Que l’on soit d’accord ou non c’est un fait : le
Metal, en France ou ailleurs devient de plus en plus commercial. T’as pas de label et tes albums sont autoproduits ? Ben demmerdes-toi mon vieux, nous on veut brasser du fric ! Nous ? Les gros labels, vous savez ceux qui s’amusent à coller des stickers pour faire de la promo et vendre leurs rejetons à tout prix.
Le premier album des Bergeracois de
Minushuman fut dans ce cas-là, et la distribution chez un gros label du type Season Of
Mist ne se fit pas non sans quelques dommages collatéraux puisque le groupe devait trouver un label intermédiaire (en l’occurrence Trendkill Entertainment) qui soit déjà référencé chez le distributeur final, lequel intermédiaire a mis un petit peu de temps à payer la somme due au groupe sur les ventes. En bref un gros plat de spaghettis qui aurait pu bien mal finir, ne seraient-ce les commentaires « intelligents » sur certains webzines afin de descendre sans fondement aucun, soit le groupe, soit Trendkill. Elle est belle la solidarité en France hein ?
Et quand bien même cessera-t-on de comparer chaque sortie française à un énième clone de
Gojira, peut-être qu’on aura enfin une quelconque crédibilité et reconnaissance de cette scène fleurissante à vue d’œil depuis quelques années.
Pourtant le premier opus de
Minushuman n’eut rien à envier avec ceux de ses compatriotes. Disposant d’un enregistrement tout simplement bluffant effectué au Conkrete Studios,
Watch the World Die assenait sur nos pauvres têtes un mélange détonnant de thrash/death saupoudré de doom, où la mélodie et les atmosphères jouaient un rôle essentiel à la fureur mêlée de désespoir de la musique du groupe.
Les deux morceaux en écoute et visualisation de
Bloodthrone ne laissaient pas vraiment d’indications quand à l’orientation de
Minushuman pour 2011, mais le virage pris ici se fait tout en douceur. Les sujets abordés ne changent pas fondamentalement, et l’humanité est encore au cœur des thématiques de
Bloodthrone, du nucléaire (Three Mile
Island) aux diverses catastrophes écologiques provoquées (
Forgotten Fields) en passant par l’évolution de la race humaine (Evolve).
Mais la plus grosse surprise vient de la durée des morceaux qui s’est considérablement allégée.
Minushuman privilège sur
Bloodthrone l’efficacité et le côté direct de sa musique, et ce en bien comme en mal…plutôt en mal d’ailleurs. Si The
Architect introduisait de fort belle manière l’album par son côté sombre et atmosphérique, la suite restera malheureusement très mitigée.
La production est comme sur le précédent aux petits oignons et s’axe sur une atmosphère pesante par la présence fortement marquée de la basse, s’éloignant par conséquent d’un son clair trop mécanique et froid. Cela ne fait malheureusement pas tout, et quand
Minushuman sort l’artillerie lourde, c’est pour aller voir du côté de
Meshuggah si les plans saccadés ne se tailleraient pas une petite place dans des titres comme
Forgotten Fields ou Three Mile
Island. Au final, le rendu donne un arrière-goût assez désagréable, une impression d’inachevé, où les envolées atmosphériques parfaitement retranscrites et d’une forte profondeur sont gâchées par des riffs de guitares bien peu inspirés et un chant très typés metalcore. Cédric n’a pas beaucoup évolué, et sa voix death qui véhiculait sur le précédent effort de fortes émotions, manque ici bien souvent à l’appel pour se muer en un chant plus commun et linéaire (c’est quoi d’ailleurs ce « Oh yeah ! » ridicule au début de Three Mile
Island ?!).
Pourtant l’album recèle de très bon morceaux, on notera un Evolve excellent, rallumant les cendres d’un
Empire encore fumant avec sa rythmique fracassante et lourdement appuyée par la basse, ou Another All dont le riff principal doublé d'une bonne accélération assez thrash semblent être calqués sur la déflagration sonore qu’était The Sixth
Mass Extinction (on reste néanmoins à vingt mille lieues sous les mers de la puissance et la complexité de ces dernières). Même The Day We
Die, pourtant simpliste sur le fond et fleurant bon le côté hardcore avec son refrain chanté en clair s’avère au final assez rentre-dedans et sympathique, doté de plus d’un clip réussi.
