Le premier album de
Rhapsody fut le formidable déclencheur d’une éclosion sans précédent. Issu de cette surprenante scène
Power italienne, il nous laissa découvrir une manne de groupe dont certains n’auraient, sans doute, jamais mérités, sans le formidable talent de
Luca Turilli et des siens mais aussi sans la vénalité de certains labels peu regardant sur la qualité, de gouter, un tant soit peu, à une renommé illusoire. Nombres d’acteurs créatifs de cette scène se terraient enfuis sous les strates obscures d’une indifférence générale, enseveli dans les ténèbres d’un underground transalpin très actif et très solidaire. Et dans une évolution cohérente, nombres de ces mêmes acteurs néfastes retournèrent, quelques temps plus tard, s’éteindre doucement dans un oubli inéluctable. Ce juste retour des choses permit d’opérer une sélection naturelle salutaire. L’histoire déjà maintes fois contées pourraient cesser ainsi avec panache et équité, si certain irréductibles ne tentaient pas, inlassablement, de sortir de l’ombre et ce afin de savourer encore un peu de cette lumière qui, les concernant, serait injustement offerte.
Et ce premier album éponyme de
Wild Steel, chanteur énigmatique de
Shadows Of Steel qui sort en 2006 s’alourdis, d’emblée, de tous les défauts inhérents à cette acharnement fatiguant. Exprimant les poncifs les plus caractéristiques d’une époque totalement révolus qui si elle l’est au moment même où votre humble serviteurs noircis modestement ces quelques lignes, l’était également déjà lorsque sortit ce plaidoyer conformiste Le paysage avait déjà tant évolué que son engagement artistique, ses convictions musicales, mais aussi sa vision, semblait totalement obsolètes.
Athlantis, dans lequel le vocaliste officia trois ans plus tôt, apparaissait, quant à lui, comme un hommage certes sympathique, mais déjà curieux.
Wild Steel semble insistant à tant vouloir faire vivre, et revivre, ces moments de l’histoire auxquels il aura finalement participé de manière assez anecdotique. En effet, si
Shadows Of Steel aurait put être un prétendant sérieux à la succession du plus célèbre groupe transalpin, il ne fut rien d’autre que le groupe d’un seul album éponyme sortis en 1997 et d’un EP,
Twilight, sortis un an plus tard avant de totalement sombrer sur un, déjà, trop suranné Second
Floor (2002).
Pourtant le musicien a indéniablement du talent, et dans ses terres natales une reconnaissance indéfectible surprenante mais cet album emplis de cette propension à refuser l’évidence des évolutions d’une décennie définitivement écoulé, est insupportablement ennuyeux. De plus conjugué ce passéisme voulue à un certain mimétisme confondant avec certains de ces compatriotes est d’autant plus regrettable encore. Ainsi un titre tel que Another
Dream, dans lequel plane lourdement l’ombre de
Labyrinth, est hautement dispensable.
Au-delà de ces défauts rédhibitoires et non-exhaustifs, l’œuvre défend donc l’étendard d’un Heavy/Speed à l’italienne dans lequel chaque accélération, chaque break, chaque soli, chaque intonations d’un chanteur aux accents typiquement transalpin, chaque note, chaque passage plus intimiste, chaque mélodie, chaque intervention de voix féminines célestes, chaque couplet d’un clavier familier semblent convenue avec une telle évidence que seule la lassitude s’avère promise. Le rapide et véloce
Lord of the Sky est, par exemple, une parfaite représentation de cette stigmatisation étonnante lorsqu’on connait les talents de musiciens aguerris présents ici (Pier Gonella ou, par exemple, Frank Andiver)
Dans ce désastre achevé, demeure, pourtant, une faible lueur d’espoir. En partisan fanatique des travaux de
Crimson Glory, et notamment de son regretté chanteur Midnight,
Wild Steel agrémente son album de quatre reprises dudit groupe. Si la premières,
Red Sharks est un honnête moment passable, dans lequel il faudra tout de même s’acclimater avec ces chants suraigus pénibles ; les suivantes sont, quant à elles, de jolies instants séduisants. Ainsi Transcendence, l’attachant Painted Skies et
Heart of Steel demeurent charmeurs avec leurs atmosphères intimistes ou seul les voix et les guitares sèches s’entremêlent plaisamment.
Ce premier album éponyme du chanteur de
Shadows Of Steel n’est donc rien d’autres qu’un objet poussiéreux emplis d’une nostalgie grotesque poussant à raviver l’esprit adolescent d’un mouvement déjà mature. Enfermé dans tous les clichés les plus fatiguant de ce Heavy/Speed transalpin,
Wild Steel poursuit sa lente agonie en exhalant des soupirs aussi fétides que cet album.
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