Lire une interview de Samuel Guillerand, leader et instigateur de The BZP (C'est plus simple avec les initiales), c'est se replonger avec délectation dans le milieu crossover du début des années 90. Tant musicalement, avec ses nombreux side-projets (
Lost Cowboys Heroes,
Demon Vendetta, Teenage
Renegade, et plus encore), que conceptuellement (l'homme touche à tout : presse, fanzines et est doté d'une passion pour la culture horrifique sous toutes ses formes - cinéma, comics notamment),
Nasty Samy, plus connu sous son pseudo donc, est une vraie mine dans laquelle de nombreux fans de plus de 35 ans se reconnaîtront aisément, mais pas que.
Le troisième album de The BZP tranche avec ses deux prédécesseurs, plus axés punk mélodique et faisant le grand écart entre plusieurs styles (surf-rock, heavy, thrashcore d'après quelques écoutes sur le web). Je dois avouer découvrir ce groupe avec cet album, comme beaucoup, attiré par quelques lignes sur des magazines spécialisés mettant en lumière The BZP (Rock
Hard notamment, il y a quelques mois).
Doté d'une pochette (Justin Osbourne de chez
Slasher Designs) faisant le lien avec la passion des comics de notre
Nasty Samy, l'album débute par un "
Empty-Handed" introduit par un sample de film d'horreur plongeant directement l'auditeur dans le spectre musical du groupe. Influences très éclectiques (on pense à The Accüsed, souvent, mais aussi à
Municipal Waste,
DRI,
Holy Moses,
Merauder entre autres -), et dans une recherche perpétuelle d'ambiances symbolisée par les nombreux intermèdes empruntés au cinéma d'horreur, The BZP nous renvoie au début des années 1990, avec une musique fraîche, bien exécutée, et éclectique tout en gardant une cohérence rare. Titres de morceaux, interludes, les clins d'œil sont légion, y compris dans les illustrations intérieures, j'y reviendrai.
Souvent rapide et nerveux, et jamais loin du HxC/
Crossover des années 1990/fin '80, cet album, qu'on a du mal à situer comme Français, réussit le grand écart entre riffs Slayeriens (l'implacable break de "Zoonotic
Infection"), et sens du groove jamais loin d'un
Suicidal Tendencies ("Barking At
The Ocean"). La joyeuse troupe, issue de la scène Nord-Est de la France (
Hellbats,
Demon Vendetta, Spanked), possède un niveau musical impeccable ; et les morceaux propulsés par un jeu de batterie donnant le rythme initial, sont tous remarquables. Les excellents "Under The
Red Sea", "
Botch", le superbe "We Own The
Night" ou "Mother
Tenebrae", à ce titre, sont renversants, chacun dans leur style, mais avec cette touche mélodique toujours présente, typique du groupe.
Si l'on sent parfois que l'enregistrement de l'album s'est étendu sur plusieurs années (de 2011 à 2013 d'après le livret du vinyle), et si le son, inégal donc, qui aurait pu être moins touffu n'est pas le point fort de l'album ; le soin apporté à la forme (qualité de la pochette, bonus en sus avec un code d'accès à des vidéos-interviews, poster dans le vinyle, flyers) est à noter, encourageant un achat des plus plaisants. Comme quoi, on peut faire une musique qui ne se prend pas la tête et l'avoir bien pleine. Le choix d'orientation de The BZP dans un style plus metal, et très cohérent dans le rendu final, lui va si bien. Bien joué !
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