Non, il ne s’agit pas d’un album de thrash metal old school dont l’artwork aurait été inspiré par le très bon « Under the Influence » du mythique
Overkill, mais bel et bien du premier album éponyme d’un groupe de hair metal non moins empreint d’un caractère de légende et répondant au doux patronyme de
Winger. Oui souvenez vous, ce combo permanenté parmi beaucoup d’autres dont le frontman Kip
Winger est atteint d’une fléchette en pleine tête lancée fièrement par un certain Lars Ulrich dans le clip de «
Nothing Else Matters » du groupe de thrash metal le plus bankable de l’Histoire, et qui cerise sur le gâteau s’avère être ridiculisé au plus haut point dans l’hilarante série animée « Beavis and Butt-head » de Mike
Judge notamment par l’intermédiaire de l’éternel loser Stewart Stevenson quasi constamment affublé de son légendaire t-shirt à l’effigie du groupe ; synonyme de ringardise absolue. Quand on sait ce qui est advenu de
Metallica depuis son triste album noir et des antihéros névrosés chers à la génération grunge incarnée par les décérébrés mentaux arrogants que sont les têtes à claques Beavis et Butt-head, comment ne pas développer un intérêt des plus enthousiastes pour le quatuor new-yorkais et plus particulièrement pour son premier album éponyme ?
Winger n’est autre que le brainchild de son bassiste/chanteur Kip
Winger dont le fait d’arme le plus notable est alors sa collaboration avec le mythique
Alice Cooper notamment sur les albums « Constrictor » et « Raise Your
Fist and Yell » pour lesquels le natif de Denver à prêté ses talents de quatre-cordiste. Formé au cours de l’année 1987 sous le nom initial de
Sahara en ayant déjà un pied dans le music business notamment grâce aux accointances professionnelles de son leader et rapidement rebaptisé
Winger en raison d’obscures questions de trademarking avec un groupe homonyme,
Winger se voit rejoindre dès lors par les talentueux
Reb Beach (guitares, futur
Dokken,
Whitesnake), Rod Morgenstein (batterie, Dixie Dregs) et autres Paul Taylor (claviers, futur Steve Perry) avant de sortir le 10 août 1988 sur le label
Atlantic Records un premier album éponyme sous le catalog # 7 81867-1.
«
Madalaine », «
Hungry », «
Seventeen » ou encore «
Headed for a Heartbreak » ; il ne faut pas plus à l’auditrice qu’un coup d’œil furtif à la back cover de l’opus et au tracklisting de ce dernier pour considérer de suite «
Winger » tel un disque thématiquement parlant on ne peut plus représentatif de la scène hair metal alors à l’apogée de son succès et de sa popularité en cet été 1988, au vu de titres qui semblent en apparence ne traiter ni des principes fondamentaux de la philosophie bergsonienne ni des réflexions métaphysiques de
Kurt Gödel sur la théorie des fonctions récursives et autres cohérence relative de l’hypothèse du continu. Sans surprise aucune,
Winger s’avère être ni plus ni moins qu’un boys band pop metal à minettes wasp pré-pubères et florées capables à leurs risques et périls d’attendre 72 heures sans manger ni boire devant les portes d’une salle de concert pour ne glaner ne serait-ce qu’une esquisse de sourire de rockstar synonyme d’apparitions providentielles de flaques de sécrétions intimes on ne peut plus glissantes sur le parvis d’un Forum de
Los Angeles, d’un
Madison Square
Garden de
New York City ou encore d’un Omni
Coliseum d’Atlanta. « Humour » à part et de retour à des questions quintessentiellement musicales,
Winger pratique un heavy metal FM dont l’intérêt principal réside dans la remarquable qualité structurelle des compositions qui se veulent dès lors être le reflet sincère du talent incontestable des quatre musiciens composant le combo. Très bien produit grâce à l’inénarrable Beau Hill dont une présentation ici même serait une véritable insulte à sa légende, «
Winger » offre en effet à l’auditrice des hymnes catchy et puissants qui semblent faire mouche dès les premiers riffs à l’instar des excellents «
Madalaine », «
Seventeen », « Time to
Surrender » et autres «
Poison Angel » dont l’efficacité et la fraicheur s’avèrent être tout bonnement hallucinantes. Energique et enthousiaste à souhait, le heavy metal formaté bande FM du quartette de l’ex
Alice Cooper tendrait même à foutre une patate d’enfer incontestable au croque mort jaune-morve de Lucky Luke jusqu'à le faire sauter sur Ma
Dalton pour agrémenter la fratrie des frangins gangsters de l'Ouest aride d'un nouveau rejeton.
