Liste des groupes Death Metal Cremation (CH) Where the Blood Flows Down the Mountains

Un patronyme pareil apparait pour le moins bateau en 2022, mais c’est justement parce que les suisses ont monté leur groupe au début des 90’s quelques petites années après les Malevolent CreaTION, ImmolaTION, IncantaTION ou SuffocaTION. Comme beaucoup de combos ils trainent donc leurs guêtres dans l’UG depuis 30 ans, jouant et sortant des albums sous les radars, en dehors de la reconnaissance internationale et vraisemblablement sans susciter l’intérêt des labels.
Comme on peut s’en douter le groupe est composé de vieux briscards, notamment Marco Bartalozzi, ayant officié chez les bons Damnatory, auteurs de quelques sorties intéressantes à l‘époque dorée, notamment l’EP Docta Ignorantia de 1993.
Mais revenons à notre époque et ce qui nous intéresse ici : le nouvel album de Cremation : Where the Blood Flows Down the Mountains (2022), sorti sur le label de leur pays Czar of Crickets.

Le quintet ne fait pas mystère qu’il est ouvertement influencé par les groupes ayant écrit l’histoire du style entre 1986 et 1992, et cela s’entend dès le riff d’ouverture de Burning Beneath the Surface qui rappelle sans détour Bolt Thrower avec son écrasant mid-tempo. L’influence des anglais n’est pas démentie sur Digital Dependency bien au contraire, on se croirait presque sur The IVth Crusade ou Warmaster, cela dit ils y placent un peu de blast-beat (1 :10) qui les différencient de la bande à Karl Willets.

Sur Plaguelord, on change un peu de registre avec des guitares pas si éloignées d’un Cannibal Corpse, notamment le premier riff ressemblant beaucoup au premier de Staring Through the Eyes of the Dead sur The Bleeding, mais là encore Cremation varie les plaisirs avec des accélérations du meilleur effet. Break the Cycle et son intro acoustique brise habilement la monotonie qui pourrait s’installer, avant que le char d’assaut ne redémarre de nouveau à 1:30, suivi d’un riff bien sauvage à la Dying Fetus à 1:45.

La formule musicale est assez habile bien que sans surprise ni innovation, mais sans doute auraient-ils à gagner de raccourcir certains titres et proposer quelques morceaux plus compacts de 3-4 minutes, quelque chose pour casser la routine, car les compositions systématiquement autour des six minutes sont un exercice casse-gueule lorsque l’on joue du Death Metal. Timebomb et ses accents Bolt Thrower entrecoupés de passages Death technique très US est à mon sens l’un des meilleurs morceaux ici et provoquera un headbanging hystérique au plus réfractaire, or c’est le titre le plus court du disque, hasard ou pas, c’est vous qui voyez…
D’un autre côté le final …And the Rivers Run Red n’est pas mal non plus et c’est le plus long, mais ce morceau très Death / Doom entre dans le cadre d’une outro.

Doté d’une pochette adaptée (Gustave Doré c’est du sûr) et d’une production solide, Cremation ne fait pas tâche face aux grosses écuries, on aurait toutefois aimé la présence d’un livret dans le digipack où ne figurent même pas les paroles.
Je m’en vais écrire une conclusion aussi conventionnelle que le nom du groupe : rien d’exceptionnel, rien de nouveau, rien de magique, mais le boulot est très bien fait, Cremation joue selon sa vision en assumant ses influences, ça risque d’être compliqué d’aller à la pêche aux nouveaux fans ou de devenir un combo majeur avec cela, mais les amateurs de Death Metal ne pourront qu’apprécier, et moi le premier.


BG (02/02/2022)