Nouvelle figure du metal symphonique à chant féminin, ce combo allemand entend, tout comme nombre de ses pairs, disséminer ses riffs au-delà des frontières par trop limitatives de sa terre teutonne natale. Impulsé par une furieuse envie d'en découdre mais demeurant prudent dans sa démarche, c'est à pas de loup que le méticuleux collectif d'outre-Rhin se lance dans l'arène. Ainsi, créé en
2012, ce dernier ne réalisera son introductif EP, «
Every Dream », qu'un an plus tard. Père d'un premier élan, certes, modeste de ses cinq titres, mais auteur de prestations live remarquées, le quintet de rock'n'metal mélodique d'alors décidera non seulement de poursuivre l'aventure mais également, et surtout, d'étoffer la palette stylistique de son message musical. Dans ce dessein, deux musiciens de talent viendront grossir les rangs de la formation germanique. C'est là le point de départ d'une toute nouvelle aventure pour nos sept belligérants...
A bord du navire, nous accueillent dorénavant : l'auteur/compositeur et guitariste Julian Kirschbaum, suivi de
Marina Grave aux claviers, Hermann Remmers à la basse et aux chœurs, et de Peter Weissink derrière les fûts, sans oublier Denise Schlahn, chanteuse aux puissantes et enivrantes inflexions. Se juxtaposeront alors le fin toucher d'archet de la violoniste Celina
Schubert et le souffle éolien de Jannik Hütt, subtil flûtiste et habile joueur de cornemuse écossaise de son état. Ainsi constitué, et dévoilant dès lors un propos rock'n'metal mélodico-symphonique mâtiné de folk et aux relents heavy, dont les sources d'influence seraient à chercher du côté de
Nightwish,
Eluveitie,
Mayan,
Lyriel et feu
Gwyllion, le groupe réalisera plusieurs concerts qui, tous, se solderont par des retours positifs de la part de son auditorat. Galvanisés par cette aura, nos sept compères en veulent plus, beaucoup plus désormais...
Aussi, fin 2016, le groupe démarrera-t-il une compagne de financement participatif pour la production de son premier album full length, «
Walk with Fire » ; suite au succès de cette opération, les enregistrements démarreront dans la foulée, et les 13 pistes de cette auto-production nous seront livrées un an plus tard à peine. Une belle prouesse, s'il en est ! En quoi les 67 minutes de cette offrande, bénéficiant d'une production d'ensemble de bonne facture, constitueraient-elles un arsenal dissuasif pour leurs si nombreux opposants ? Ce faisant, cinq ans après sa sortie de terre, la troupe germanique serait-elle à même de venir jouer les trouble-fête au point de rejoindre les sérieux espoirs du metal symphonique folk à chant féminin ? Autant de questions brûlantes auxquelles cette modeste contribution tentera d'apporter quelques éléments de réponse...
Force est d'observer que le combo teuton se plaît à nous projeter sur des charbons ardents, non sans laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon. Ainsi, les assauts incessants de la double-caisse que nous assène «
Winds of Awe » généreront assurément un headbang bien senti et quasi ininterrompu ; délivrant une cornemuse empreinte de jovialité et ne relâchant la pression qu'en de rares instants, cet impulsif méfait au carrefour entre
Mayan et
Eluveitie poussera peu ou prou à une remise en selle en fin de parcours. Non moins endiablé et relevé d'une flûte gracile, l'entraînant et ''lyrielien'' « Midsummer Nights » mérite que l'on s'y attarde à son tour. Dans une visée heavy mélodico-folk, le bouillonnant «
Walk with Fire » comme le tonitruent « Age of Watchers » ou encore le pimpant « Just Stand Still » nous lacèrent, eux, de leur sanguine rythmique et de leurs toniques et profonds roulements de tambour tout en sauvegardant une sente mélodique, certes, convenue mais d'une redoutable efficacité. Dans cette mouvance, une énergie aisément communicative sera générée sous le joug de « Moment of Thoughts », mid/up tempo aux riffs acérés, à la confluence de
Gwyllion et
Eluveitie. Mais là ne s'arrête pas la ronde de saveurs exquises...
