What’s Next ?

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15/20
Nom du groupe 7 Weeks
Nom de l'album What’s Next ?
Type EP
Date de parution Novembre 2020
Style MusicalStoner
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1.
 Intimate Hearts
 
2.
 My Valhalla
 
3.
 Cirkus (King Crimson Cover)
 
4.
 Gone (Acoustic Version)
 
5.
 Idols (Acoustic Version)
 
6.
 Sisyphus (Acoustic Version)
 

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7 Weeks


Chronique @ JeanEdernDesecrator

26 Novembre 2020

Un EP varié, sombre et luxuriant

Un EP, pour un groupe qui sort habituellement des full length, ça peut passer pour une récréation, pour un album à moitié avorté, ou pour un casse-croute pour fans inquiets dans une période de disette inspirationnelle. Et voici que nos frenchies de 7 Weeks, à peine dix mois après la sortie de leur très bon LP "Sisyphus", se fendent d'un EP opportunément nommé "What's Next ?" - The Sisyphus Sessions.
En ces temps interdits de concerts où toute l'industrie musicale vacille sur ses fondations, de nombreux groupes ont aussi sorti un format court pour survivre à la traversée du désert qui se prolonge. Très récemment échaudé par l'EP d'un de mes groupes suédois favoris dont je tairais le nom - qui commence par R qui rallongeait son album sorti l'an dernier façon demi-molle, j'ai été quelque peu circonspect en apprenant que la bande de Julien Bernard faisait la même démarche. Mais bien heureusement, ils l'ont fait avec un résultat tout autre, comme nous le verrons plus tard.

Cela fait de nombreuses années que ce groupe originaire de Limoges trace son chemin de manière singulière et passionnée, avec une musique naviguant à égale distance entre metal, stoner et rock, accompagnée d'un chant clair chargé en émotions. Leurs LP, tous différents dans leur contenu, ont dessiné une carrière bien remplie, qui les a emmenés vers des territoires de plus en plus rock, jusqu'à "Farewell to Dawn" un album sombre et torturé, qui marquait en quelque sorte la fin d'un cycle. Après une période de remise en question au cours de l'année 2018, au point de se demander s'ils devaient continuer l'aventure, les 7 Weeks revirent animés d'une énergie nouvelle fin janvier 2020 avec leur sixième LP "Sisyphus", qui éteignit largement toute inquiétude.

Seulement voilà, à peine ont-ils eu le temps de roder leur setlist sur une poignée de concerts que la tournée de "Sisyphus" a été arrêtée net par le couperet du confinement. Comme nous tous, pas de jaloux.
Plutôt que de faire des vidéos confinement en pilou sur canapé, Julien Bernard et sa bande ont choisi de prendre un peu de recul, réfléchir,… et réagir. L'idée de faire un EP dans le prolongement de l'album a vite émergé, et nos quatre limougeauds ont préparé patiemment six titres, qu'ils ont répété en juin 2020, et enregistré en juillet. Et voici que l'EP "What's Next" - The Sisyphus Sessions sort déjà, le 27 Novembre 2020, sur son label F2M Planet.

Pour ce disque, c'est un artwork avec cette fois-ci un corbeau bicéphale funeste à l'aile déployée, qui a été choisi pour faire le pendant à celui de "Sisyphus". Je dois avouer qu'il est encore plus beau que son aîné, et que les deux cote à cote, ça en jette ! Avec au menu deux inédits, une reprise et trois versions acoustiques de morceaux de "Sisyphus", sur le papier, "What's Next ?" pourrait apparaitre comme un appendice fourre-tout, un CD bonus monté vite fait pour occuper le terrain pendant les trous d'air du Covid. Il n'en est rien.

Le superbe "Intimate Hearts", avec son thème à la guitare d'une gravité poignante, contraste avec la puissance lumineuse qui habitait l'album "Sisyphus". On pourrait dire, un point de vue du colosse mythique qui pousse son rocher, qu'à la montée pleine d'espoirs et de rêves succède la trouille d'une redescente cruelle. On retrouve là la noirceur qui marquait la période "Farewell to Dawn", où la moiteur des ambiances vient vous nouer les tripes. Cependant, son refrain qui avance comme un bison à la truffe pleine de vie (et d'un peu de moukir fumante, soyons réalistes) apporte une lueur d'espoir.
Cette alternance de ténèbres et de lumières se retrouve dans l'enchaînement des morceaux, avec le très rock "My Valhalla", qui riffe simple et direct dans les traces d'un Foo Fighters ou même d'un The Cult, encaissé entre les deux puits sombres de "Intimate Hearts" et "The Cirkus (King Crimson Cover)".

Ce dernier évite avec brio la redite scolaire : l'hommage au pionnier anglais du prog transcende ce classique pour initiés tout en exacerbant son étrangeté et la brutalité de son gros riff noir de suie. Les arrangements sont précis et complexes, entre claviers 70's, basse saturée qui vrombit dans les aigus comme un moustique de trente kilos, et trois guitares. Oui, trois. Le renfort de Gérald, ancien guitariste du groupe et grand fan du Roi Cramoisi, en met encore une couche. Au final, c'est bien le sommet de l'EP (j'ai failli dire de l'album, c'est dire), où on découvre un combo virevoltant sur les plates bandes de Steven Wilson. Le plus fort étant que la reprise de ce classique ne détonne pas dans l'univers des 7 Weeks, bien au contraire.