Voilà : cet album est sympathique, sans plus. Tout juste si The Size Of An
Ocean ou le morceau titre viennent me contredire avec ces rythmes lancinants et hypnotiques à la guitare rappelant qu’il n’y a pas si longtemps que ça,
Minushuman plongeait son talent dans un Thrash/
Death atmosphérique s’étalant aux frontières du
Doom frisant la perfection tant les émotions et ce sentiment étrange d’angoisse qui s’en dégageait étaient fortes…
Bloodthrone est bien loin d’être mauvais, et tout ce que je viens de vous citer plus haut est mine de rien foutrement accrocheur et bien composé. Mais bordel où sont passées cette noirceur si caractéristique de
Watch the World Die, cette puissance de feu d’un Liquid ou d’un Time
Zero avec leurs riffs démentiels et cette atmosphère, cette ambiance ! Cette ambiance mêlée de rage désespérée qui transpirait par chaque pores de l’album n’y est plus sur
Bloodthrone, ou en tout cas très faiblarde, effacée par la volonté du groupe de s’approcher de sphères métalliques plus modernes…et plus accessibles.
Au final, que retenir de ce deuxième opus au titre rappelant fortement le nom d’un combo de death metal norvégien et à l’artwork évoquant plus une 2CV qu’un trône de sang ? Que
Minushuman commence à faire son petit bout de chemin, se cherche peut-être encore un peu, et glisse dangereusement sur la pente d’une musique plus facilement assimilable et par trop accessible, pour ne pas dire…commerciale.
Pas de quoi s’alarmer pour l’instant, le groupe possède un son, une identité, et un potentiel incroyable qui lui reste à développer par la suite. Moi j’ai confiance, et si cette chronique respire peut-être la déception d’un pauvre hère qui fut happé par un premier album hallucinant, n’y voyez pas là un frein à l’achat de ce
Bloodthrone qui s’avère être mine de rien un album sacrément accrocheur pour mériter le détour.
Si le combo s'était orienté vers quelque chose d'encore plus fouillé, par exemple en axant uniquement ce deuxième effort sur les parties doom et atmosphériques, là oui je pense qu'on aurait pu parler d'évolution, le groupe creusant dans une des nombreuses possibilités musicales que possédaient Watch The World Die.
Je vais écouter les deux albums alors :D
J'aime déjà bien le single "The Way We Died" et "The Architect"
Je vous conseille le dernier Loudblast et Arcania.
Vraiment de bons albums, et dans un esprit et un son très différent des prods anglo-saxonnes.
Une sorte de côté torturé et énervé en même temps...ça bave, ça crache, ça hurle, ça mord.
Et c'est pour ça que j'écoute du métal depuis 20 ans ;)
Tous les 3 de très bon groupes et bien plus inventifs que le nième groupe clone US.
Je leur souhaite tous la réussite de Gojira, sans faire du Gojira pour autant :D
J'avais juste écouté "The Architect", donc je n'avais qu'une vague idée de leur son. Incroyable la puissance qu'ils dégagent! Je ne m'attendais pas vraiment à ça. Du coup, l'écoute deviens même épuisante. J'aurais bien vu un titre plus aérien ou instrumental à mi-longueur pour souffler un peu, par exemple après "Forgotten fields" que je prouve très inspiré et qui prend quelque peu aux tripes.
Mis à part cette critique, voilà une très belle découverte. Quand je l'aurais un peu digéré, je m'attaquerais au précédent.
Sinon, j'ai bien aimé l'instrumental "kill me" (vraiment bien foutu), mais je n'ai pas compris pourquoi il y a les lyrics dans le livret! Ceci étant le texte est magnifique, dommage qu'il ne soit pas chanté.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire