Généralement, quand on se sent bien à un endroit où on se rend pour le plaisir (festivals, vacances), une des réflexions premières qui vient à leurs termes est : si on restait ? Concernant mes écoutes de disques metal (ou autres), j’avoue apprécier l’enchaînement d’albums du même groupe, de la même scène, voire du même label.
En cela, l’idée de rédiger à la suite les chroniques des albums récemment sortis (31 octobre 2019) de
Vultur et d’Ectoplasma ne pouvait que me séduire. En effet, ces 2 groupes sont grecs, ont des membres en commun (George
Wolf à la guitare et Giannis Grim au growl), sont passionnés de death metal sauce old-school et leurs albums sont sortis sur le label
Memento Mori à la même date.
Né en
2012 suite à la rencontre entre George et Giannis lors d’un concert où leurs groupes respectifs partageaient l’affiche, Ectoplasma se révèle fort actif en sortant une démo, deux EP, deux splits et deux full-lenghts entre 2014 et 2018. Leur 2ème album,
Cavern of Foul Unbeings (déjà chez
Memento Mori) a su séduire nombre d’aficionados et finir dans leur top death metal de l’année 2018.
Fidèles à leur rythme de travail soutenu et à leur label, les membres du groupe proposent leur 3ème opus,
White-Eyed Trance, composé de 9 titres (8 compositions et une reprise du groupe thrash US
Devastation) pour un durée de 42 minutes environ et une parution pour
Halloween 2019.
Juste le temps d’entendre le cri lugubre d’un corbeau dans le vent que déboule Eviscerated in The Howling
Winds, pièce introductive de choix. Le titre concentre un peu tout ce qu’on va retrouver de bon le long de l’album : un riffing fouillé et inspiré, des passages lourds remplis de menaces, des accélérations subites et un soin apporté à la structure du morceau pour rendre le tout captivant. Si le titre suivant, Psychomanteum
Immolation, continue dans cette voie quoique plus brutalement, le magnifique break initié par la basse vers les 3 minutes montre la capacité du groupe à surprendre. Cette brutalité accrue est aussi sensible sur Ghostly Emanations in The
Mortuary et
Skeletal Lifeforms (version remaniée du titre déjà paru sur l’EP du même nom). Les influences des premiers efforts de
Sinister et d’
Autopsy sont palpables mais sans reproduction vaine et inutile. Ectoplasma se dote d’une identité sensible et soigne son écriture.
Cette volonté de surprendre se retrouve sur la terrible
White-Eyed Trance : Choronozinc
Covenant avec cette mélodie inquiétante servant de moteur au morceau, reproduite à différents temps du morceau sous différents tempos par les guitares et la basse. Sans linéarité et avec ce jeu subtil de répétition, ce titre s’affirme comme un des plus belles réussites de l’album et aussi du genre en 2019.
Si The Oak Spewed Foul
Whisper s’avère convaincant sous des atours plus classiques, Ectoplasma s’aventure sur des terrains bien moins balisés pour les saisissants Alucarda, The Daughter of
Darkness et
White-Eyed Trance :
Ensnared in
Devilry. Tortueux comme leurs titres à rallonge, ces morceaux proposent un death aventureux qui rappelle l’école finnoise des années 90 (
Adramelech,
Demigod). La sympathique reprise finale de Souls of
Sacrifice ne dénature pas l’ensemble, avec un effort notable de la paire de guitaristes.
La production, laissée aux soins de Robbert Korke, gratifie l’ensemble d’un son précis mais suffisamment sale, où chaque instrument est audible. L’arwork, signé Mörtuus, séduit par sa cruauté naïve et révèle un artiste de talent (on reconnait du premier coup son travail). Le groupe continue à s’inspirer de films d’épouvante pour ses paroles, avec un côté plus satanique et obscur (Alucarda fait référence au film mexicain du même nom de 1978).
Dans la continuité de son précédent album, Ectoplasma persiste dans ce death metal old school qui lui est cher. Moins putride que
Vultur et aussi avec une identité plus marquée à mes oreilles, ce 3ème album possède tous les atouts pour séduire à nouveau les amateurs du fantôme hellène. Consolidant la place du groupe parmi les jeunes formations prometteuses du death européen,
White-Eyed Trance devrait sans difficulté venir hanter les tops de cette année relativement riche en bonnes sorties.
Super papier qui donne envie de choper ce disque
Ouais, belle chro Armel, merci ! The real greek freak haha, dommage que tu n'aies pas poussé plus loin les clins d'oeil, surtout avec un autre Giannis dans les parages ;)
Bon par contre, autant cette chro donne envie effectivement, autant les 3 morceaux mis à disposition en stream ben je ne les trouve pas si folichons...
A voir l'album dans son entier, enfin faut dire que c'est tellement la surrenchère de groupes en death old-school ces dernies temps, c'est peut-être moi qui fais une surdose.
Oui c'est vrai j'aime bien faire des clins d'œil avec la NBA dans mes chroniques et 3 points pour toi pour le parallèle avec le MVP actuel. Ensuite, j'avoue être sensible à ce genre de death et essaie dans mes écrits de retranscrire cet état d'esprit. Libre à chacun d'apprécier ou pas l'album, l'essentiel pour moi résidant dans le partage (ça fait un peu hippie mais bon, je suis comme ça lol)
Héhé pas de souci vieux, normal, nous sommes des passionnés, ça serait même mauvais signe si on avait envie de ne garder que pour soi nos coups de coeur (ou coups de griffes d'ailleurs).
Je reste quand même curieux d'entendre la première partie du morceau-titre (sur les 3 morceaux dispos en stream il y a Ensnared mais pas Chronzonic), les petits rappels sous différentes formes comme tu dis, ça je suis très client. Donc je ne feme pas la porte ;)
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