Ami adepte de musique classieuse à la production propre et d'opus esthétiquement soignés où un bellâtre blond vient chantonner quelques notes aigües sur les rythmes effrénés martelés par un autre adonis tout aussi blond pendant que deux autres apollons, blonds eux-aussi, s'affairent guitares en mains, passe ton chemin car ce
Wings of Chains, premier véritable album des Américains de
Bat n'est pas pour toi. Ici, à grands renforts de Heavy Speed Thrash
Metal, dans lequel viennent, aussi, s'intercaler des influences NWOBHM et Punk, nous évoquant immanquablement ces temps bénis où le Death
Metal n'en était qu'à ses balbutiements et où des noms tels que
Venom ou
Slayer faisaient frémir de plaisir tout quidam qui se respecte, ce collectif originaire de Richmond, en Virginie, fait dans l'annihilation sans concession et sans finasserie inutile.
En à peine une demi-heure, il parvient, en effet, fort de douze obus de gros calibre dans une expression où, aux côtés de ceux déjà cités, on pourra ajouter les noms de Motorhead, de
Baphomet's Blood ou de
Bulldozer, à facilement nous convaincre. Pilonnant méthodiquement chacune de nos positions, toute résistance semble vaine. Citons quelques exemples de ces munitions comme, par exemple, les vifs, et excellents, Bloodhounds, Code
Rude ou
Master of the Skies. Concernant
Ritual Fool et son refrain d'une simplicité déconcertante et d'une efficacité toute aussi inopinée, il se finit même par quelques chœurs ésotériques et ritualistes, un peu dans l'esprit de ce Heavy
Doom dont les pionniers furent, notamment,
Black Sabbath. Le
Wings of Chains qui le suit est, quant à lui, plus posé et nous offre quelques riffs, et mélodies, symptomatiques de ces années 70 tant chéries par certains, dont moi. Une décennie que l'on retrouvera également dans certains passages du morceau suivant, Total Wreckage. Quant à
Bat, il clôt superbement ce disque.
Du côté du traitement sonore de ce manifeste, on est exactement dans ce qu'on est en droit d'attendre pour une telle démonstration de force. Précis et simple, il met parfaitement en valeur le côté très brut, et très primitif, de ce joyau. Tout comme cette pochette noire et blanche qui ne détonnerait certainement pas sur un album de Black
Metal (d'ailleurs en parlant de l'art noir si cher aux Scandinaves, je ne peux m'empêcher de penser, à l'écoute de cet effort, au cheminement de
Darkthrone dont les derniers albums s'inscrivent dans une démarche un peu similaire à celle de
Bat. Entendons-nous bien, je ne suis pas en train de dire que ces Américains et les Norvégiens auteurs du sublime Transilvanian Hunger jouent la même musique mais qu'il y a, me semble-t-il, une certaine filiation dans les deux approches).
Wings of Chains est une œuvre de destruction massive qui ne réinvente absolument pas le genre (mais en même temps est-ce vraiment ce qu'on demande à ce genre de démonstration?) et qui parviendra sans peine à vous séduire si vous pensez que le Heavy Speed
Metal actuel s'est fourvoyé en acceptant de se plier aux exigences contemporaines. Si, en somme, vous pensez qu'un certain nombre de choses, pour ne pas dire toutes, étaient mieux avant.
Très bonne chronique! Un excellent album de metal noir et brut, dans un style à la croisée du thrash et du black (old school, pour les deux!), qui me fait aussi penser à Sodom, qui reste selon moi une référence dans le style quand il le décide. Tout comme Toxic Holocaust, leur rejeton (plus moderne) maléfique et prolifique. La comparaison avec les derniers Darkthrone niveau ambiance poisseuse est parfaitement appropriée. Au passage, une dédicace aux types de Municipal Waste qui, s'ils ne sont pas toujours à la pointe de l'innovation, ont parfaitement digéré les différentes influences de nos styles préférés et sont capables de les faire vivre encore aujourd'hui au sein de leurs différentes formations, quand les pionniers s'essouflent parfois. Ces mecs ont vraiment tout compris au métal, le vrai! A écouter très fort en saccochant un pack de mauvaise bière!!!
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire