Alors que le Neo
Metal commençait à acquérir un succès impressionnant, principalement sous l'impulsion d'albums tels que Follow The Leader et Around The Fur, la France voyait émerger le groupe qui allait importer ce gros son des USA pour l'établir en France. A l'instar de son aîné américain
Korn, cette formation parisienne allait ouvrir la brèche à des groupes français tels que
Pleymo, Aqme, Sha ou encore
Unswabbed, et s'imposer un peu plus tard comme l'un des leaders de la scène
Metal française. Un groupe nommé
Watcha...
Mix de Hardcore, de Neo
Metal et de Funk, ainsi que de pas mal d'electro, à la croisée entre un
Red Hot Chili Peppers, un
Korn et un
Hatebreed, cette première production n'est pourtant pas vraiment accessible, voire assez déroutante et alambiquée. L'étrange alien sur la pochette n'est pas là par hasard. Les bizarroïdes sonorités électroniques, les breaks incessants, les paroles plutôt délirantes, servies par un flow tantôt Hip hop, tantôt Hardcore très particulier... Autant d'éléments qui rendent cet album déjanté et unique en son genre, mais pas vraiment fait pour tout le monde...
On commence par X-mass, une reprise de Prince (?), mais tellement trafiquée et arrangée à la sauce
Metal que fait
Watcha, que l'on ne reconnaît évidemment rien de la chanson originale. Mais le groupe impose déjà sa marque de fabrique, et les musiciens assurent comme des bêtes. Basse ronflante et groovy, guitares lourdes et tonitruantes, jeu de batterie speedy et métronomique et un chant puissant, oscillant entre un Rap mélodique qui peut aller très rapidement, et des cris sauvages typiquement Hardcore. Jusque là, rien de vraiment nouveau sous le soleil, mais dès la première minute du titre, le groupe se déchaîne, et se dévoile sous son vrai jour. Déjanté, délirant, voire carrément cinglé, mais tout en restant violent et maîtrisé, on sent déjà que l'album ne va pas nous laisser indifférent.
Et c'est effectivement bien ce qui se passe. L'auditeur est véritablement bluffé par ce rythme fou et décalé, soutenu par Pendule le bassiste et Keuj le batteur, qui ne cesse de changer, de jouer avec le temps et de brouiller nos oreilles, affolés par tous ces breaks et ces changements de rythmes qui pullulent sur l'album. Ce chaos rythmique si déjanté, qui s’arrête parfois comme pour nous permettre de reprendre notre souffle, mais qui repart aussitôt et de plus belle, en vient même presque à échapper aux musiciens ( cf Fun At All, Elle Dort ). Les guitares ne sont pas non plus en reste, et si les riffs ne sont pas d'une grande originalité, ces dernières prennent toutes leurs ampleurs avec les effets produits, ou l’on sent que la formation a un goût prononcé pour la science-fiction. Ces mêmes effets soutenus par des sonorités éléctros étranges, font penser à des sons extraterrestres, provenant d'une planète éloignée. Certains morceaux mettant ainsi très mal à l’aise avec tous ces sons et effets étranges, faisant parfois penser à du
Punish Yourself ( cf A Qui La Faute,
Machine A Sang… )…
Mais le membre du groupe qui distille le plus la folie dont transpire le CD, c'est certainement Bob " El butcho ". La particularité de la voix de Bob est par sa faculté à changer de voix justement. Sa façon de chanter et de rapper change souvent au fil des titres, mais tout en gardant un timbre de folie dans son chant, un timbre de folie qui dérange d’ailleurs. Explorant plusieurs sortes de registres, comme le tribal sur la fin de Kayanamasha ou encore le mélodique sur Méchant
Flou, El Butcho affiche une maîtrise de sa voix presque insolente. Et quand on pense qu’il s’est encore amélioré par la suite, il y’a de quoi avoir peur…
Nous avons aussi droit à Sam, la mythique chanson du groupe, sans aucun doute la meilleure du CD, qui raconte l’histoire d’un pauvre gars un peu paumé, qui rêve de devenir célèbre, mais qui ne s’aime pas. Selon certains, Bob s’est directement inspiré de lui-même pour créer le personnage de Sam. Le héros concept de la formation reviendra d’ailleurs sur tous les autres albums du groupe. Sam résume d’ailleurs bien le groupe. Condensé de violence, de folie et de breaks rythmiques, elle réunit tout ce que
Watcha sait faire de mieux.
Bref, un premier opus réussi haut la main. Même si, à force, le «chaos rythmique » a tendance à essouffler et lasser l’auditeur, et ainsi casser la fluidité de l’album, nous avons là ce que la France sait faire de mieux dans ce style de musique. Ce n’est pas pour rien que
Watcha est considéré aujourd’hui comme l’un des patrons du
Metal français, même si, par la suite, le combo a un peu régressé, notamment avec l’album
Phénix…
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