Peut-il y avoir bonne musique sans bons musiciens ? Inutile de répondre à cette interrogation des plus stériles dont même la décervelée Eve Angeli serait à même de cracher la bonne réponse sur TF1 sans prompteur ; lorsqu’un combo possède en son sein un batteur de jazz fusion et le futur remplaçant du virtuose
George Lynch dans le mythique
Dokken en les personnes respectives des confirmés Rod Morgenstein et autres
Reb Beach, sans parler de la présence charismatique d’un Kip
Winger aussi à l’aise une quatre-cordes en main que dans des vocalises que n’aurait pas renié un Farinelli,
Winger ne peut que prodiguer au fanatique de hard rock/heavy metal estampillé 80’s une musique assurément qualitative. Même si le groupe a pu paraître à la sortie de son premier effort tel une démarche opportuniste et relativement surfaite en partie à cause de l’ex golden job de son frontman brushé, les velléités musicales de ce faux super groupe n’en sont pas moins empreintes d’une authenticité remarquable pour un groupe de cette époque voyant irrémédiablement le glam metal vivre ses dernières heures de diktat sur MTV ainsi qu’au sommet des significatifs Billboards 200 et Hot 100. A ce titre, notons l’honorable reprise de l’anthologique « Purple
Haze » du légendaire Jimi Hendrix Experience s’avèrant être une version finalement intéressante et constructive de l’hymne psychédélique de 1967 bien qu’ayant pu instaurer avouons-le un doute initial légitime dans l’esprit de l’auditeur quant à la pertinence d’un tel choix de référence au vu de la divergence des styles pratiqués par le mystique Hendrix et le rationnel
Winger. Hair metal, fin des années 80 et cahier des charges imposé par les majors de l’industrie musicale obligent, «
Winger » fait également la part belle à des titres mid tempo relativement mélancoliques propres à empreindre avec succès les murs des toilettes des clubs rock des quatre coins du pays de l'Oncle Sam de souvenirs d’histoires d’amour furtives et de taches de sperme indélébiles. « Without the
Night », « State of
Emergency » dans une mesure moindre et surtout “
Headed for a Heartbreak” raviront sans doute secrètement l’être fragile et sensible qui se cache derrière chaque metal maniac qui se respecte.
A bien des égards, le premier album éponyme de
Winger s’avère être un disque immanquable que l’on ne saurait trop conseiller tant aux fans maladifs de hair metal qu’aux simples amateurs de hard rock efficace et empreint d’une certaine rigueur technique et structurelle garante de l’originalité de ce combo mythique et plus particulièrement de cet opus flirtant dangereusement avec la perfection. Encensé par les uns et décrié par les autres,
Winger est le genre de groupe qui ne peut laisser insensible et qui mérite largement l’intérêt tant des amoureux de technique instrumentale que de visuel esthétique glam metal. Brouillant les pistes entre personnalité musicale recherchée et caractère rock n’ roll superficiel et édulcoré, «
Winger » ne demande qu’à investir au plus vite votre range-cd, ou mieux ; votre coffre à vinyles à la place d’un mauvais album de
Metallica dont vous vous ferez un plaisir vindicatif de détruire la pochette à coups de hache ou de 22 Long Rifle. A découvrir ou à redécouvrir d’urgence.
Je crois que tu confonds avec Beavis & Butt-Head où le personnage rejet Stewart portait un tshirt Winger. Mais je suis pas d'accord avec lui, Kip Loser cherche à blâmer tout le monde sauf lui-même pour le succès relatif de son groupe parce que lui considère qu'il devrait être une méga-star. Il a pas proposé le bon style au bon moment, il s'est contenté de suivre une vague et d'arriver trop tard. C'est pas la faute de Mike Judge ou Lars Ulrich!
Oups, ha oui, évidemment, je voulais dire Beavis & Butt-head bien entendu, j'ai confondu ! Faut dire que je n'ai jamais été très familier d'aucune des deux séries… Merci d'avoir corrigé !
Pour le reste, j'ignore si Kip Winger avait le melon à ce point à l'époque et refusait autant de se remettre en question, ayant justement lâché sa carrière après "In The Heart of the Young"… À cette époque, lui et son groupe avaient encore du succès, la vague Nirvanesque n'ayant pas encore tout balayé sur son passage ; derniers mois de règne d'un genre qui allait bientôt connaître la descente aux enfers…
Sinon, cet article semble confirmer que la hache de guerre est bel et bien enterrée :
http://www.metalsucks.net/2014/05/09/beavis-butt-head-creator-mike-judge-winger-creator-kip-winger-kiss-make/
Il méritait mieux, je dis pas et je peux comprendre sa frustration, pas facile de se la fermer quand on est frustré. Surtout quand tu te fais insulter par une sous-merde comme Lars Ulrich dans le clip d'une ballade qui pue à plein nez la corruption. Il aurait été mieux de laisser passer et "sticker to his guns" mais il y a pas de mode d'emploi quand le modèle s'écroule.
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