Jeune groupe metal gothique progressif à chant féminin créé en 2009, à Denver, dans le Colorado,
Seris nous plonge dans un initial projet au sein duquel authenticité formelle rime avec accessibilité des harmoniques et où se conjuguent sobriété mélodique et tiède nervosité rythmique. A la croisée des chemins entre
Lacuna Coil,
Evanescence et
Bif Naked, le quartet américain nous octroie ici son premier et laconique EP, le bien-nommé « Welcome to
Seris », où se ne se succèdent guère plus de 3 titres, d'une durée équivalente, pour une traversée en eaux vives de 13 minutes tout au plus.
Dans le sillage vocal d'Amy Lee, Melati Olivia délivre un grain de voix à la fois chatoyant, puissant et placé dans les médiums. Accompagnée de ses musiciens, à savoir, Scott Beckman (guitare), Cody Goodman (basse) et Robert Jepsen (batterie), la formation livre des compositions de bonne facture rythmique, mais desservies par un mixage compressant souvent la partie instrumentale, n'offrant alors que peu d'effets de relief de champ acoustique. Les lacunaires finitions comme les imprécisions relatives aux enchaînements achèvent de nous sensibiliser à la considération d'une œuvre encore à ses balbutiements. Un jardin encore en friche qui ne doit pas pour autant nous empêcher la découverte de ses premières fleurs.
C'est surtout sur un tempo ralenti mais cadencé que nous parviennent les premières ébauches du combo. Enigmatique mid tempo dans la veine atmosphérique d'un
Lacuna Coil de la première heure, « Residence » génère une féline approche oratoire calée dans les mediums, non sans rappeler Amy Lee (
Evanescence), conjointement à une instrumentation tapie et prête à jaillir au moindre soubresaut de la belle. Ce faisant, accélérations et ralentissements rythmiques sont inscrits dans l'architecture de l'acte, ce qui, hélas, ne nous empêche pas de nous perdre dans un inextricable dédale de technicité, faisant la part belle à une infatigable et sinueuse lead guitare. Au passage, le fil mélodique emprunté s'avère plutôt linéaire, avec quelques petites oscillations mais trop rares pour nous poser en des terres avenantes. Pour l'heure, on comprend que l'on se situe en-deçà des qualités attendues pour espérer venir taquiner leurs maîtres inspirateurs. Sur un même mode rythmique, nous accueille «
And Fury », où une tourbillonnante et revêche lead guitare suit en filigrane les pérégrinations d'une sirène, tour à tour éthérées et enfiévrées. Cependant, quelques pas très (trop) lents et même un arrêt impromptu entravent la bonne marche d'une piste qui, dès lors, nous conduit droit vers des sables mouvants d'où y survivre relève de la gageure.
Pas sûr que l'on y revienne un jour.
Mais c'est surtout sur « Tamasisk » que sonne réellement la charge. Une accélération du tempo s'affiche tout comme des riffs crochetés sur une plage offensive, déterminée à lacérer le tympan, mais qui n'y parvient que partiellement, tant les plans rythmiques se répètent, tant les séries d'accords se montrent invariantes. Pour compléter le tableau, les attaques oratoires cinglent effectivement mais, atténuées par un gênant sous-mixage, finissent par se noyer dans une indéfinissable tourmente. Pensant se rapprocher de ses sources, paradoxalement, le collectif ricain s'en éloigne d'autant plus qu'il omet d'y adjoindre cette charge émotionnelle si naturelle pour ses influences, le plaçant dès lors en position de retrait d'une scène metal qui ne l'a pas attendu.
On ressort de l'écoute de la menue rondelle à la fois frustré par tant d'approximations logistiques, architecturales et mélodiques, et interpelé par une technicité instrumentale qui peu ou prou se met en place. Les lignes de chant, quant à elles, doivent encore être épurées de notes parasites, de faussetés, d'erreurs de placement pour convaincre davantage. Et ce, même si le timbre, les impulsions et les modulations imprimées sur les portées témoignent de qualités interprétatives certaines. Par ailleurs, un manque cruel de diversité, d'originalité, de personnalité à part entière, et d'inspiration se font sentir, trahissant une volonté de se rapprocher de leurs modèles identificatoires, sans véritablement y parvenir. C'est dire qu'il leur faudra encore affiner le trait, et donc, prendre le temps de la maturité nécessaire à l'aboutissement optimal de leur projet. Quelques faux pas de jeunesse à oublier bien vite, pour repartir en quête d'un vent d'inspiration plus favorable. A bon entendeur...
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