Dans le milieu des connaisseurs avisés, milieu restreint s'il en est, le premier album de
Syr Daria,
Circus of Life sorti en 2010, avait fait son petit bonhomme de chemin et atteint un certain succès d'estime. Bien évidemment il n'avait pas conquis unanimement tous ceux qui avaient jeté une oreille attentive dessus mais aura eu, au moins, le mérite de nous faire découvrir ce groupe. Toutefois, la notoriété, même relative, est une maîtresse exigeante qui peut vous accorder ses faveurs rapidement et vous en priver tout aussi brusquement.
Cinq années après ce premier galop d'essai sort un
Voices auto-produit dans un anonymat et une indifférence quasi générale. Cela dit, cinq longues années, dans un environnement aussi vivace et changeant que celui de la musique, c'est presque une éternité. Une éternité durant laquelle, on l'imagine assez aisément, il s'est sans doute passé beaucoup de choses dans le groupe.
Pas au niveau du line-up en tous les cas puisqu'on retrouvera ici nos quatre histrions en la personne du batteur Christophe Brunner (
Lonewolf), du bassiste chanteur Guillaume Hesse (que l'on connait aussi pour avoir participé au regretté projet Heavynessiah) et des guitaristes Guillaume Hesse et Thomas Haessy (ce dernier étant vraisemblablement celui ayant officié au sein d'Alesia, une formation locale de Heavy
Metal ayant connu son heure de gloire dans l'Est de la France). Ni au niveau de la musique puisque la formation nous offre toujours encore son Heavy
Metal moderne et hargneux aux confins, parfois, d'un Thrash mélodique. Une musique, de plus, alourdie par une noirceur délicieusement orchestrée. Un propos très appréciable rehaussé par les superbes éructations de Guillaume à ranger quelque part entre celles de James Hetfield et de Terrence Holler (
Eldritch).
De retour sur son thème de prédilection, à savoir l'univers des clowns et du cirque, l'opus démarre sur un court préambule festif avant que quelques guitares très aiguisées ne viennent nous exploser en plein visage. La première chose qui nous frappe d'entrée, c'est la production très soignée de ce nouvel opus qui met, justement, ces guitares très en avant et qui offre à chacun des autres instruments présents ici une place de choix. On pourra aussi saluer l'inspiration dont font preuve ces Mulhousiens. Les lourds et sombres Gilead et
Slaves of Osiris aux guitares épaisses, des morceaux nous évoquant subrepticement le
Metallica de l'éponyme et de Load (une pensée fugace qui nous étreindra également assez régulièrement à l'écoute du reste de ce manifeste), en témoignent parfaitement. Tout comme d'ailleurs un magnifique
Hannibal à l'avant-propos apaisé et somptueux. Bien évidemment, cette accalmie ne durera qu'un temps et l'exaltation reprendra bientôt ses droits. Encore une chanson très intéressante. Le vif
Voices clôt ce disque de superbe manière avec, même, un final acoustico-orchestral du plus bel effet.
Malgré ces efforts, et ces vertus, on ne peut s'empêcher de rester circonspect quant au travail de cette formation et à ce disque. Il a beau être de qualité et de nature suffisante à pouvoir séduire quelques-uns des adeptes du genre, il est à craindre qu'une fois encore il ne dépasse pas le cadre local. Une supposition confortée par l'indifférence qui entoure un album sorti il y a quelques mois déjà et par le silence pesant autour d'un quatuor devenu désormais confidentiel.
Le train serait-il déjà passé, laissant
Syr Daria sur le quai? Peut-être...Peut-être pas...
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