L’ouverture politique, économique et sociale de l’Europe, est aussi des plus profitables à l’exportation artistique. Elle Favorise l’essor culturel au sein de contrées où l’art, et notamment la musique, reste peu soutenue par des structures pratiquement inexistantes, et d’où il est difficile, voir quasiment impossible de s’exprimer en dehors d’un cercle assez réduit. Ce phénomène conjugué à l’avènement de nouveaux médias, que l'on considère parfois comme néfastes, mais qui n’en reste pas moins de formidables systèmes de communications internationales, propose à certains exilés silencieux, des moyens supplémentaires d’expression hors de leurs frontières. Avant cette ère nouvelle, combien de groupes restaient définitivement confinés dans ce relatif anonymat de scènes locales bien plus par manque de moyen, que réellement par manque de talents ? Avant ces temps de changement combien de groupe Tchèques pouvait réellement rêver toucher un public aussi large que le monde entier ?
C’est donc en République Tchèque qu’Otter voit le jour, sous l’impulsion de son guitariste, Libor Krivak quelque part en
1994. Rebaptisant le groupe
Nemesis en 1996, il finira par sortir un premier album en 2003, Godess Of
Revenge, sur le label italien Underground Symphony, dont on sait qu’il est connu pour avoir commis nombres de productions moyennent intéressantes, provocant de ce fait, dans une certaine mesure, une lassitude et surtout, l’essoufflement du mouvement
Power Metal Mélodique enfanté et inspiré par
Rhapsody. Ce Godess Of
Revenge est un concept-album ambitieux qui aura tout de même un certain retentissement permettant notamment à
Nemesis de jouer en première partie de
Nightwish. Pourtant il ne faudra pas moins de cinq années, d’un changement de nom abandonnant
Nemesis pour
Symphonity et du recrutement d’un Olaf Hayer, chanteur renommé dont le talent, au vu de son CV (
Luca Turilli entre autres…), n’est plus à démontrer, pour obtenir un contrat avec le label répute LMP, et pour enfin donner un successeur à cette première œuvre.
Imaginer que l’on puisse trouver autre chose que du
Power Metal à tendance Mélodique, voir Symphonique, si chers a la maison de disque et à Sascha Paeth qui œuvre aux manettes de ce
Voices From The
Silence, est véritablement une gageure. Authentique signature de qualité, le (l’ex ?) guitariste d’
Heavens Gate est reconnue pour avoir produit ce qu’il y a de mieux dans le genre. Pourtant si l’homme est assurément doué, il ne peut insuffler du génie là où il n’y en a point. Et ce disque en manque cruellement. On pourrait tout au plus en attendre une satisfaction minimale, mais dès les premiers morceaux, linéaire au possible, entendu partout et à maintes reprises, l’ennui nous gagne. Il va sans dire que la maîtrise est ici irréprochable, et que chaque instrument trouve admirablement sa place dans cette démonstration. Mais pour quel résultat ? Une symphonie monotone dévalant des sentiers foulés par tant d’autres. Et comme si ce regrettable conformisme ne se suffisait pas à lui-même,
Symphonity y ajoute le mauvais goût de plagier outrageusement des influences que seul un sourd pourrait ne pas reconnaître. Ainsi Give Me Your Helping
Hand,
Gates Of Fantasy (dont seul le break hispanisant vient marquer une petite différence),
Salvation Dance, rapides et avec peu de nuances, et Bring Us The Light, plutôt mid-tempo enlevé, ne sont pas influencés par
Stratovarius,
Sonata Arctica ou dans une moindre mesure
Edguy, mais sont des plagiats purs et simples, dont le seul intérêt est une qualité d’interprétation sans faille et sans émotion aucune.
Plus grave encore
Symphonity, décidément peu gêné par les scrupules, va même au-delà d’une transcription inspirée, les premier morceaux emprunte, en effet, à l’école finlandaise, la bande à Tolki en tête, des parties et des idées entière, qui nous font irrémédiablement penser précisément à d’autres morceaux du plus fameux groupe d’Helsinki. Aggravant encore un peu l’ensemble, Olaf Hayer semble gauche, et ses vocaux sont loin d’offrir les teintes nécessaires à notre contentement. Usant d’intonations plus graves, certes plus puissantes, que sur le
King Of The Nordic
Twilight de Luca Turili, il ne parvient que très rarement à donner du relief à ces titres fades. Ajoutons encore que les claviers, et ces sons de clavecins agaçant aux possibles, sont encore à mettre au crédit de la Finlande et pourraient tout droit sortir de l’album
Visions, de qui vous savez…
Néanmoins, aussi étrange que cela puisse paraître, au-delà de
Salvation Dance, l’album change de visage, pour nous proposer, enfin, quelques morceaux un peu plus intéressants. Les claviers s’effacent quelques peu et les voix s’améliorent. En conséquence In
Silence Forsaken, et ses refrains orchestraux, et son Olaf Hayer bien meilleur, et ses changements de tempos, tantôt plus lents et tantôt un peu plus rapides usant de la double grosse-caisse enfin, à bon escient; favorisent la construction d’une certaine dramaturgie où le groupe semble beaucoup plus à l’aise pour s’exprimer. Citons aussi la façon dont est bâtie Searching You, qui, malgré un refrain un peu raté qui fait baisser l’intensité du titre, est plutôt pas mal. Et même un Evening Star, plutôt enlevé, avec quelques changements de rythmes soulignant les différentes parties, avec ses instants aux instruments et aux chœurs aux résonances classiques, exercice presque obligatoire dans le style, rendent
Symphonity méconnaissable. L’album se clôt sur un
Afterlife instrumental qui recèle un petit trésor caché, hidden track, qui continue sur la bonne lancé entamée par In
Silence Forsaken, avec la particularité de proposer une alternance de chant allemand, anglais.
Voice In The Silence est donc un album bien trop fade et insipide dans sa première partie, et insuffisamment captivant dans sa seconde pour prétendre à une quelconque excellence. Il offre tout juste le plaisir minimum, et ce à partir de son sixième morceau, nécessaires pour prétendre être, au mieux, un disque moyen. D’aucuns considérerons, peut-être, que c’est amplement suffisant.
Pas moi.
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