Je suis ressorti ébahi de cet enchaînement de trois titres, qui vaut à lui tout seul l'achat de ce disque, et je pensais que les versions acoustiques des morceaux de Sisyphus tiendraient plus de l'anecdotique. J'aime pas les versions acoustiques. Surtout si les morceaux d'origine sont vraiment bons, c'est la déception au coin du feu de plage assurée.

Et bé, ils sont vraiment tombés sur un bon filon d'inspiration, les gars de 7 Weeks, car même cet exercice au combien casse-gueule est réussi. Les morceaux sont épurés avec justesse. En témoignent les parties de batterie de Jérémy Cantin-Gaucher, si volubiles jusque-là, qui deviennent subitement discrètes, abandonnant les grisantes explosions des originaux pour suivre le temps de manière indolente et subtile. Comme ce jeu au balais sur "Idols (Acoustic Version) qui change totalement de la trippante rythmique un peu jazzy de la mouture LP. Cette version de "Idols" est un des moments forts de cet EP, et tout comme il l'était sur l'album.

Le fil conducteur de l'EP, et de l'album "Sisyphus" est néanmoins toujours présent, et ce sont les ambiances. A fleur de peau sur le début du disque, elles s'apaisent naturellement sur les versions acoustiques, tout en mélancolie, avec une épaisseur qui monte sur "Sisyphus (Acoustic Version), avec des guitares au lent trémolo, dans un crépuscule de western à la Ennio Morricone.
Il faut dire que 7 Weeks a fait le choix de ne pas être totalement unplugged : outre le clavier de PH, qui enrichit les atmosphères, très présent et justement dosé comme sur le reste de l'EP, il y a tout de même un peu de guitare électrique qui souligne les mélodies. Tout ceci participe à garder une homogénéité sur tout le disque.


Si le quatuor se fait plus rock sur cet opus, il n'en garde pas moins une lourdeur, une teignosité (je sais, ça n'existe pas), et un amour du gras qui fuzze dans les tripes. L'aspect organique de la musique du groupe, qui s'enregistre en grande partie en live, est présent dans l'énergie, dans les enchevêtrements d'instruments, comme autant de muscles, peaux et tendons. Les guitares de Fred Mariolle et PH utilisent toutes les armes du son clair, crunch ou saturé, avec des tones très chauds, et de nombreux plans s'intercalent sur les riffs.
La basse a plus que jamais une place de choix dans leur musique, et participe à toutes les mélodies qui se fichent dans le cerveau à l'écoute de ce disque. Sur les morceaux acoustiques, Julien troque sa quatre cordes contre une guitare sèche, le bas du spectre étant occupé par les claviers.
Le chant de Julien Bernard, toujours aussi clair et juste, fait toujours merveille, et est doublé régulièrement par PH aux chœurs. Bref, il y a une densité d'idées et d'arrangements qui fait qu'on a toujours quelque chose qui attire l'oreille, dès la première écoute, et plus encore à chaque fois qu'on remet le couvert (je conseille le casque, on entend encore plus les détails).

Avec "What's Next ?" - The Sisyphus Sessions, 7 Weeks a réussi un EP plein, varié, qui s'enchaîne parfaitement à l'album dont il est issu, en y rajoutant un pendant sombre, torturé et intimiste.
Vous allez me dire que je m'emballe, et que je n'ai pas cité de points négatifs. Bon cherchons, euh, allez, "Gone (Acoustic Version) garde le faux rythme qu'il avait sur album, et est un poil en dessous du reste... Mais après le tsunami orgiaque qu'est "Cirkus", ça repose. En outre, pour ceux qui apprécieraient la coloration stoner du groupe, cet aspect est quasi absent sur cette livrée, même s'il y a toujours du fuzz de-ci de-là.

C'est à mon humble avis le meilleur EP que j'ai entendu depuis - on a parlé de lui plus haut- Steven Wilson avec "The Raven That Refused to Sing", sans que ce soit du prog, en dehors de la Cover de King Crimson. Comme quoi un EP, s'il est réalisé avec intelligence, un soin d'artisan monomaniaque, et avec le souci de proposer à l'auditeur une expérience émotionnelle, peut toucher autant qu'un album.
Car 7 Weeks, loin de baisser les bras en regardant son précieux fardeau retomber en bas de la pente, a choisi de redoubler ses efforts en poussant dans une autre direction, et est monté, mine de rien, encore un peu plus haut.

2 Commentaires

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HeadCrush - 26 Novembre 2020:

Nan mais Ok, tu as réussi a citer 7 Weeks dans ta chro tellement de fois que avec avec le jury on a décidé de te mettre un gage, sur la prochaine tu devras citer King Crimson une fois de plus que le nombre de 7 Weeks dans celle-ci et te plaint pas hein, on a longtemps hésité entre Ziggy Stardust and the Spiders from Mars et King Crimson pour le gage, tu t'en sors bien.

Sinon, très belle chronique, vraiment on sent que ces mecs te touchent. 

JeanEdernDesecrator - 26 Novembre 2020:

Oh purée, j'y suis pas allé de main morte, mdrrr ! Il y a un paragraphe où il y en a trois. C'est la base, en plus, éviter les répétitions .

Le gage par contre, c'est trop facile, je peux faire une chronique de bègue atteint d'Alzheimer, ...

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