Erreur dans le chagrin, la douleur et la souffrance. Souffrir de l’acte d’autrui, devenir dépendant de l’humeur d’une autre entité, dépendant de son rapport à soi…douloureuse épreuve qu’est l’amour et ses répercussions sur notre vie et notre manière de percevoir le monde autour de nous.
Sujet typiquement gothique, s’il en est un, que l’amour brisé, la difficulté des relations interpersonnelles et l’échec amoureux en général, pour ainsi proposer une musique sombre et douloureusement mélancolique, voir délicieusement dépressive. Maitre du genre,
Draconian a longtemps été l’un des plus fiers représentant du mouvement doom/death gothique, mêlant mélodie et chant caverneux, lui-même s’opposant à son alter ego féminin. Si le départ de l’emblématique Lisa
Johansson a semer quelque peu le doute sur la formation, pendant que des groupes comme
Tristania ou Theatre of Tragedy n’en finissent plus de tomber ou de se séparer, il est évident que certains artistes se préparent à prendre la relève en cas de déliquescence définitive de leurs influences. Les italiens de
Serenade en feront probablement parti.
Sextette composé autour d’une jolie et jeune chanteuse nommée Claudia Duronio, de deux guitaristes et d’un bassiste assurant également les growls (Dario Dugo),
Serenade a signé dès son premier album sur le label italien Revalve Records (qui a notamment sorti le projet
Earthcry il y a quelques semaines) et livre avec "
Wandering Through Sorrow" un premier opus de bonne facture. En se rapprochant assez nettement des influences déjà nommés, ou encore de
Sirenia, voir les premiers
Epica (la jeune vocaliste ayant un timbre assez proche de Simone Simmons lorsqu’elle était jeune). Malgré une production manquant singulièrement de puissance et d’impact, particulièrement au niveau des guitares ayant une sonorité globale trop ronde et un côté « étouffé » qui enlève une bonne dose de « patate » au son de l’album.
Ce n’est pas forcément évident lorsque "
The Agony of Feeling
Lost", introduction instrumentale et symphonique, retentit. Mais cela devient bien plus évident dès le premier riff de "Cruel Angels", s’accompagnant d’une emphase lyrique et d’une descente de toms laissant directement éclater l’ambiance gothique si chère à des combos comme
Graveworm ou Siebenbürger. Evidemment, le chant lyrique de Claudia adoucit l’ambiance, le rendant presque inoffensif, et l’on regrettera justement un manque certain de prestance et de charisme dans sa voix, encore trop générique et manquant un peu de technique.
C’est dommage car une composition comme "
Mors Tua Vita Mea" débute sur les chapeaux de roue, très ambitieuse dans son emphase lyrique mais rapidement paresseuse dans la narration de la guitare et la passivité de la rythmique. Le groupe se repose sur sa vocaliste qui n’a pourtant pas encore les épaules suffisantes pour maintenir de sa voix un morceau entier. Les passages en growl apportent de la fraicheur et de la profondeur au titre, le rendant par la même occasion plus sombre mais pas plus convaincant. L’ensemble manque encore grandement de profondeur, malgré le fait que les instruments et le style soient globalement maitrisés. Il n’en reste pas moins que
Serenade reprend les éléments déjà connus sans y apporté encore une personnalité propre, et une atmosphère réelle que n’offrirait pas cet aspect préfabriqué qui émane encore de "
Wandering Through Sorrow".
Les italiens s’essaient même, dans un pari risqué pour un premier disque, à la longue épopée avec "
Victims of Love", divisée en cinq parties, pour un total de vingt-cinq minutes. Évidemment, il s’agit de cinq morceaux bien distincts, et il est difficile de trouver de véritables liens entre les titres, mis à part le contenu textuel qui se recoupe. "Love is a
Slayer" se veut bien plus mélancolique, centré autour d’une ligne de piano, que le rugueux "Tears of
Blood", lui-même très différent de l’épique "
Doomed to
Slavery", aux chœurs plus imposants et aux orchestrations véritablement mises en avant.
"
Wandering Through Sorrow" possède des atouts indéniables, mais pêche encore dans la concrétisation d’une émotion forte, de riffs ou d’atmosphères foncièrement glaçantes ou émotives. L’écoute de l’album est agréable mais se parcelle néanmoins d’instants plus ennuyeux et génériques. Cependant, en remettant les choses dans leur contexte, et en justifiant le fait qu’il ne s’agisse que d’un premier opus,
Serenade, s’ils restent sur une pente ascendante, sont capables de s’imposer dans les années à venir.
Seul le temps nous le dira …
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