L’instant où le corps dit stop. Où il ne peut plus, lorsque le stress trop intense et l’épuisement physique atteignent un niveau paroxysmique qui n’est psychologiquement plus tenable. C’est ce que l’on appelle l’épreuve du burn out.
Du repos, une sensation d’abattement, de lassitude, une perte d’envie…
C’est ce qui arriva il y a deux ans à
Floor Jansen, après les multiples épreuves liées à
After Forever et l’échec artistique du premier opus de
ReVamp, pourtant créé autour d’une multitude de musiciens reconnus et talentueux. La chanteuse hollandaise dut prendre du recul, du repos…pendant près de dix-huit mois.
Nightwish lui demanda alors de remplacer au pied levé
Anette Olzon et ce n’est que quelque mois plus tard que prit vie ce second opus de
ReVamp, finalement peu attendu des fans tant le premier effort avait été catastrophique.
Accompagné désormais par un véritable line-up, toujours aidé par Joost van der Broek mais cette fois-ci uniquement pour la composition et la production,
ReVamp sort de nulle part un "
Wild Card" que personne n’attendait et qui risque de créer une mini-sensation tant la qualité est diamétralement opposée à celle du premier opus.
Beaucoup plus personnel et sombre, le metal symphonique du groupe plonge parfois dans des ambiances plus extrêmes et revendique clairement des influences bien plus variées qu’il y a trois ans. La reine à deux visages de l’artwork est l’identification parfaite d’une artiste ayant encore étoffé son registre vocal (laissant imaginer de belles choses pour
Nightwish), comme le démontrent aisément les deux premiers titres de l’album, "The
Anatomy Of A Nervous
Breakdown" (relatant justement le burn out de
Floor) divisé en deux parties, à savoir l’énorme "On the Sideline" et "The Lymbic System". Le premier débute sur un riff puissant et lourd, laissant éclater une production très puissante et beaucoup plus dense que sur le précédent volet. Mais outre cette musique plus brute et massive, c’est le spectre vocal de la chanteuse qui surprend, allant bien évidemment de son registre lyrique à des passages plus bruts pour terminer, lors du break, sur un growl assuré par la demoiselle herself ! La seconde partie, s’ouvrant sur un riff encore plus vicieux et typé death mélodique scandinave (à la
Scar Symmetry par exemple) continue d’impressionner par la distorsion des guitares et la puissance de
Floor qui explore de multiples tonalités sans aucune limite. Techniquement, le niveau est clairement plus haut (non pas que les précédents musiciens soient des manches, loin de là) et on ressent une ambition supérieure, une envie de proposer quelque chose sortant des sentiers battus et uniquement préfabriqué pour les anciens fans d’
After Forever. Les soli de
Jord et Arjan sont tordus et complexes, loin d’un univers trop flamboyant ou coloré souvent liés au metal symphonique.
Le titre-track "
Wild Card" impose ensuite un refrain puissant témoignant du timbre sans limites de
Floor, sur un riff semblant plus traditionnel et simple d’accès, avant un break très lyrique laissant revenir la présence de chœurs gothiques et surtout du chant extrême (il faut se pincer au début pour la reconnaitre) évoquant presque Angela Gossow pour insuffler une noirceur inédite dans l’univers des Hollandais. De plus,
ReVamp a eu l’intelligence de ne pas utiliser constamment ce nouveau type de vocaux, ne l’utilisant que très partiellement pour offrir à ces fugaces instants une violence jubilatoire.
Le groupe a également laissé la place à quelques invités, notamment
Devin Townsend sur la dernière partie de "The
Anatomy Of A Nervous
Breakdown –
Neurasthenia" ; le Canadien partageant le micro en utilisant majoritairement son chant clair un brin dément, lui-même interprétant la fatigue harassante et le désespoir provoqué par la maladie. Eux qui avaient déjà partagé le chant ensemble sur le morceau "Pandemic" de "Deconstruction" se connaissent et c’est avec un immense plaisir qu’on les retrouve tous les deux, leurs voix respectives se mariant parfaitement. Mark Jansen vient aussi hurler sur "
Misery's No Crime", bien que la composition soit globalement moins marquante, à l’instar de la seconde partie du disque qui fait un peu retomber le soufflé après une première moitié des plus enthousiasmantes. On notera notamment un "Precibus" déchaîné, empli de sonorités cybernétiques, où
Floor retrouve sa superbe sur son chant le plus lyrique possible, entre sensibilité et envolées orchestrales ponctuées de sublimes passages au piano. "
Distorted Lullabies" mérite également qu’on se penche sur sa mélodie pleine de délicatesse et de tendresse, amenant à un refrain très puissant, parmi les plus marquants de "
Wild Card".
L’album manque encore peut-être un peu de prises de risques mais l’écart entre les deux albums est si grand qu’il faut se montrer partial ici pour espérer un troisième opus qui imposerait définitivement le groupe parmi les valeurs sures du genre (mais
Floor aura-t-elle désormais le temps alors qu’elle vient d’être nommée officiellement chanteuse de
Nightwish ?). On trouve encore quelques longueurs, des titres un peu en-dessous, l’album marquera moins que les opus d’
After Forever en leur temps mais rien que la nouvelle mutation vocale de
Floor Jansen mérite qu’on se penche dessus pour découvrir la facette démoniaque de l’une des chanteuses les plus talentueuses du circuit. Et comme nous le disions, afin d’espérer que Tuomas fasse ressortir ses propres démons black metal des tréfonds de son esprit grâce à sa nouvelle muse…nous parlerons bien entendu de tout cela en temps voulu…
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