.
Le chant clair quant à lui est très... "nuancé". Je ne sais pas trop comment le décrire, mais Tim chante de manière un peu poussive, cela me fait un peu penser à The Cure, sans pour autant allez aussi loin, je ne sais pas. En tout cas j'ai été un peu surpris au début, mais au final ça passe bien. Il n'est pas toujours bien placé, mais cela rajoute à la sincérité du chanteur je trouve.
Parlons des morceaux en eux-même maintenant.
Mais... et.... la basse ? Es-tu comme tous ces immondes personnages qui ne comprennent pas l'intérêt de la basse ?
Non non point du tout, je suis moi-même bassiste.
Et alors ?
Ben la basse n'a absolument aucune espèce d'intérêt sur cet album, je ne suis même pas sûr qu'elle ne consiste pas en des sons de claviers.
Ah. Ok.
Les morceaux donc.
Comme je l'ai dit plus haut, on trouve des morceaux... de black atmo (entre 4 et 10 min), et des morceaux "ambiant", qui mis à part sur les 2 premières pistes, se situent entre les différents morceaux black.
Les morceaux principaux donc, sont assez bien construits, varient les rythmes pop/double pédales, les passages plus feutrés, et ceux plus puissants émotionnellement.
On se situe ici donc dans un croisement entre le black atmo classique, planant, jouant sur des mélodies prenantes, et le black cosmique, jouant sur des thèmes plus feutrés, plus entraînants aussi.
Voilà, j'espère avoir été assez clair sur le contenu de cet album.
Pour ma part, ben j'ai vraiment accroché. C'est une musique touchante, qui se ressent, et dans mon cas ça a parfaitement marché. Certes l'album ne transcende rien, n'invente rien, mais ce n'est pas ce qu'on lui demande. On lui demande de nous faire ressentir des atmosphères cosmiques, planantes.
Alors oui il y a des défauts. Les voix auraient pu être mieux gérées, certains bidouillages électro font parfois un peu cheap, un peu kitsch, mais je trouve que ça donne du charme, de la personnalité à ce groupe (enfin ce Tim), qui certes fait du black atmo, style pas si vieux que ça, mais va l'enrober de choses héritées des débuts de la techno minimaliste ou de la scène new-wave/goth, ancrées dans une époque déjà plus lointaine.
Petit mot sur la pochette assez jolie, parfaitement adaptée au style dans son rendu "voyage dans l'espace", des couleurs assez claires et pâles, car l'album n'est ni sombre ni vraiment psychédélique.
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