Ce qui est génial avec
Jungle Rot, c'est qu'on peut prendre n'importe quel album de leur discographie, et la seule chose qui change c'est le line-up. La musique, elle, ne bouge pas d'un poil sous la férule d'un Dave Matrise inlassablement voué à refaire le même album. Cela dit, il est plus ou moins inspiré selon les époques. Ce
War Zone constitue probablement une de ses meilleures offrandes.
Jungle Rot c'est le plaisir régressif à l'état pur. Dès que l'album commence, le QI de l'auditeur tombe en chute libre. Ancré avec fanatisme dans un mid tempo massif et groovy, rarement aéré par des accélérations (
Victims of Violence) ou des ralentissements (
Killing Spree), le groupe de l'Illinois pratique toujours un Death
Metal primitif, tout droit venu de la fin des années 80 et du début des années 90, avec en tête les noms d'
Obituary,
Unleashed,
Cianide ou
Six Feet Under.
War Zone, comme d'habitude, c'est une machine à riffs, dont certains sont d'une bêtise quasiment punk (Cut In
Two,
Decapitated,
Savage Rite, Ready for
War,
Killing Spree). Et pourtant, il est totalement impossible de ne pas headbanger à l'écoute de
Savage Rite, avec son alternance de riffs Thrash et Death ! La meilleure comparaison qu'on puisse établir est avec
Unleashed, moins l'attitude "tous ensemble", et un bon quintal de graisse américaine en plus.
Cet album est également bourré de gimmicks typiques du style, depuis le "go" qui lance la double pédale à la fin d'Ambushed, aux cris du début de
Killing Spree (ce titre est un immense moment de rock'n'roll), en passant par les breaks stéréotypés mais toujours efficaces qui parsèment chaque titre. Originalité, hors d'ici,
Jungle Rot régresse,
Jungle Rot t'emmerde !
Jungle Rot ne veut même pas te péter les genoux à la barre à mine,
Jungle Rot s'en fout de toi, il veut juste balancer du gros riff qui tâche avec un chant dégueu en remuant la tête, et tant pis pour toi si tu suis pas. Le groupe assume tellement son attitude bovine qu'il va jusqu'à enchaîner les refrains à reprendre en choeur (Cut In
Two, Strong Shall
Survive, Ambushed) et à mixer les guitares largement en avant. Le duo basse-batterie est présent, mais mis à part quelques passages intéressants encore que déjà vus de cette dernière, il brille par sa discrétion. Tout ici est consacré au chant et aux riffs, et la production parfaitement claire, détachant bien chaque instrument, convient bien au genre.
Bref, un groupe qui rejette fermement toute innovation, toute subtilité, tout intellectualisme souvent si lourdingue dans la scène
Metal, pour se concentrer sur ce qu'ils aiment faire, et sur ce que bien des gens, finalement, aiment écouter : une musique simple, directe, gavée de riffs dantesques, au chant graveleux placé avec goût (ne pas gâcher les riffs !). Et le mieux c'est qu'on s'éclate à l'écouter ! Un Death
Metal cromagnonesque qui gagne donc à être plus connu. Amateur de trucs qui poutrent sans réflexion,
Jungle Rot est là pour toi.
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