Quartier ouest de L.A., Venice est connu pour ses longs canaux, lui valant le surnom de Venise d’Amérique. C’est aussi le berceau de plusieurs formations crossover telles que
Suicidal Tendencies, Beowülf,
Excel et No
Mercy. Originaire du quartier et amateur de formations punk hardcore comme
Black Flag, Mike Clark fonde son propre groupe No
Mercy après avoir écouté plus précisément l’album éponyme de
Suicidal Tendencies en 1983, fondé par Mike Muir. Le guitariste s’entoure du bassiste Ric Clayton, du batteur Sal Troy et du chanteur Kevin Guercio, en s’ancrant dans un style davantage hardcore jusqu’en 1985, date à laquelle un de ses amis lui fait écouter des groupes de speedmetal comme
Exciter,
Anthrax ou
Metallica. Le leader décide à ce moment-là de métalliser le son de No
Mercy, qui mêle dès cet instant thrash et hardcore, genre nommé plus précisément crossover dès la sortie du troisième album de
DRI.
En 1985, No
Mercy participe au fameux split-album Welcome to Venice, aux côtés de
Suicidal Tendencies,
Excel et Beowülf, sans compter Los Cycos, un side-project éphémère de Mike Muir, qui monte par la même occasion le label
Suicidal Records pour promouvoir le split-LP. L’année suivante, alors que Beowülf vient de sortir son premier album éponyme chez
Suicidal Records, le chanteur de No
Mercy déménage quant à lui vers le Montana, et c’est alors que Mike Muir propose à Mike Clark de tenir le micro.
Ayant désormais un répertoire conséquent, No
Mercy capture ainsi son premier album
Widespread Bloodshed Love Runs Red avec l’ingénieure du son Pamela Neal, qui avait également enregistré celui de Beowulf. Le disque sort chez
Suicidal Records, la troisième réalisation du label, tandis que
Suicidal Tendencies et
Excel viennent de boucler de leur côté leur album respectif Join the Army et Split
Image. Les illustrations des quatre disques évoqués sont d’ailleurs brillamment toute signées par Michael Seiff, un artiste plus particulièrement spécialisé dans le dessin sur planches de skate, sport numéro 1 de toute la petite bande de Venice.
Parmi cette bande de copains, autant fascinés par le skateboard que par le crossover, No
Mercy est certainement le groupe le plus proche musicalement de
Suicidal Tendencies, la présence de Mike Muir au chant renforçant le lien de parenté. Widespread
Bloodshed est en effet un pur produit de l’école de Venice, n’ayant guère à rougir à côté du fameux Join the Army de ST, quant à lui rapidement considéré comme mètre-étalon par tous les skate-thrashers. Mais l’histoire de No
Mercy s’arrête dans la foulée, suite au départ de Sal Troy et Ric Clayton, tandis que Mike Clark rejoint définitivement
Suicidal Tendencies et s’attèle sérieusement à l’écriture du futur How
Will I Laugh Tomorrow aux côtés de Mike Muir.
Si Widespread
Bloodshed reste peut-être l’un des albums les plus méconnus de cette période crossover californienne, contrairement à d’autres disques comme Join The Army ou Say Uncle (ST,
Uncle Slam) ayant bénéficié d’une couverture de Caroline Records /
Virgin, il est à parier que de nombreux thrashers le connaissent indirectement. En effet, pas moins de quatre morceaux ont été réenregistrés par
Suicidal Tendencies sur son quatrième album Feel Like
Shit, dans une version légèrement remaniée et avec une meilleure production, à savoir Controlled by
Hatred,
Master of NM, Waking the
Dead et My Own Way of
Life. Quant à Widespread
Bloodshed, plus brut de décoffrage et paru uniquement en vinyle l’époque, ce dernier a fait l’objet d’une réédition en LP/CD chez
Suicidal Records en 2014, hélas rapidement épuisée.
++ FABIEN.
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