Quand la cadence du convoi orchestral se fait un tantinet plus mesurée, nos acolytes trouvent à nouveau les clés pour nous retenir sans avoir à forcer le trait. Ce qu'atteste, en premier lieu, «
Agony of Angels », mid tempo aux riffs épais, au carrefour entre
Nightwish,
Lyriel et
Eluveitie ; eu égard à sa mélodicité toute de nuances vêtue, sur laquelle se greffent les corpulentes et sensuelles impulsions de la sirène, et sous-tendu par un violon mélancolique, le ''tubesque'' effort ne se quittera qu'à regret. Un brin plus théâtral et non moins inscriptible dans les charts, « Behind the Curtain » se pose, lui, tel un seyant manifeste symphonique folk, recelant un refrain immersif à souhait, mis en exergue par les soufflants médiums de la déesse. Dans cette dynamique, on ne saurait davantage éluder « Marching Song », mid tempo mélodico-folk aux riffs épais, dans le sillage coalisé de
Mayan,
Eluveitie et
Lyriel ; déversant un enivrant refrain mise en relief par les rocailleuses oscillations de la belle et agrémentée d'un grisant solo au violon, cette délicate offrande révèle à son tour de séduisants atours.
Lorsque les lumières se font plus tamisées, nos compères se muent alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre « Running
Through the Hills », une ensorcelante ballade folk progressive dans la veine de
Mayan et
Gwyllion ; surmontée d'une cornemuse mélancolique, octroyant une vibrante montée en régime du corps orchestral, et se chargeant en émotion au fil de son avancée, la frissonnante ritournelle embuera assurément l'œil du féru de moments intimistes.
Mais ce serait à l'aune de leurs pièces en actes symphonico-progressives que nos compères seraient au faîte de leur art. Ce que prouve, d'une part, « The Traveller », low tempo progressif aux riffs ronronnants, à mi-chemin entre Nighwish et
Eluveitie ; glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, recelant de subtils changements de tonalité et mises en relief par un frissonnant violon, les quelque 6:13 minutes de cette fresque glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis. Un poil plus complexe, le pénétrant mid/up tempo «
Echoes of Time (Rise of the
Revenant Part 1) » déverse, quant à lui, ses quelque 6:51 minutes d'un parcours abondant en rebondissements. Recelant un pont techniciste finement esquissé et bien amené, et duquel jaillissent des growls aussi glaçants qu'insoupçonnés, l'intrigant effort multiplie ses effets de contraste, comme pour mieux nous retenir, in fine. Enfin, sous-tendu par un violon libertaire, le jovial « The
Merry-Go-Round (Rise of the
Revenant Part 2) » nous immerge ses 6:06 minutes durant au cœur d'une pièce de théâtre aux relents gothiques, invitant dès lors le chaland à un pas de danse quasi ininterrompu et tout en légèreté. Un fringant et original méfait que l'on ne quittera que pour mieux y revenir.
Ainsi, à la lumière d'un premier élan éminemment bouillonnant, empreint d'une communicative jovialité et pétri d'élégance, le septet allemand s'en sort fort honorablement. Pour se sustenter, le féru du genre aurait cependant espéré un propos plus varié qu'il n'apparaît eu égard à ses lignes de chant, la belle monopolisant le micro de bout en bout de la goûteuse rondelle, et que lui soit octroyé l'un ou l'autre instrumental. De relatives carences que le groupe a comblées par une technicité instrumentale éprouvée et des sentes mélodiques, certes, parfois empruntées mais des plus immersives. Variant ses phases rythmiques et ses ambiances à l'envi, ayant su harmoniser les styles, soigné son ingénierie du son, évacué toute zone de remplissage, conféré à son propos un brin d'originalité et développé un son qui lui est propre, la troupe détiendrait-là un argument de poids pour espérer tenir en respect ses si nombreux challengers et rejoindre dès lors les sérieux espoirs de ce foisonnant espace metal. Bref, un groupe qui a le vent en poupe...
Merci pour cette agréable découverte, avec enfin une chanteuse qui ne chante pas comme toutes les autres. Elle n'est pas sans me rappeler les intonnations de Sylvie GRARE et les titres de HEADLINE.
Mais de rien! Voilà un groupe qui, en effet, sort quelque peu des sentiers battus dans ce registre metal, avec une chanteuse à la signature vocale dores et déjà aisément identifiable. Leur dernier album en date ne m'a pas laissé indifférent non plus, loin s'en faut. Bref, un groupe à suivre de près, de très près...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire