Voici donc l’album de
ReVamp, groupe formé autour de la charismatique
Floor Jansen après que le groupe
After Forever se soit séparé, laissant dans nos mémoires le souvenir d’un dernier album grandiose, majestueux, et sans aucun doute plus abouti que ses précédents. Alors, comment la chanteuse s’en sort-elle avec son nouveau groupe ?
On note tout d’abord l’artwork au style efficace, sur lequel on voit
Floor, encore
Floor, toujours
Floor et enfin,
Floor. Bon, au moins on est fixé,
Floor est LE pilier du groupe. Un miroir brisé, une bouche qui crie, un trait de peinture rose coulant tel du sang, bref, on est tout de suite plongé dans une ambiance électrique et assez sombre. On est aussi surpris pas le nombre de pistes : au lieu des dix morceaux traditionnels du genre, on a treize pistes, quatorze en comptant « No Honey for the Damned », morceau bonus. Dans le livret on retrouve des photos de
Floor, et toujours cette peinture rose. Le design est très réussi. On part d’une bonne impression ; espérons que les morceaux seront d’une composition aussi soignée que l’aspect visuel.
Malheureusement, ce n’est pas le cas. L’intro de la première piste, « Here’s My
Hell », semble prometteuse ; on est très vite déçu. On l’a tous compris, cet album est centré sur la voix de
Floor ; sauf que cette dernière n’assure pas. Elle chante sans conviction, sa voix disparait presque derrière les lignes instrumentales à plusieurs reprises. Lignes instrumentales qui, d’ailleurs, sont composées sans imagination, et sont assez répétitives. Et surtout, il n’y a là rien de symphonique. Et ça manque. Le texte aussi est mal écrit, pas par rapport aux paroles en tant que telles, mais plutôt par rapport à la longueur de certains vers :
Floor doit se dépêcher de chanter pour arriver à terminer la phrase à temps. Bon, tout n’est pas à jeter, les dernières paroles sont chantées d’une voix très particulière qui correspond très bien à l’ambiance créée par les lignes instrumentales. Le chant masculin est aussi bienvenu pour chanter avec hargne un texte qui parle de douleur et de colère. Pour une première piste, ce n’est pas très convaincant…
Heureusement, aucun autre morceau n’est aussi mauvais que « Here’s My
Hell ». Mais certains ne sont vraiment pas exceptionnels, comme «
Head Up High », qui suit « Here’s My
Hell », « Break » ou encore «
Fast Forward ». Par exemple, «
Head Up High » n’est ni un bon, ni un mauvais morceau. A part un petit passage symphonique assez sympathique, il n’y a pas grand-chose à relever. Et ce qui gâche «
Fast Forward », c’est vraiment le refrain, qui est plat. Mais une voix hargneuse vient mettre un peu d’ambiance.
On retrouve cette tare dans le morceau « The
Trial of
Monsters ». C’est un bon morceau sur bien des aspects, par exemple l’intro sympho/guitare est très réussie et introduit une ambiance « dark » comme on les aime, et la guitare se marie très bien avec le chant pendant les couplets. On a même droit à un passage chœur/orchestre très réussi qui donne une touche majestueuse à l’ensemble. Mais le refrain fait un peu « tâche » : il manque d’intensité, il est plat sur les lignes vocales, alors que les lignes instrumentales sont de très bonne qualité. On peu dire que ça manque un peu de chœurs.
Autre morceau d’une qualité plus ou moins égale, «
Kill Me With
Silence » nous offre un refrain énergique, contrasté par des couplets introduisant une ambiance assez oppressante. Le morceau est sympathique, mais pas extraordinaire.
Dans cette même catégorie, que l’on pourrait nommer « bien, mais sans plus », on range aussi le morceau «
Lost Myself ». Le chant de
Floor est émouvant, mais le texte un peu « guimauve », et l’utilisation d’autres instruments que le piano, qui nous accompagne du début à la fin du morceau, aurait été bienvenue.
Enfin, «
Million » est du même niveau que ses collègues « The
Trial of
Monsters », «
Kill Me With
Silence » et «
Lost Myself » : une intro électrique, un refrain ou
Floor nous fait la grâce de son chant lyrique (enfin !), et un bon solo de guitare.
Mais il n’y a pas que des morceaux d’une qualité moyenne ; certains relèvent bien le niveau. Prenons par exemple «
Disdain » : une intro efficace avec des bons jeux de guitare/batterie accompagnés d’une belle orchestration et d’un chant masculin growlé, puis l’application du principe « Beauty and the
Beast » où l’on assiste à une alternance entre le chant masculin et le chant féminin. On relève aussi l’utilisation de chœurs toujours aussi imposants et des riffs efficaces du début à la fin du morceau.
On enchaîne avec « Disgraced », avec une bonne intro bien sympho, des riffs qui s’accordent superbement avec le chant, un jeu de batterie bien trouvé, un refrain très accrocheur et un break orchestre/chœurs/guitare bien sympathique.
D’une même qualité que ces deux derniers morceaux, « Under My
Skin » nous propose lui aussi un refrain accrocheur, suivi d’un passage symphonique splendide, et des lignes instrumentales déchaînées, que composent des jeux de batterie et de guitare efficaces, accompagnés d’un orchestre non moins impressionnant, et qui créent un contraste touchant avec le chant.
Enfin, on arrive aux deux morceaux qui se démarquent le plus par leur qualité : « Sweet
Curse » et « All Goodbyes Are Said ». Le premier est une ballade fort sympathique, où les lignes instrumentales sont en grande partie composées de violons nostalgiques. Le rythme assez lent du texte permet à
Floor d’exploiter à fond ses capacités vocales, et la présence d’un autre chanteur ajoute au charme du morceau. Le refrain est très accrocheur, malgré un texte quelque peu « guimauve ».
Sur le plan de la qualité de la composition, « All Goodbyes Are Said » remporte la palme, et de loin. Les lignes instrumentales autant que vocales sont excellemment composées. On assiste là à un dialogue entre deux personnages, une mère et son enfant, tous deux interprétés par
Floor, qui change distinctement de voix en fonction du personnage qu’elle interprète. Cette distinction est rendue d’autant plus flagrante par les instruments, qui changent radicalement de registre à la fin de chaque réplique. On notera d’ailleurs un jeu de guitare très habilement composé, à la limite de la dissonance, durant le premier couplet. Et bien sûr, si l’on s'y intéresse, les paroles sont très touchantes.
Cet album est donc loin d’être parfait : à part les deux derniers morceaux évoqués, aucun ne sort véritablement du lot. On peut également reprocher le manque d’orchestrations ;
After Forever nous avait habitués à des orchestres imposants et de longues parties uniquement symphoniques. Dans
ReVamp, ça manque un peu.
Floor également n’est pas sans reproche : elle a une voix lyrique magnifique. Mais où est-elle passée ? Planquée dans les chœurs, sans doute. Et on peut vraiment lui reprocher son manque de conviction à certains moments, en particulier dans « Here’s My
Hell ».
Mais il faut savoir être indulgent ; c’est son premier album en dehors de
After Forever, elle manque encore un peu de maturité. En tout cas, même si ce n’est pas une totale réussite, cet album augure bien pour la suite, et laisse au groupe une large marge de progression. Qui sait, peut-être que leur prochain opus sera exempt de tous les défauts qui entachent celui-ci ? En tout cas, on l’espère, et nous félicitons tout de même le groupe pour nous avoir offert un album qui est, malgré tout, sympathique à écouter.
C'est toujours un plaisir . Glad.
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