Lundi matin - épreuve de philo - 4 Heures :
"Y a-t-il d'autres moyens que la démonstration pour établir une vérité?".
Lundi après-midi - ouverture du courrier :
Un étrange paquet posé sur ma table.
Le cerveau en bouillie après avoir trifouillé au fin fond de mon cortex pour trouver toutes les subtilités de ladite question philosophique, j'ai eu un peu de mal à comprendre… Et puis, la lumière se fait jour, et je me rappelle ce groupe français du nom de
Minushuman, et son album :
Watch the World Die.
C'est un artwork glacial qui nous accueille, maison abandonnée, délabrée et lugubre, et qui pourtant nous attire étrangement, comme pour voir ce qu'il y a à l'intérieur...
Tentés par la visite?
Car il faut savoir que cette maison, d'après le compositeur, représente l'humanité telle qu'elle est aujourd'hui : dans toute sa misère, en ruine. Et
Minushuman n'ira pas par quatre chemins pour dénoncer toute la bêtise et l'absurdité dans laquelle cette dernière s'est enfoncée.
Armé d'une production tout bonnement hallucinante, le groupe nous assène un mélange de
Death et de Thrash dont la lourdeur écrasante (renforcée par la basse, très mise en avant) va vous retourner vos tripes... et vous avez intérêt à les avoir bien accrochées, car l'atmosphère qui se dégage tout le long de l'album n'est qu'un long hurlement rageur face à la connerie humaine, que ce soit "All Keeps Falling
Down", sorte de complainte déchirante face à la destruction de la nature ou bien encore "
Empire", s'attaquant à la religion et ses absurdités avec son intro inquiétante au clavier et ses riffs dévastateurs.
!!! La porte s'est refermée derrière nous, impossible de s'échapper ! On est assailli par Liquid, aux couplets dénonciateurs et son rythme martial et implacable, Thrash bouillonnant baignant dans des riffs d'acier trempé, jusqu'à ce final sans merci, impitoyable et époustouflant de maîtrise; Time
Zero et ses accélérations fulgurantes. Le temps? Il n'existe plus à ce moment du titre, où un long solo sublime vient nous achever sur place. Une pause! Pitié une pause!!Mais c'était sans compter le
Death rapide du titre éponyme juste après qui nous reflanque un coup de poing dans la face. Et nous laisse à terre, terrassé, hagard,épuisé devant cette déflagration sonore.
Pourtant
Minushuman ne se livre pas à un concours de rapidité et varie ses compositions. Mais quand le groupe relâche le tempo, c'est pour nous délivrer des titres pesants, angoissants, presque
Doom, à l'image de
Failure of the
Dreamer et son introduction aussi longue que le reste de la chanson...
La descente des escaliers est lente, impitoyable, douloureuse. Mais en entrant dans la cave, The New Order nous fait entrevoir rapidement la lumière du jour à travers cette petite fenêtre instrumentale...pour mieux replonger dans l'abîme avec Round
Circle. Neuf minutes dantesques. Neuf minutes qui semblent une éternité. Neuf minutes de souffrance pour l'esprit... La sortie de la maison ne sonne pas le glas de la délivrance: "condamné à vivre au royaume de l'obscurité", on se traîne sur le chemin boueux qui serpente indéfiniment, ce chemin qu'a pris l'humanité pour ne plus jamais en ressentir. Et on marche, on marche, on marche....
J'ouvre les yeux. Perdu, désorienté, me demandant ce qui vient de m'arriver dessus.
Je n'arrive pas à trouver assez d'adjectifs pour qualifier cela, ce premier album est une totale réussite. Il y avait longtemps qu'une musique ne m'avait pris aux tripes comme ça, fait ressentir de telles émotions. Minsuhuman démontre une qualité d'écriture impressionnante avec un premier album dévastant tout sur son passage (les gars ayant tout de même un autre album à leur actif avec leur ex-groupe
Dark Poetry). Je ne peux que m'agenouiller devant ce disque hallucinant de maîtrise et frôlant la perfection.
lundi soir - 8 Heures : je vais me coucher, deux lavages de cerveaux dans la même journée, c'est bien assez.
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